Ville sanglante

DE TOUCHANTES RETROUVAILLES

Dans la douce lumière du matin du 1er novembre 1970, Monsieur Normil, un homme au visage marqué par les années mais empreint de sagesse, se tenait debout au pied de la pente rocheuse menant à la maison de son ami de longue date, Albert. Tenant fermement une canne dans sa main, il s'appuyait dessus pour soutenir chacun de ses pas, sa silhouette légèrement voûtée témoignant des années de vie et d'expérience.  

Comme à son habitude, Monsieur Normil s'arrêta rapidement dans sa montée et appela son compère d'une voix aiguë, résonnant dans l'air calme du matin.
- Vieux coureur ! Ramène ton cul de suite, c'est l'heure de la chasse.

Avec son fusil solidement accroché dans le dos, Monsieur Normil ne percevait que les cris des animaux de l'environnement, lesquels se mêlaient aux bruits de la nature environnante dans cette paisible matinée.
- Albert ! Tu te trompes si tu penses que je vais grimper cette pente pour venir te chercher. Cesse de jouer au paresseux et fais-moi voir ton croupion, a-t-il repris d'une voix plus ferme et pleine d'humour.

Les yeux de Monsieur Normil restaient fixés sur la maison en bois de son ami, scrutant chaque détail avec une attention soutenue. Pourtant, malgré ses appels répétés, il ne reçut aucune forme de réaction en retour. 
- Ce n'est pas vrai, a-t-il lancé d'un ton énervé. Ne me dis pas que tu m'as oublié une fois de plus... ou que tu es parti sans moi.

Après une légère pause, Monsieur Normil brandit sa canne en direction de la cabane d'Albert en criant, tentant d'attirer l'attention de son ami avec une urgence croissante.
- Albert ! Ne me fais pas perdre patience. Ta blague pourrie ne me fait pas rire. Ramène-toi rapidement ou je ne laisse aucun bétail.

Monsieur Normil commença à s'énerver  devant le silence obstiné de son vieil ami Albert, malgré ses nombreuses tentatives d'appel. Il rebroussa chemin en babillant :
- Il se prend pour qui ce vieux snob...

À quelques mètres de la maison de son ami de vieille date, Monsieur Normil se retourna pour vérifier si son compère avait enfin réagi à ses interventions répétées. Mais à son grand désarroi, il ne vit aucune silhouette et n'entendit aucun son provenant de la maison. Cette fois-ci, il fixa le territoire de son ami avec une inquiétude grandissante, son esprit tourmenté par les pensées les plus sombres quant au sort de son compagnon.
- Peut-être que quelque chose lui est arrivé, a-t-il pensé en fronçant les sourcils. 

Monsieur Normil fit deux pas en direction de la maison de son ami, mais s'arrêta brusquement, hésitant. Non seulement il prendrait beaucoup trop de temps pour grimper la pente rocheuse, mais en plus, compte tenu de la réduction de sa capacité motrice, il ne serait pas d'une grande aide à Albert s'il lui était arrivé quelque chose. Il décida de retourner chez lui et de chercher du renfort, reconnaissant que la situation nécessitait une aide supplémentaire pour venir en aide à son ami Albert..

Moins d'une heure plus tard, la maison d'Albert était bondée de gens qui criaient son nom à tort et à travers, inquiets de son sort et déterminés à le retrouver sain et sauf.
- Albert ! Albert ! Albert ! 

Toujours au pied de la pente menant à la demeure de son compère, Monsieur Normil restait campé, observant avec inquiétude l'agitation qui régnait autour de la demeure d'Albert. Puis, Hugues, son beau-fils, apparut sur la pointe des roches et agita la tête négativement, signifiant ainsi à Monsieur Normil que ses craintes étaient malheureusement fondées.
- Vous êtes sûr d'avoir regardé partout ? lui demanda son beau-père avec une mine anxieuse. Continuez de chercher, mon garçon, lui ordonna-t-il gentiment en prenant appui sur son bâton.

Hugues avança prudemment le long de la pente rocheuse, ses pas résonnant dans le silence de la montagne. Soudain, un faux mouvement le fit perdre l'équilibre, et il dégringola, entraîné par les pierres qui roulaient sous ses pieds, sa silhouette se fondant dans le relief escarpé de la montagne. Il consulta Monsieur Normil afin de s'assurer qu'il était en bon état physique et mental.