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L'annonce de son frère fit sourire Suzu. Elle était contente que son frère mette des mots sur ce qu'il ressentait, même si au fond, elle avait peur de ce qui pouvait se passer pour lui. Et si une situation similaire à celle du samedi passé se reproduisait ? Eita souffrirait-il plus que la dernière fois ? Toutes ces questions s'entrechoquaient dans les têtes de deux enfants Semi.

La fin de la journée passa à une vitesse folle et Eita se retrouva rapidement dans son lit qu'il avait quitté quelques heures plus tôt. Ses pensées revinrent le hanter. Ses pensées et le visage de Shirabu. Il s'endormit facilement, contrairement à ce qu'il s'imaginait.

Le soleil réveilla Semi. Les rayons caressaient son visage. Il ne voulait pas se lever et affronter la journée. Pourtant, il se redressa et regarda l'heure. Il s'attendait à ce qu'il soit 7h du matin mais non, il était déjà 10h. Le sommeil l'avait pris dans ses bras pendant si longtemps. Il s'habilla tranquillement avec une chemise blanche et un pantalon noir qu'on aurait pu croire taillé sur mesure.

Descendant les escaliers, il tomba sur sa mère qui faisait un peu de rangement. Elle le prit dans ses bras et Semi lui rendit son étreinte. Elle l'amena dans la cuisine pour qu'il déjeune rapidement puis qu'il l'aide.

Jusqu'à midi, Eita n'eut pas le temps de penser à Kenjiro. Il était bien trop occupé à aider sa mère, à dire à sa sœur que "oui sa robe était vraiment jolie" et à déplacer des cartons avec son père. La sonnette de l'entrée le sortit de son état et il sursauta. Derrière la porte, se trouvaient Shirabu et toute sa famille.

Madame Semi épousseta son tablier et ouvrit la porte. Elle dit bonjour à ses invités et le regard d'Eita croisa celui de Suzu. L'adolescente voyait bien que son frère était terrorisé mais elle ne savait absolument pas quoi faire. Semi tenta alors de recouvrir son visage d'un masque d'indifférence et salua à son tour les invités, en ne différenciant aucun membre de la famille. Shirabu le regardait mais lui fit comme s'il ne l'avait pas vu.

Tout le monde passa à table. Suzu à côté de son frère, Shirabu loin d'eux. Le repas se passa sans encombre, les parents discutaient, les enfants ne disaient rien, sauf les deux petits frères de Kenjiro qui papotaient.

Au moment du dessert, Shirabu partit aux toilettes et Semi insista pour aller chercher le vin dans la cave. Pour Eita, faire ça était un stratagème pour à la fois éviter Kenjiro mais aussi, le croiser sans faire "exprès". Les yeux scrutant les rayons des étagères de la cave, le troisième année repéra la bouteille que son père cherchait. Il sursauta quand une voix l'appela.

- Se..semi ?

Shirabu se tenait à l'entrée de la cave, les mains jointes, presque timide.

- On peut parler ?

Semi le regarda et manqua d'échapper la bouteille. Shirabu se précipita vers lui pour rattraper la bouteille s'il la faisait tomber mais il trébucha sur le morceau de bois qui calait la porte. Cette dernière se referma d'un coup et Kenjiro se recroquevilla. Dans un élan qu'il ne savait d'où il venait, Eita accourut auprès de lui et se souvint de ce qui était arrivé la dernière fois qu'il avait été enfermé. Mais le deuxième année lui attrapa la main pour se coller à lui. Le troisième année mit toutes ses réticences de côté et prit son coéquipier contre lui.

Le cœur de Semi battait la chamade. Il n'avait jamais été aussi proche de Shirabu depuis qu'ils s'étaient battus. Le plus jeune maintenait fermement le bras du plus vieux, comme si sa vie en dépendait.

- Tout va bien. On va venir nous sortir de là. tenta Eita pour rassurer celui qu'il tenait dans ses bras.

Shirabu se blottit encore plus contre son coéquipier. Les deux lycéens semblaient avoir oublié toute l'aversion qu'ils éprouvaient l'un envers l'autre jusqu'à ces derniers jours. Semi réprimait ses sentiments et Shirabu était effrayé de les laisser à nouveau sortir. Le troisième année passa sa main dans les cheveux cuivrés du deuxième année.

- Je... je suis vraiment désolé pour la dernière fois. Je ne voulais pas te frapper. Je ne voulais pas que tu penses que je me moquais de toi. Je... j'étais vraiment impressionné par tes capacités quand j'étais au collège. Je suis vraiment désolé que tu aies pensé que je me moquais de toi alors qu'en réalité c'est tout l'inverse.

La respiration de Kenjiro ne cessait de s'accélérer.

- Calme toi Shirabu. Ça ne va pas t'aider à te calmer de parler aussi vite. Respire tout doucement. C'est difficile quand on est stressé mais ça aide un peu.

Le passeur titulaire de Shiratorizawa prit une grande respiration et expira. Il recommença plusieurs fois. Pendant ce temps, Semi continuait de lui caresser les cheveux. Il avait pris goût aux petits cheveux de Kenjiro.

- Je suis vraiment désolé de m'être comporté comme un con avec toi. annonça Semi.

- C'est pareil pour moi. J'ai vraiment été odieux. confia Shirabu.

- Tu es pardonné, sourit le plus vieux dans le noir.

Le plus jeune hocha la tête contre le torse du serveur attitré de l'équipe.

- Tu sais, commença Semi, je... je pense que mes yeux ont une autre vision de toi. Je...

Shirabu posa sa main sur la joue de Semi et la caressa doucement.

- Moi aussi. Je me suis attaché à toi.

Un sourire plus grand s'afficha sur les lèvres du plus vieux et le doigt du plus jeune passa sur ses lèvres. Un élan d'assurance prit soudainement Semi qui embrassa le doigt de Kenjiro qui passait sur ses lèvres. Shirabu se redressa son visage face à celui d'Eita. Ils se fixaient, yeux dans les yeux. Ils ne se parlaient pas, mais ils semblaient comprendre ce que leurs regards disaient. Le plus jeune continua de caresser la joue de Semi.

Le troisième année tentait de réprimer le plus possible son envie d'embrasser l'homme qui était sur ses genoux. Le deuxième année quant à lui ne tremblait plus depuis que Semi le tenait contre lui.

L'un contre l'autre, ils semblaient avoir oublier le monde autour d'eux. Ils ne comptaient plus que l'un pour l'autre. Cet état dura un long moment, jusqu'au moment où, pris d'un nouvel élan d'assurance, Semi avança ses lèvres vers celles de Shirabu.

La porte s'ouvrit d'un coup sur Suzu, affolée.

- Tout va bien ?!

Remarquant la position de son frère et de Shirabu elle couvrit sa bouche de sa main.

- Je crois que j'ai interrompu quelque chose.

Le bal de ShiratorizawaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant