POUSSÉ DANS SES RETRANCHEMENTS

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Toujours dans le cimetière de Balan, Henry se leva en prenant sa torche à flamme. Il examina brièvement la mule avant de se diriger vers la tombe de sa femme. Son regard résolu, empreint de détermination, transperçait l'obscurité du cimetière alors qu'il avançait d'un pas assuré. Ses pensées étaient tournées vers l'hommage qu'il s'apprêtait à rendre à celle qu'il avait tant aimée, sa détermination à honorer sa mémoire se lisait clairement sur son visage.

Tout près de sa sépulture, il lut le monument funéraire, ses doigts effleurant les lettres gravées avec une émotion tangible. Chaque mot lui rappelait des souvenirs précieux, faisant battre son cœur avec une intensité poignante.

Joséphine Désir Lemoine
12 Janvier 1933 - 26 Août 1954
Que la terre te soit légère

Henry s'accroupit et déposa la torche à flamme, illuminant faiblement la sépulture de sa lueur vacillante. Il jeta un regard une fois de plus sur la saule flétrie qui ombrageait la tombe de sa femme, ressentant le poids de sa perte dans le silence du cimetière.

Il s'en voulut d'avoir délaissé les deux femmes de sa vie car la beauté du tombeau ne correspondait pas à l'immense amour qu'il ressentit pour elle. Il fit un signe de croix et chuchota une prière, ses mots empreints de tendresse et de tristesse alors qu'il se recueillait devant la tombe de sa bien-aimée.
- Me voilà ma chérie ! Je suis là ce soir pour exaucer ton vœu le plus cher. Celui de nous réunir de nouveau ensemble, avoua-t-il avec peine. J'ignore si ça va marcher ou pas, mais je l'espère sincèrement, rajouta Henry en essuyant les larmes qui lui coulèrent sur les joues.
Puis, il caressa le caveau d'un geste tendre et continua :
- J'ai aimé te voir tous les soirs dans mes rêves, même si c'était pour me menacer. Après tout, tu as toujours été cette femme pleine de fougue et de vie… Tu me manques tant, déclara-t-il dans un sanglot.

Après quelques instants d'aveu et de monologue, Henry sentit une lueur de détermination s'allumer en lui. Avec une force intérieure renouvelée, il prit son courage à deux mains, se redressant lentement.  Il s'approcha de sa mule et débarqua Albert, toujours profondément endormi. Celui-ci ouvrit la fermeture de la sacoche afin de s'assurer qu'Albert respirait toujours. Une fois rassuré de sa respiration régulière, il le sortit du sac et l'étala soigneusement sur le sol.

Puis, il alla près de la mule et tira sa pioche, ses gants et sa pelle. Il les examina rapidement pour s'assurer qu'ils étaient prêts à être utilisés, puis les rangea dans son équipement, prêt à commencer son travail. Des équipements majeurs pour déterrer le corps de sa petite fille Anna.

Henry jeta un coup d'œil tout autour de lui afin de s'assurer qu'il n'y avait personne dans les parages, conscient que l'enfoncement des outils dans le sol ferait beaucoup de bruit. Une fois convaincu qu'ils étaient seuls, il se prépara à commencer le travail avec précaution, veillant à minimiser les risques d'être découverts dans cette entreprise délicate et interdite.

Ensuite, il regarda sa montre et vit qu'il ne lui restait que trois quarts d’heure pour déterrer le cadavre, tracer le pentagramme, placer les corps et réciter le rituel. Le temps était compté et chaque seconde était précieuse. Henry savait qu'il devait agir rapidement et avec précision s'il voulait réussir à ramener sa fille à la vie. 

Minuit était décisif pour réciter le rituel. C'était l'heure où les forces occultes étaient les plus puissantes, et Henry savait qu'il devait respecter cette échéance cruciale s'il voulait que le rituel réussisse.

Henry fit une dernière prière et commença à piocher et à peler. Chaque coup de pioche piqué au sol déchirait son cœur et son âme en souffrance. Le bruit résonnait dans le silence de la nuit, témoignant de son effort acharné pour atteindre son but, même si cela signifiait affronter les ténèbres de l'au-delà.

Ville sanglante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant