Sweat, cute & sexy - Johanne Millot

Axelle #38

— C'est plus possible, il faut qu'on fasse quelque chose. Ça va trop loin, s'enquit la jeune femme.

— Quoi ? demanda Thomas. Ça dure depuis des années...

— On profite de sa gueule de bois magistrale pour mettre de l'ordre dans sa vie.

Je connaissais ce ton, elle était décidée. La journée de demain n'allait pas être facile.

— Je suis d'accord, acquiesça Gaëtan. Et ça vaut pour toi aussi Thomas. Fini les conneries, tu perds des clients. Vous vous enfoncez mutuellement. Axelle a besoin d'un ami là tout de suite, pas d'un gigolo.

Je savais qu'il avait eu peur, il s'énervait toujours quand c'était le cas. Je m'en voulais encore plus. Thomas devait le savoir aussi parce qu'il ne releva pas la remarque désobligeante.

— OK. J'ai un appel d'offres de toute façon, je vais avoir beaucoup de boulot. Et... hésita-t-il, je sais que je ne suis pas parfait comme pote en ce moment. Je pensais que nous avions besoin de ça, elle et moi. De se changer les idées. Mais... je me suis inquiété ce soir.

— J'ai une solution.

La voix de Gaëtan s'était attendrie.

— On l'envoie chez ses parents pour une semaine. Pas d'alcool, pas de filles et, avec un peu de chance, elle s'ennuiera et ouvrira son ordinateur.

— Et elle se fera un peu oublier, surenchérit Clara. Ça va jacasser cette semaine. C'est à croire que les gens se sont pris de passion pour ses histoires foireuses.

— OK, je lui réserve un billet pour demain. Je la mettrai moi-même dans le train, décida le brun.

Je rechignais toujours à aller voir mes parents, j'avais ma vie ici et eux la leur, mais là j'en avais besoin. Gaëtan avait raison, il me fallait un environnement sain, au moins pour quelques jours. Là-bas j'étais en sécurité, loin des emmerdes et surtout loin d'elle.

— Et pour Gabrielle ? On fait quoi ? demanda Thomas.

— On lui trouve une autre meuf. Une vraie. Pas un coup d'un soir, répondit la brune d'un ton assuré.

— Tu la trouves où « ta vraie meuf » ? s'esclaffa-t-il. Ça m'intéresse aussi. On la commande sur Amazon ?

— Il y a plein de nanas sympas à mon boulot.

Je n'avais pas de mal à le croire, Clara était infirmière à l'hôpital européen Georges-Pompidou. Pour autant, je n'avais pas envie de la voir jouer les entremetteuses, j'étais calmée.

— Il y a bien cette fille, une brune dont elle m'a parlé, souffla-t-il.

Judas.

— Tu sais mec, reprit-il, elle était à la table de Samuel avec une belle blonde.

— Des longs cheveux noirs ? demanda Gaëtan.

— Je n'en sais rien, j'ai une place de merde moi, je ne vois pas les belles filles apparemment. Avec une manucure rouge.

— Laisse tomber, coupa mon amie, quand je suis arrivée dans les toilettes, sa manucure parfaite était en train de lui tenir les cheveux au-dessus de la cuvette. C'est mort, game over.

Je me passais l'image dans la tête. J'avais envie de crever. Comment avais-je pu être aussi conne ? Une larme coula à nouveau sur ma joue et je m'endormis.