Axelle #24

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Après avoir bu quelques bières, nous nous lançâmes dans un tournoi acharné de Mortal Kombat. Quand mon portable m'indiqua que j'avais un message, il se figea en voyant mon expression contrariée.

— Qui est-ce ?

— Gabrielle.

Il leva les yeux au ciel.

— Laisse-moi deviner, elle veut prendre de tes nouvelles ? Elle s'inquiète pour toi et elle veut te voir ?

Son ton était acerbe, mais devant la peine qui se lisait sur mon visage, il s'attendrit.

— Excuse-moi, je suis nul parfois.

— Parfois ?

Amusé, il reprit plus doucement.

— Tu devrais arrêter tout ça. Passer à autre chose.

— Je sais. C'est juste que ce serait admettre que j'ai été conne.

— Ce n'est pas toi la conne.

J'avais rencontré Gabrielle il y a quelques années. Nous avions un dossier en commun. Elle était chargée du marketing dans une agence où je travaillais. Ça avait tout de suite collé entre nous. Assez vite, nous nous étions rapprochées. Je la voyais discrètement, elle disait que ça serait mauvais pour notre carrière si on nous savait ensemble. J'étais vraiment amoureuse d'elle et, pendant un an, nous avions été heureuses. La meilleure année de ma courte vie. J'avais changé de travail espérant officialiser notre histoire. Je voulais vivre avec elle.

Un soir, un de ses collègues nous a surpris en train de nous embrasser en bas de chez moi. Évidemment, le lendemain, les rumeurs circulaient déjà et, en voyant la notoriété que ça lui apportait, elle avait décidé d'en jouer. « N'importe quelle publicité est une bonne publicité ». Elle aimait l'image sulfureuse que ça lui donnait. Et en un instant, j'étais devenue un plan cul profitable. Elle avait fait de moi un produit marketing et je l'avais laissé faire parce que ça la rendait heureuse. Plus je choquais et plus les scandales éclataient, plus elle était fière de me promener à ses soirées mondaines. C'était la seule femme avec qui l'on me voyait régulièrement et elle en ressentait une certaine supériorité. Autant dire qu'elle était plus que ravie de ma situation actuelle. L'avantage que j'en avais tiré était d'avoir une image de « déesse du cul » qui me permettait de me consoler facilement dans les bras d'autres femmes. Le problème, c'est que, ces derniers temps, je n'étais plus que ça. Après toutes ces années, je m'étais perdue et je ne savais plus qui j'étais.

Thomas s'était endormi sur mon lit, la manette de la console à la main pendant que je fumais dans la cuisine. Je pensais à elle, à son message.

« Tu me manques, j'ai envie de te voir. Rejoins-moi à l'Afterwork vendredi à 18 h »

J'espérais vraiment qu'elle soit sincère.

Sweat, cute & sexy - Johanne MillotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant