Première plainte

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Ce week-end, nous avions une sortie avec la GuggenMusik, en Valais. Nous passions la nuit dans un abri de la protection civil. Vu la distance à parcourir avant d'y arriver, nous eûmes le droit à un bus, afin que cela soit plus pratique.

Alors que les trois quarts des membres furent assis à l'intérieur de ce dernier, je montai afin d'y prendre place, à mon tour.

L'ambiance fut excitante. Tout le monde riait, discutait, se taquinait. C'est alors que je passai à côté de Philip. Un homme d'un certain âge, bien dodu à la suite de toute la bière qu'il avait bu durant ses tendres années. Il était vêtu d'un pull en laine noir et d'un jean délavé.

Ce dernier se leva et vint se placer à une dizaine de centimètre de moi afin de me chatouiller et eut pour objectif de ne pas me laisser passer. C'est alors que je me débattais, étant sensible au contact de ses mains sur mes côtes. C'est alors qu'il changea ses mains de places pour me trouver un autre point sensible. Après trois minutes, il abandonna et je pus enfin me glisser à une place de libre.

Lorsque je me retrouvai assise, je repris ma respiration et j'eus l'impression, que par son geste, il me considérait, que je faisais enfin partie de la Guggen, car nous rigolions avec moi.

Ce soir-là, entre deux prestations musicales, mon beau-père vint vers moi et s'énerva assez violemment. "Que s'est-il passé ce matin ? Dis-le-moi. Je veux l'entendre de ta bouche. Ne me cache rien !" Je ne sus pas ce qui le mettait dans cet état et fus dans l'incompréhension totale. "De quoi... Qu'est-ce que tu me dis ? Je ne sais pas... J'ai rigolé avec Gaëlle... Pourquoi es-tu dans cet état ? Qu'ai-je fait de mal ?" sanglotai-je.

Un membre de la GuggenMusik vint à ma rencontre quelques minutes plus tard, afin de m'expliquer la situation. Lorsque nous étions le bus, il y eut des témoins qui furent choqués du comportement de Philip envers moi et en parlèrent à mon beau-père. Lorsque ce dernier me chatouillait, il en profita pour me faire des attouchements au niveau de mes seins, ce que je ne réalisai pas.

Je ne fis pas forcément attention car n'était pas la première fois que ces choses-là arrivaient. Plusieurs fois, des mains baladeuses se promenèrent sur mes fesses, lorsque je lui disais bonjour. Je ne le dis pas, car cela était pour moi, un signe de considération. Cela montrait que j'étais assez jolie pour que l'on s'intéresse à moi.

À la suite de ce week-end, je me retrouvai chez moi. Ma mère, accompagnée de mon beau-père, m'expliquèrent qu'il fallait que je dusse porter plainte contre Philip. Je ne voulais pas le faire car pour moi, il ne faisait rien de mal. Pour moi, ce n'était pas mal intentionné. Ils me dirent calmement."certes, ce n'est pas si grave que ça, mais s'il recommence sur quelqu'un d'autre, il pourrait potentiellement aller jusqu'au viol. C'est pour cela qu'il faut que tu le dénonces à la police." m'ont-t-ils dit.

Après quelques jours de réflexion, j'acceptai. Durant ma réflexion, je constatai que ma façon de voir les choses n'était pas forcément la meilleure. Car pour moi, si les choses arrivaient dans ma vie, si des obstacles se mettaient en travers de mon chemin, ce fut simplement la volonté de Dieu. Je constatai rapidement que ma façon de voir les choses était mauvaise. Car Dieu est bon, mais il est juste avant tout. Qu'il y avait toujours des conséquences aux mauvais actes que nous commettions.

Lorsque j'allai porter plainte, tout se passa très bien. Les policiers furent extrêmement gentils avec moi, ils surent me mettre à l'aise. Je ne rencontrai aucune difficulté.

Je pensais, inconsciemment, que j'avais peur que ma plainte ne fût pas assez grave et que les policiers me prenaient pour une guignole qui voulait juste faire son intéressante. Je réalisai rapidement que ce ne fut que des a priori.

Bien que je pensasse que ce geste fut anodin, j'eus d'un coup, en sortant du commissariat, un poids qui s'en alla. Comme si je devins légère comme une plume.

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