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- Je.. on peut parler ? 

- Qu'est-ce que tu veux ? 

Semi laissa échapper un soupir. Il n'avait pas réellement envie de discuter avec l'autre passeur mais il vit dans les yeux de ce dernier quand il releva la tête que s'il n'acceptait pas, il le poursuivrait. 

- C'est bon, parle. 

Semi s'assit sur les marches de l'escalier, laissant une place à Shirabu à côté de lui. Pour la deuxième fois en moins d'une semaine, les deux passeurs étaient plus proches que jamais. Le plus jeune se triturait les doigts tandis que l'autre se passait une main dans les cheveux. 

- Et bien je.. commença le deuxième année. Je suis vraiment désolé de t'avoir frappé. Je n'étais pas maître de moi même. 

- C'est à cause de ça que t'es aussi fragile en ma présence ? Ça change de tes exclamations de voix et de tes piques quotidiens. 

Shirabu lança un regard noir à Semi qui le fit taire. Peut-être qu'il n'avait pas perdu toute son agressivité à l'égard du plus vieux. 

- J'essaye de m'excuser là tu vois pas ? 

Le cuivré avait repris du poil de la bête et semblait sur les nerfs comme à son habitude quand il était à proximité de Semi. 

- C'est bon je te laisse parler. Vas-y. 

- Bon. 

Shirabu se passe une main dans les cheveux et Semi put regarder ses yeux. Ses iris brun-gris brillaient presque dans la nuit. Le troisième année se focalise dessus et se surprit à y faire attention. 

- Je n'ai jamais été très cool avec toi. Depuis qu'on se connait, je me comporte comme un con avec toi. Je sais que je suis un peu froid et distant avec tout le monde et aussi un chieur avec toi. Mais, la raison pour laquelle je fais ça c'est que.. je t'admirai un peu quand je suis arrivé à Shiratorizawa. Je t'avais vu à la télé une fois avec Ushijima et Tendou. J'étais impressionné par tes services mais tu te cachais dans l'ombre d'Ushijima-san. Alors, je me suis surpassé pour entrer ici et mon but était vraiment de te détrôner de ton poste de passeur titulaire parce que j'aurais surpassé celui que j'admirais. Mais au final, tu m'as détesté dès le premier jour où je suis arrivé. 

Le deuxième année se caressa la nuque et tourna difficilement sa tête vers Semi mais ce dernier ne le regardait pas : il avait les yeux fixés sur le sol. 

- Tout va bien ? demanda le cuivré. 

- C'est pas toi qui avait dit que tu étais impressionné par Ushijima justement ? Parce qu'il était super doué ? 

- Si mais...

- Alors arrête de raconter des bobards pour te faire pardonner de ton coup de poing. J'ai pas envie de t'entendre me dire que tu étais fan de moi alors que la seule personne dont tu étais fan c'était Ushijima Wakatoshi. 

- Mais c'est la vérité. 

- La vérité, mais bien sûr. cracha Semi en se relevant. Si tu pensais m'avoir en me disant des trucs comme ça, c'est raté. Donc me casse pas les pieds avec tes mensonges à deux balles. 

Le troisième année commença à remonter les marches, les mains dans les poches, les nerfs en pelote. Shirabu se mordit la lèvre et cria. 

- Eita ! 

L'appelé se retourna d'un coup et le fusilla du regard. 

- Personne, sauf ma famille, ne m'appelle par mon prénom, et encore moins toi. C'est clair ?!

Le deuxième année sursauta et baissa légèrement la tête pendant que Semi remontait les marches jusqu'à la porte de son dortoir. Il entra dans la chambre en essayant de faire le moins de bruit possible, se changea dans la salle de bain et soupira une fois dans son lit. 

Il ne pouvait pas croire tout ce qu'avait raconté Shirabu. Il ne pouvait pas être fan de lui ou même juste l'admirer. Cela paraissait improbable. Mais Shirabu semblait si fragile auprès de lui, quelques minutes plus tôt. Presque trop fragile qu'il pourrait se briser si on le serrait trop fort. 

Semi poussa un long soupir et s'endormit. 

❧☙

Shirabu resta sur les marches, même après que celui dont il avait pris la place soit parti. Il était tout retourné par la situation. Il ne savait pas quoi faire. Depuis qu'il avait frappé Semi, le cuivré ne savait plus ou se mettre. Jusque là, il avait tenu son rôle d'arrogant passeur et casse pied envers le passeur de troisième année. Rôle qu'il avait endossé à partir du moment où il l'avait rencontré. Pourtant, ce n'est pas ce qu'il avait prévu de faire. Il ne devait pas être aussi désagréable avec lui. Il devait être gentil et doux et admiratif et pas le plus gros connard qu'Eita Semi devait rencontrer dans sa vie. 

Il se prit la tête dans les mains et lâcha un long soupir. Il ne savait plus quoi faire. Il ne se sentait plus lui même, dépossédé de tout. Semi le haïssait encore plus qu'avant et cette fois, un retour en arrière semblait inopérable. Shirabu ne voyait pas le bout du tunnel et il ne supporterait pas qu'un regard plein de haine et de ressentiment s'abatte sur lui dès le lendemain et le week-end suivant. 

Le deuxième année finit par se coucher et se leva le lendemain avec l'objectif d'encore une fois, éviter Semi. 

La journée se passa donc sans encombre. Goshiki et Shirabu déjeunèrent ensemble loin de Yamagata et Semi. Ils passèrent toute la journée à discuter des deux hommes qui ne faisaient qu'occuper leurs pensées et se firent tous petits à l'entraînement. Rien ne se passa. Les deux troisièmes années qui les préoccupaient ne les approchèrent pas d'un poil. Le libéro semblait démoralisé et le passeur sur les nerfs. 

Goshiki et Shirabu se faufilèrent rapidement en dehors du gymnase à la fin de la session et bouclèrent leurs valises pour rentrer chez eux pour le week-end. 

La nuit passa et le lendemain, le père de Shirabu le récupéra devant le lycée. Le passeur aimait bien son père. Il avait un caractère calme et posé, parfois assez mou mais il était très observateur. Il était tout le contraire de sa mère, impulsive, clairement pas attentive à l'environnement, sur-protectrice envers ses enfants et surtout envers Kenjiro qui était le seul à être claustrophobe et traumatisé par les pièces sombres parce qu'il avait été coincé par son cousin quand il était tout petit. Rien de bien méchant mais assez flippant pour que sa mère avertisse tout le monde à partir du moment où il pouvait être coincé. Évidement, cela n'avait pas manqué quand ils étaient allés déjeuner chez les Semi. 

Le père de Shirabu le coupa dans sa réflexion. 

- Tu n'appréhendes pas trop le déjeuner chez les Semi dimanche midi ? 

Son fils secoua la tête alors il n'insista pas plus. Il savait qu'il n'en tirerait rien de bon. 

- Tu devrais aller au parc à côté de la maison quand tu auras rangé tes affaires. Tu pourras te détendre sans ta mère pour te poser des milliers de questions sur ta semaine et ce que tu as pu dire au fils des Semi. 

Shirabu hocha la tête, reconnaissant envers son père d'être aussi attentif à lui et à ce qui pouvait le tracasser. 

C'est donc ce que le jeune cuivré fit, il rangea ses affaires et se faufila au parc où il s'installa sur un banc. 

Le bal de ShiratorizawaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant