LES LARMES DU PASSÉ

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En plein automne 1970, la chaleur étouffante pesait lourdement sur la terre, le soleil brûlant atteignant son zénith dans un ciel sans nuages. Henry Lemoine franchit la porte arrière de sa maison, pénétrant dans le petit jardin fleuri qui était méticuleusement entretenu par son épouse Joséphine. Cette femme, qu'il avait l'habitude d'appeler la femme à la main verte, possédait le don exceptionnel de faire pousser même les plantes les plus récalcitrantes.

Après son mariage avec Henry, Joséphine se consacrait entièrement à cultiver des fleurs, convaincue que celles-ci avaient le pouvoir d'égayer la vie et d'apporter une touche de beauté et de réconfort dans chaque jour. Les plantes lui procurent un profond apaisement et une sensation de bien-être lorsqu'elle les contemplait, comme si leur présence apportait une harmonie et une tranquillité à son esprit tourmenté.

Henry observa attentivement son épouse Joséphine alors qu'elle enlevait les épines avec une paire de ciseaux, ses mains agiles maniant l'outil avec habileté. Puis, avec douceur, elle retira les feuilles mortes à l'aide de ses doigts, prenant soin de chaque plante avec une tendresse infinie.

Vêtue de blanc et coiffée d'un chapeau de paille, la paysanne à la peau mate humait les fleurs avec délice, laissant leur parfum enivrant envahir ses sens. Ses doigts agiles caressaient les pétales délicats avec une tendresse infinie, comme si elle communiquait avec chaque plante d'une manière intime et profonde. Malgré le dur labeur, son sourire contagieux illuminait son visage, rayonnant de la joie et de la satisfaction qu'elle trouvait dans son jardin.

À quelques mètres d'elle, Henry observa sa fille Anna courir dans une petite robe blanche, ses cheveux bruns flottant derrière elle tandis qu'elle gambadait joyeusement à travers le jardin. À peine haute comme trois pommes, la petite Anna se précipita dans les bras de sa mère, qui l'accueillait avec tendresse, enveloppant sa fille de câlins affectueux. Toutes deux souriaient, leurs visages illuminés par le bonheur, et s'embrassaient joyeusement, exprimant ainsi leur amour et leur complicité dans ce moment de tendresse partagée.

De son côté, également vêtu de blanc, Henry s'approchait pour participer à cette tendresse familiale lorsque les sourires de sa femme Joséphine et de sa fille Anna disparurent brusquement, leurs visages s'assombrissant subitement, comme si une ombre invisible venait de traverser leur bonheur. Il s'arrêta net, les regardant avec une pointe de tristesse dans les yeux, un sentiment de malaise s'installant dans son cœur à la vue de leur soudaine expression sombre.

Après quelques secondes d'hésitation, il décida de ne pas prêter attention à leur mine déconfite et chercha à les approcher, désireux de dissiper le malaise qui semblait s'être installé soudainement entre eux. Henry tendit le bras droit pour toucher la tête de sa fille, mais elle l'évita en s'éloignant subtilement, son mouvement trahissant une réticence qui le troubla davantage.

Impuissant, le cœur en lambeaux, le père regarda sa fille s'éloigner, un mélange de tristesse et de confusion assombrissant son regard. C'est alors que sa femme Joséphine lui toucha la main, apportant un semblant de réconfort dans ce moment de détresse et de désarroi.

Son regard se détacha brièvement de sa fille pour se poser sur sa femme, dont l'expression attristée reflétait une profonde empathie avec leur fille Anna.
- Ça va ? Tu as l'air préoccupé, murmura Henry, son visage tiré trahissant l'inquiétude qui le hantait.
- Je suis juste ici pour aider. Si quelque chose te préoccupe, n'hésite pas à m'en parler, riposte son épouse sans le lâcher des yeux, son ton laisse entendre une frustration visible.
- Je t'assure que j'ignore pourquoi vous êtes aussi tristes. Est-ce à cause de moi ? demanda Henry d'une voix remplie d'incertitude, ses yeux cherchant désespérément des réponses dans le regard de sa femme.
- Mon Henry ! Tu nous as trahies, ma fille et moi, déclara sa femme d'une voix chargée d'émotion, ses paroles résonnant comme un coup de tonnerre dans le jardin tranquille.

Ville sanglante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant