Sweat, cute & sexy - Johanne Millot

Anne #18

— Vous plaisantez toujours avec ça... enfin bref, tu aimes ça, coucher avec quelqu'un ?

Charlotte resta sans voix pendant quelques secondes. Je la vis réfléchir à toute vitesse.

— Euh... oui... je suppose... attends, je ne comprends pas, pourquoi... Tu as été marié cinq ans... Tu ne peux pas être vierge... Julian était un beau mec... Ne me dis pas qu'il était homo... ou qu'il n'avait pas d'érections...

Je n'avais pas envie d'entendre ce nom ni tout ce qui pouvait lui passer par la tête. Je la coupai doucement.

— Non.

— OK... non...

Comme si j'avais appuyé sur un bouton off, le silence s'installa. Je n'avais toujours pas relevé les yeux, les deux mains sur la taille, je frottais du bout du pied le bitume.

— Peux-tu juste répondre à la question s'il te plaît ?

Je la vis se reprendre et se remettre à avancer. Comme investis d'une mission sacrée, après tout ce devait être la première fois que je lui demandais quelque chose de personnel, elle se redressa et commença à structurer sa réponse. J'avais l'impression d'être à une présentation PowerPoint et d'être le comité directoire.

— Je dirai que la plupart du temps, j'aime ça. Mais ça dépend beaucoup de mon partenaire. Pour que ça se passe bien, il faut qu'il fasse preuve d'empathie, qu'il capte les signaux que je lui envoie. Il faut de la confiance aussi, il est possible d'en discuter pour améliorer les choses.

Elle me fixa pour savoir si j'avais eu la réponse que j'espérais et en voyant mon regard intéressé, elle reprit.

— Il m'est arrivé de tomber sur des mecs qui n'étaient vraiment pas doués et, pour être franche, j'attends que ça se termine. Je n'aime pas m'ennuyer et regarder le plafond, généralement j'arrête la relation. Le sexe est aussi important pour moi que les autres moments d'intimité. Et à l'inverse, je suis tombée sur des mecs vraiment doués et c'était vraiment plaisant.

— Vraiment plaisant ?

Je vis ses joues rougir. Charlotte parlait ouvertement de sexe, mais pas avec moi. Cette conversation était certainement la plus intime que nous ayons eue en treize ans. J'avais su, bien sûr, quand elle avait perdu sa virginité en première avec un grand crétin. Je suivais ses aventures à travers les discussions qu'elle pouvait avoir avec Florence, mais je n'intervenais jamais.