Tom

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En ce début d'année 2020, je passai mon permis de conduire, que je réussis haut la main. Je me sentis soulagée d'un poids et eus l'impression que je pouvais réussir tout ce que j'entreprenais.

Ce fut pour donner suite à cela, que je décidai de me centrer sur mes besoins. Après plusieurs discussions avec Zowina, je décidai d'aller à la rencontre d'une thérapeute pour régler mes problèmes de troubles du comportement alimentaire ainsi que les blessures de mon passé qui n'avaient pas su se cicatriser.

J'eus un excellent rapport avec ma thérapeute et m'investis à deux-cents pour cent. Je voulais enfin vivre et ne plus survivre.

En me baladant sur Facebook, durant le confinement du COVID-19, je rencontrai un garçon prénommé Tom. Nous nous parlions de temps à autre. Il était d'une personnalité très énergique, spontané et comique. Au bout d'une semaine de messages, nous voulions nous rencontrer.

Il organisa alors, un barbecue chez sa mère, accompagné de ses meilleurs amis. J'acceptai son invitation en pensant à la convivialité que ce temps pouvait m'apporter, dans cette période morose.

En arrivant ce matin-là, je pensai trouver ses amis, tel qu'il me l'avait indiqué précédemment. Mais je ne fus accueillie que par son chien et sa mère.

Dès mon arrivée, il me conduit directement dans sa chambre, pensant qu'il voulait me montrer ses fameux vinyles. Ce ne fut pas le cas, les choses furent différentes dans son esprit.

Il ferma alors sa porte à clé et commença à m'embrasser. Prise au dépourvu et ne sachant que faire, je restai muette et gênée. Il commença à me déshabiller sans mon accord. Sans que je ne puisse dire quoi que ce soit. Je me retrouvai en sous-vêtements dans cette chambre qui me semblait si sombre. Malgré mes mouvements de recul et mon refus face à ses tentatives, il persista et me voilà nue, sans rien pour me cacher. "Comment me suis-je retrouvée dans cette situation ?" Me dis-je.

J'avais avant cela, déjà été en compagnie de garçons. Seule, dans une pièce, mais jamais ceci ne m'était arrivé. Ils étaient, à mon habitude, des personnes responsables et respectueuses.

Ce fut à ce moment précis que je me rendis compte que le monde dans lequel je vivais n'était pas le véritable monde. Et que les hommes que je fréquentais, n'étaient pas forcément comme tous les autres.

Et voilà que ma première fois me fut enlevée, volée, violée. Comme un morceau de viande, il me regarda et me dit, lorsqu'il finit ce qu'il eut en tête "Tu vois, les premières fois, ce n'est jamais aussi génial que ce qu'on nous dit." En regardant le mur, je chuchotai "Oui, tu as raison. Ce n'était pas comme je le rêvais." Je dînai avec sa mère et lui sans rien oser dire. Je repartis, au plus vite en voiture.

Je sentais encore ses mouvements en moi. Je dus m'arrêter à deux reprises afin de vomir, à la suite de ces souvenirs. Le trajet qui ne durait que vingt minutes, en temps normal, me sembla durer plus de deux heures.

Que vais-je bien pouvoir dire, que vais-je pouvoir faire, et à qui m'adresser ? Moi qui voulais que ma première fois soit merveilleuse comme dans les films. Je voulais vivre l'intimité avec une personne que j'aimais profondément. Et là, je ne connaissais que le nom de Tom. Ce nom... si seulement je l'avais fui dès que l'avait entendu. Mais non, je n'eus aucun soupçon quant à ses intentions purement sexuelles. Je me fus laissé prendre au piège, tel un poisson mordant à l'hameçon.

Mon trajet se termina chez les Rivka et le lendemain fut mon anniversaire. Je me réveillai, ce matin-là, avec un mal de ventre épouvantable. J'allai me laver, pour la sixième fois depuis mon retour. Espérant faire partir les traces de son corps sur le mien. Je pensais que cela allait effacer ces souvenirs, mais en vain. Alors je me séchai et me regardai dans le miroir. J'espérais voir une personne forte, réconfortante qui savait ce qui s'était passé, il y a moins de vingt-quatre heures auparavant.

