Karim

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Pour le week-end du cinéma de 2021, je descendis à Genève voir mes grands-parents accompagnée de Charlotte.

Nous passions tu temps en faisant du shopping avec mamie, discutant de souvenirs d'enfance et cuisinant de bons petits plats avec Charlotte, mes grands-parents et moi. Il faisait beau, le soleil tapait sur nos vêtements et le vent frais nous rafraîchissait. C'était un week-end merveilleux qui se déroulait.

Un soir, nous décidâmes, avec Charlotte, d'aller au cinéma afin de voir le dernier film d'amour sorti sous peu. Alors que nous descendîmes du tram, j'eus un élan d'amour. J'exprimai à quel point ce monde était si fabuleux autour de moi, avec ces oiseaux qui chantaient, ces arbres majestueux. J'étais si reconnaissante envers ces transports publics qui pouvaient nous faire voyager si rapidement vers notre destination. Je fus émerveillée en voyant toutes ces belles personnes qui nous entouraient. Et je vis un homme passer. Je m'écriai, avec des étoiles dans les yeux "Pourquoi sommes-nous si beaux ?" Ce dernier, une frite dans la bouche, se retourna d'un air interrogatoire et je lui adressai "Pardonnez-moi, monsieur, je ne voulais pas vous faire peur. Je me posais juste la question, comment cela se fait-il que vous soyez si beau ?" Gênée par ma question, et réalisant que cela pouvait être mal interprété, j'aurais rêvé pouvoir me cacher derrière ma petite sœur par honte, ce qui me fit rougir tel une écrevisse. Il répondit alors "Ne vous excusez pas, mais pour répondre à votre question c'est simplement Dieu qui m'a créé ainsi. Merci du compliment."

Après cela, nous parlâmes une dizaine de minutes ensemble et échangeâmes nos numéros de téléphone afin de pouvoir se revoir les trois après le film.

C'était un homme grand, robuste, avec des yeux très noirs, il était Malien, et venait de Paris. Il fut très sympathique et transmettait de bonnes ondes autour de lui. C'était pour cela que nous nous décidâmes de le revoir plus tard, avec Charlotte.

Après notre fameux film, nous retrouvâmes, après coup, au McDonald's. Nous passâmes notre soirée en fou rires les trois, à rigoler sur divers sujets. Et il finit par nous ramener chez nos grands-parents, à la suite de cela.

Ce fut une semaine après, que je pris la décision de retourner à sa rencontre, car je n'avais pas grand-chose à faire à ce moment-là. Il me proposa de passer une semaine avec lui. Il me proposa de l'accompagner au travail, car il était chauffeur poids lourd et cela lui ferait de la compagnie, ce que j'acceptai. Interpelée par ce métier inconnu pour moi.

Le soir en rentrant de son travail, nous regardâmes des films en buvant quelques verres. Mais il comprit rapidement que l'alcool était mon point faible, car dès que je buvais, je devenais plus tactile, je parlais sans filtre et donc, j'étais manipulable. Et nous finîmes vite par nous embrasser. Nous restâmes en contact car nous étions de bonnes compagnies l'un pour l'autre.

Lorsque je buvais, je ne trouvais plus la force de le repousser. Je n'avais toujours pas appris à exprimer mes limites et elles furent vite dépassées. Alors soir après soir, durant une semaine, il me fit boire. Il pensait que je ne me rappelais pas de ce qui se passait, lorsque le lendemain matin arrivait. Plus les soirs passaient, plus il me faisait boire et il devint vite violent à mon encontre.

Lorsque je lui demandai d'arrêter de me coller et de me laisser tranquille car je ne voulais pas cela, il continuait comme si aucun son ne sortait de ma bouche.

Un soir, alors que j'eus bu la moitié d'une bouteille de vodka et que je faillis tomber dans les pommes, je m'exprimai "Mon bras est si beau, je suis si heureuse d'être en vie. Merci Jésus pour ma vie." Il me prit soudain ce dernier, en me serrant si fort que mon bras commença à s'engourdir et il me cracha "Il n'y a pas de Jésus ici, dans ma maison. Il va falloir que tu deviennes musulmane, je te ferai porter le voile et t'enseignerai la vérité. Si tu parles encore de Jésus, tu vas devoir être punie !" Je restai tétanisée, fixant le plafond. Malgré la tête qui tournait, ses paroles se répétaient en boucle dans ma tête. Je me retrouvai moins d'un an en arrière. Les paroles de Lee tournant dans ma tête. La même sensation de terreur me traversa tout le corps, ce qui me procura des frissons.

Le matin venu, je me réveillai. Me souvenant de ce que Karim m'avait dit le soir même et fus toujours sous le poids de ses paroles si lourdes et de son geste si brusque. Il se leva et me dit calmement "Tu sais, hier soir, tu m'as posé des questions sur l'islam et tu m'as demandé si tu pouvais te convertir." Choquée par cette affirmation, prise au dépourvu, et craignant une querelle, je ne plus répondre quoi que ce soit. Je dis juste « Ah, d'accord. »

Rentrée chez moi après cette semaine, je ne lui donnai plus de nouvelles durant toute une journée. Je devais digérer tout cela et réfléchir à comment me sortir de ce pétrin. C'est alors qu'il continua à me harceler de messages. De plus, il m'interdisait de parler à d'autres garçons, même ceux de ma famille, car pour lui, je devais lui être fidèle. Je ne devais plus toucher à la cigarette électronique, qui était pour moi l'un des échappatoires à mes traumatismes. Ne plus voir mes amis sans le tenir au courant et je devais aussi, toujours lui partager ma localisation. Pour lui, j'étais devenue sa propriété.

Je pris la bonne décision de le bloquer et de ne plus entendre parler de lui. Ce fut difficile de prendre cette décision, car ma peur des représailles était grande, ayant vu la violence de ses gestes à mon encontre. Ainsi que la colère qu'il pouvait avoir envers moi.

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