Ville sanglante

SAUT DANS LE PASSÉ

Père Aristil se tenait devant la fenêtre de la chambre d’Henry, où le centenaire avait été finalement placé, scrutant l'horizon avec une profonde préoccupation. Le prêtre savait qu'il devait trouver une explication plausible à relater à sa paroisse pour la convalescence miraculeuse de son ami. Son esprit s'égara dans les méandres de l'imagination, cherchant désespérément une histoire qui pourrait convaincre les fidèles sans révéler le secret de la guérison de Monsieur Normil. Les mots se bousculaient dans sa tête, mais aucun ne semblait suffisant pour dissimuler la vérité. Finalement, avec une détermination résolue, il se promit de trouver un récit qui pourrait satisfaire leur curiosité tout en préservant l'intimité de son ami.

Père Aristil était désemparé face à la série d'événements étranges qui s'étaient déroulés autour d'Henry et de sa famille. La réincarnation de la fille d'Henry, suivie de sa mort une seconde fois, avait ébranlé la communauté. De plus, la récente folie passagère de son voisin ajoutait un nouveau défi à sa charge. 

Ces comportements successifs et aberrants laissaient le prêtre sans voix, mais il savait qu'il devait rester fort et gérer la situation avec sagesse, d'autant plus qu'il ne pouvait pas compter sur l'instabilité émotionnelle d’Hugues, son voisin, pour obtenir de l'aide. Il se résolut à trouver des réponses dans sa foi et à apporter soutien et réconfort à ceux qui en avaient besoin. 

Père Aristil se rend compte que Monsieur Normil était le seul capable de lui apporter un soutien rationnel dans cette situation chaotique. Cependant, après avoir été projeté contre le mur par Anna, il constata avec inquiétude que son ami n'avait pas encore retrouvé sa pleine forme. Cette réalisation ne faisait qu'ajouter à son sentiment d'impuissance, mais il s'accrochait à l'espoir que Monsieur Normil se remette rapidement, car ils avaient besoin de lui plus que jamais pour trouver une solution à ce marasme sans précédent. 

Hugues, assis au pied du lit de son beau-père, se sentit profondément exténué par tous ces événements qui avaient secoué leur vie quotidienne. Les tensions familiales, les tragédies inexpliquées et la montée de la folie chez certains voisins l'avaient complètement épuisé. Il laissa échapper un soupir de fatigue et de désespoir, se demandant comment ils allaient surmonter cette épreuve.

Son beau-fils dévisagea le centenaire endormi, le regard empreint d'un mélange de respect et de tristesse devant le poids des années qui semblait peser sur ses épaules. Il contempla silencieusement le visage ridé de l'homme qui avait traversé tant d'épreuves et qui était maintenant plongé dans un sommeil paisible. Une vague de compassion l'envahit alors qu'il réalisait à quel point la vie avait été dure pour son beau-père, et il se jura de trouver un moyen de soulager ne serait-ce qu'une partie de son fardeau. 

Malgré sa terreur et son désespoir, Henry demeurait résolu à retrouver sa fille, coûte que coûte, ou du moins à récupérer son enveloppe corporelle mutilée et défigurée. L'idée d'enterrer une seconde fois le corps d'Anna le remplissait d'angoisse, car il savait que ce serait un exercice cruel et douloureux. 

Cependant, sa détermination à lui rendre un semblant de dignité persistait, même dans les moments les plus sombres de son désespoir. Son amour inconditionnel pour elle transcende sa propre peur, le poussant à affronter l'inconnu avec une force intérieure inébranlable. Malgré les horreurs qu'il avait déjà endurées et la perspective d'affronter davantage de douleur, Henry puisait dans cette puissante connexion avec sa fille pour trouver le courage nécessaire pour continuer. 

Son expression tour à tour hantée et résolue témoigna de son combat intérieur, entre l'espoir et le désespoir, la foi et le doute, dans sa quête désespérée pour enterrer sa fille. Soudain, Henry sentit l'esprit malin semer le doute dans son esprit déjà tourmenté. Les mots résonnaient comme des échos sinistres dans sa tête.