Mais la seule personne que je vis dans ce reflet fut triste, anéantis, avec un regard vide, comme si toute vie l'avait quittée.

Je m'habillai précipitamment et descendis voir le reste de la maisonnée. Ils me firent tous une accolade, tout en me félicitant de mon année de plus dans ce monde. Après toute cette joie de leur part, j'eus l'honneur de goûter à leur Limoncello maison. Il était si succulent que j'en oubliai l'alcool à l'intérieur. Je finis très vite bourrée à cause de cette boisson et mon manque d'habitude à l'alcool.

Après cela, ils me posèrent des questions sur ma journée de la veille. "As-tu un petit ami ces temps-ci ?" me demanda Issac " On est au courant que tu es allé faire des grillades chez Tom. Y a-t-il quelque chose entre vous ?" continua Jérémie.

Prise au dépourvu, je ne savais pas forcément quoi répondre, car je ne savais pas où j'en étais, ni ce qu'il y avait entre lui et moi. Je répondis alors "Oui, je crois qu'on est ensemble." et sur la folie du moment, en ayant assez d'alcool dans le sang pour être honnête, et en cherchant de l'aide, je leur laissai "Ah et puis nous avons couché ensemble. Mais ce n'était pas terrible." Nous avions couché ensemble. Était-ce vraiment cela ? comment aurais-je pu leur faire comprendre que mon consentement n'était pas présent ? Etais-je vraiment pas consentante ? Sinon, pourquoi avais-je réagis ainsi ? N'aurai-je pas dû partir en courant si cela était synonyme de viol ?

Ils s'empressèrent de me communiquer leur mécontentement. D'après Isaac, les rapports sexuels devraient être compris que dans un mariage, car pour lui, notre corps était un cadeau et que si nous avions des relations sexuelles avant le mariage, c'était un cadeau déjà ouvert que nous offririons à notre femme. Jérémie expliqua que pour lui, plus jamais il ne toucherait une fille, si ce n'était sa femme.

Sur le coup, je ne sus pas comment réagir. Comment leur faire comprendre que mon intention n'avait jamais été de coucher avec lui, que ce rapport sexuel fut subi, que cela m'angoissait chaque minute depuis.

Je revis Tom plusieurs fois par la suite, car je pensais intimement, que le fait d'avoir perdu ma virginité avec lui, me donnait l'obligation de finir ma vie à ses côtés. Au bout de deux mois de relation, je pus, grâce à ma thérapie, m'opposer à ma passivité et donc, réussir à exprimer mes peurs auprès de Tom.

C'était dans la chambre de Tom, sur son lit, alors qu'il était sur ses jeux vidéo, que je pris mon courage à deux mains. "Tom, je dois te parler. Je ne voulais pas que ma première fois se fasse avec un inconnu..." il se retourna pour me regarder dans les yeux "Quoi ? Mais je n'ai jamais été un inconnu et tu sais très bien que les premières fois ne sont jamais bien, de toute manière." je tentai de mieux m'exprimer "Non, je ne te connaissais presque pas et nous avons couché ensemble. Pour moi, j'étais venue pour faire un barbecue et faire connaissance." Il fronça les sourcils et continua "Tu n'avais qu'à pas venir." protesta-t-il. "À chaque fois que je viens chez toi, je passe mon temps seule sur ton lit, car tu es trop concentré sur ton ordinateur. Et quand je trouve le sommeil, je me fais réveiller vers deux heures du matin. J'ai vraiment l'impression d'être un objet..." Il secoua la main comme pour chasser une mouche devant son visage et me dit d'un ton sec. "Si ça te dérange, tu n'as qu'à rester chez toi. Je ne sais même pas si je serai triste, s'il me venait à l'esprit de te quitter... Désolé, mais c'est la vérité."

Mon estime de moi, si minime qu'elle fut, refusa que l'on me traitât comme cela. Ce jour-là, après cette discussion, je pris mes affaires et partis afin d'échapper à cette toxicité. Il me fallut beaucoup de courage, car j'étais tellement ancrée dans cette relation, que la rupture me fit un énorme vide. Ce qui me retint principalement, était le fait d'avoir perdu ma virginité avec ce dernier. Je voulais absolument n'avoir qu'un partenaire dans ma vie. Juste penser à le quitter, me mit une boule au ventre.

Le souffle d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant