Carl

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Depuis plusieurs mois, je m'intéressais particulièrement à un groupe de musique, One Direction. Zowina me fit écouter un de leur album et depuis, leur musique tourna en boucle dans ma chambre. Au fur et à mesure, ils devinrent toute ma vie. Je me raccrochai à eux, lorsque les difficultés s'emparèrent de moi. Je passais mes journées à écouter leur musique, à regarder leurs vidéos et à m'intéresser à leur vie, à leur entourage.

Cela me permit de m'évader, d'oublier le stress des cours, la culpabilité de ne pas avoir été là pour ma mère ainsi que de ne pas penser au décès de Paul.

Ce fut à ce moment-là que je me consacrai aux réseaux sociaux. Je fis énormément de rencontres avec des Directioners, des fans de ce groupe pop/rock. Ils habitaient en France, en Belgique, au Canada et en Suisse.

Ce fut comme ça, qu'à l'âge de mes quatorze ans, je me liai d'amitié avec un jeune homme de vingt-deux ans. Il s'appelait Carl et venait de France. Il avait le teint brun, des cheveux châtain, coupé à cinq centimètres vers le haut, un grand front et un corps potelé. Notre relation tourna très vite en flirt et nous décidâmes finalement de nous mettre ensemble, malgré la distance.

Ce qui devait être pour moi un conte de fée, commença à virer au cauchemar en ce début de février 2015.

Alors que je me préparais pour aller à l'école, Carl m'appela afin de me demander de rester chez moi pour que je sois joignable en tout temps. Étant donné qu'il ne se sentait pas bien ce jour-là, je répondis favorablement à sa demande. J'allai vers ma mère, après m'être rendue aux toilettes pour faire semblant de vomir et je sus la convaincre que j'étais malade. Je pus rester à la maison.

À la suite de cela, je me ruai sur le téléphone afin de contacter Charles. "Carl, c'est moi. Je suis libre aujourd'hui, ma mère m'a laissé rester à la maison." Je n'eus plus aucune nouvelle de lui. Son profil resta inactif durant de longues minutes et par la suite, de longues heures. Il m'avait bloqué de partout.

Seule dans ma chambre, je me sentis abandonnée. Après avoir fait ce qu'il fallait pour rester toute la journée avec lui, il me laissait tomber. Je dus attendre la fin de soirée pour avoir un semblant de nouvelles de sa part. Je reçus un message ce soir-là "Excuse-moi, j'aurais besoin de toi. Tu peux m'aider ?" Me demanda-il. Besoin de moi mais pourquoi ? Je le sus bien trop vite.

"Est-ce que tu peux m'envoyer des photos de toi ? Je veux voir à quoi tu ressembles, sans vêtements. Ne t'inquiète pas, ça reste entre nous." Après m'avoir spécifié qu'il voulait des photos de moi dénudée, je refusai.

Il me rappela vite à l'ordre en me disant "Je suis désolé, mais si tu refuses, je ne peux plus être avec toi. Tu dois quand-même pouvoir faire ça pour moi. Non ?" Et il cessa de communiquer avec moi jusqu'à ce que je lui envoie ces fameuses photos.

C'est au bout de vingt-quatre heures, que je finis par les lui envoyer malgré la honte que je pouvais ressentir.

C'est à ce moment-là que je me retrouvai piégée. Si je ne faisais pas tout ce qu'il me disait, il publierait ces photos sur notre groupe Facebook qui comportait plus d'une cinquantaine d'amis que je côtoyais. Je lui obéis sans poser de question.

Pour commencer, il refusa que je traînasse avec ma meilleure amie, ce que j'acceptai de faire. Ensuite, je n'avais plus le droit de m'approcher des garçons, ce que je fis instinctivement. Je me retrouvai seule, méprisée par mon groupe d'amis. Carl était la seule personne avec qui j'avais contact en dehors de ma famille. Et pour finir, je dus lui donner les mots de passe de tous mes réseaux sociaux.

J'étais littéralement sous son emprise. Il contrôlait tous mes faits et gestes, et devint de plus en plus violent dans ces paroles, de plus en plus stricte. Je recevais insultes sur insultes du lever jusqu'au coucher. Mais je croyais l'aimer, je n'avais pas la force de stopper ma relation avec lui, car je n'avais plus rien d'autre. Il avait réussi à me couper du monde, j'avais déjà tout perdu. Mes amis, mon sourire, ma dignité et même ma famille. Car je ne sus rien dire à mes parents par honte d'avoir envoyé ces photos dénudées. Je sombrai dans une solitude incontrôlable et dans un engrenage perpétuel.

Le souffle d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant