Chapitre 4

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Izuku se passa de l'eau sur le visage, il n'avait pas l'habitude de boire autant. Attrapant sa serviette, il s'essuya le visage et retourna dans le salon. Il y trouva Katsuki, une canette à la main, l'autre main dans un saladier rempli de pop-corn. Il alla le rejoindre et s'effondra sur le canapé en faisant attention de ne pas s'asseoir sur un des cadavres des nombreuses canettes de bière qui y traînaient.
Les deux colocataires avaient commencé à boire dans la chambre de Bakugo, ne parlant pas, se regardant juste boire. Les deux jeunes hommes ne s'étaient pas vraiment liés d'une grande amitié au cours du mois de colocation. Puis les canettes s'étaient vidées et il avait fallu autre chose à boire. Ils avaient alors quitté la chambre de Bakugo, qui s'était affalé sur le canapé. Sans un mot, Izuku avait sorti un paquet de pop-corn qu'il avait mis au micro-onde, il avait ensuite glissé le tout dans un grand saladier et avait rejoint Katsuki sur le canapé avec deux bières à la main.

Au fil des canettes, les langues avaient commencé à se délier, parlant de tout et de rien, de la pluie de du beau temps. Ils avaient évité les sujets qui fâchent, leurs vies privées, entre autre, se contentant de banalité. Mais l'alcool était vite monté à la tête du plus jeune. Ce dernier avait la tête qui tournait et était assailli par un mal de tête. Sous les conseils de son colocataire, il s'était levé pour aller se passer de l'eau sur le visage.

-Va mieux ?

Izuku hocha la tête alors qu'il attrapait une bouteille pleine sur le sol et qu'il l'ouvrit devant le regard surpris de Katsuki.

-Tu t'es déjà bourré la gueule ?
-Y a des premières à tout.

Bakugo sourit à son colocataire alors que celui-ci commençait une nouvelle bière avant de laisser un rôt s'échapper.

-Je te pensais plus raffiné.
-Et je te pensais pas du genre à te faire plaquer comme ça.

Bakugo fixa sa bière quelques instants avant de soupirer.

-Je l'aimais pas vraiment, mais elle va me manquer.

Izuku arqua un sourcil.

-Tu l'aimais pas ? Mon dieu j'ose même pas imaginer le bruit que ça va faire quand tu vas ramener quelqu'un que tu aimes dans ta chambre !

Pour se venger, le blond lui envoya un coussin dans la figure. Vu son niveau d'alcool, Midoriya eu du mal à l'éviter mais réussit tout de même en tirant fièrement la langue.

-Mon meilleur pote m'avait dit que c'était pas une fille pour moi.
-Il avait peut-être raison. Les amis donnent de bons conseils parfois.
-Toi tu me conseillerais quoi ?

Izuku bu une nouvelle gorgée pour finir sa canette et laissa la bouteille vide tomber au sol.

-Que je te conseille ?
-Ouais. C'est si chelou que ça comme demande ?
-De ta part ouais. Monsieur l'excentrique, je sais tout et je suis au-dessus de tout le monde.

Bakugo pouffa de rire.

-Au moins je suis pas papy avant l'heure.
-C'est pas de ma faute, on a le même âge et moi j'ai déjà un boulot alors que t'es encore étudiant.
-Hum...

Bakugo plongea sa main dans le saladier et prit des pop-corn. Midoriya le regarda faire et se remit à parler. Son colocataire semblait prêt à l'écouter et il avait besoin de vider son sac. Il n'avait pas de véritable ami proche avec qui il pouvait se confier, raconter ses galères et son quotidien. Il prit lui aussi une poignée de pop-corn, regarda les cadavres de canettes et se lança dans le récit de ses états d'âmes, l'alcool l'aidant à se désinhiber.

-A l'école, j'ai toujours été un excellent élève, premier de la classe sans travailler, je me foulais pas trop et ça me convenait comme ça. Depuis que je suis gosse j'adore les livres, alors en grandissant je me suis mis à écrire de plus en plus. Mes parents le savaient mais je ne leur ai jamais montré. En même temps ils n'ont jamais voulu voir ce que je faisais.

Bakugo l'observait en silence, buvant parfois un peu de bière.

-Après le lycée, je voulais me lancer dans l'écriture d'un roman, j'avais des idées. Je ne voulais pas aller à la fac alors je suis rentré dans une maison d'édition. Pour un type comme moi c'était le rêve. Je voyais l'envers du décor. J'avais des petites tâches comme corriger les fautes d'orthographes. Puis un jour on m'a confié une tâche plus importante.

Bakugo le vit froncer les sourcils.

-Tu as fait une connerie ?

Il vit Izuku hocher doucement la tête.

-Depuis je suis la risée de toute l'entreprise, mon travail est pire que celui des stagiaires !
-Essaye de leur montrer que tu es doué et que c'était qu'une faute.
-Impossible ! Ils passent leur temps à se foutre de moi.
-T'es défaitiste mec ! Y a des tas de gens qui sont bien plus en galère que toi.
-Tu dis ça alors que t'es simplement étudiant, c'est simple pour toi.

Katsuki éclata de rire alors qu'il se levait du canapé et se dirigeait vers la cuisine. Il ouvrit le frigo mais soupira en voyant qu'il n'y avait plus de bière. Il se rabattit alors sur un coca et vint rejoindre Izuku qui le regardait sans comprendre sa réaction.

-Tu crois que tout est simple pour moi ?

Izuku se contenta de le regarder, sa tête commençait à vraiment lui tourner.

-Tu sais, pour payer cet appart j'ai un boulot en plus de mes études, d'après toi c'est quoi ?
-Cassier ?
-Non.
-Vendeur ?
-Mauvaise pioche.
-Host ?
-Ca se rapproche mais toujours pas.

Midoriya sembla réfléchir, du moins il essayait de réfléchir malgré l'état de son cerveau.

-Strip-teaseur ?

Bakugo secoua la tête et le fixa droit dans les yeux.

-Acteur porno.

Midoriya en laissa tomber les grains de pop-corn qu'il avait dans la main. Pendant deux secondes il se demanda s'il ne se foutait pas encore de lui. Acteur porno ? Bakugo ?
Il le regarda, essayant de savoir s'il mentait ou pas.

-Mon père est mort, ma mère est gravement malade, elle est à l'hôpital. Il faut donc que je paye la fac, l'hôpital plus l'appart. Et c'est pas un boulot de caissier ou de vendeur qui va me payer tout ça.
-Il doit y avoir d'autr...
-Il n'y en a pas, le coupa brusque Bakugo. Crois moi, j'y ai réfléchis, longtemps, mais il n'y a aucun autre boulot qui rapporte autant en si peu de temps.

Un silence gênant prit place dans la pièce. Midoriya ne savait plus quoi dire ni faire. Alors il se contentait de fixer l'écran noir de la télévision éteinte. Il ne mangeait plus, son cerveau tentait juste de mettre dans l'ordre toutes les informations qu'il venait d'assimiler.

-Alors tu vois, il y a pire que toi.
-Oui...
-Je fais pas ce boulot par plaisir, mais savoir que Mina m'aimait...dans un sens, ça m'apaisait.
-Elle...savait pour ton boulot ?

Bakugo secoua la tête.

-Je pense qu'elle aimait mon côté bad boy. Et aussi le fait que je suis un incroyable coup au lit.

Il se leva du canapé, commença à ramasser les canettes de bien. Midoriya le regarda faire, encore sous le choc des révélations. Bakugo vendait son corps pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa mère. Et lui se plaignait juste car il était assigné aux petites tâches dans son entreprise.
Il avait jugé trop vite son colocataire. Soupirant, il se leva du canapé, peut-être un peu trop vite car il eut du mal à tenir sur ses jambes. Il essaya d'avancer mais sa tête lui tournait beaucoup trop et son ventre jouait à l'élastique.
De la cuisine où il était en train de jeter les canettes de bières, Bakugo aperçut son colocataire qui vacillait dans le salon.


-Deku, ça va ?
-Ca...mon ventre....

Bakugo regagna rapidement le salon, son ami était tout pâle. Il passa une main dans son dos alors qu'Izuku semblait sur le point de vomir.

-J'te jure que si tu vomis sur le sol ce sera à toi de ramasser.

Ils parcoururent les quelques mètres qui les séparaient de la salle de bain avec un peu de peine. Bakugo était plus grand que son cadet et le portait presque comme un enfant, sa musculature développée aidant grandement. Il lui ouvrit la cuvette, le plus jeune s'abaissa et Bakugo le regarda vider ses tripes.

-T'as vraiment pas l'habitude de prendre une cuite toi.

Il alla chercher une serviette alors qu'il vomissait encore. Il revient vers lui, Izuku était accroché à la cuvette, il était encore bien pâle mais avoir vomi devait lui avoir allégé l'estomac. Bakugo lui releva doucement le visage et lui essuya la bouche. Il l'aida ensuite à se relever et le jeune homme s'accrocha à lui pour marcher. Bakugo fit entrer Midoriya dans la chambre de droite et l'aida à s'allonger sur le lit. Le jeune homme était toujours fermement accroché à lui. Katsuki essaya de se dégager de son emprise mais le visage tordu de douleur de son colocataire lui fit de la peine.
Il s'allongea donc contre lui, regardant Midoriya nicher sa tête dans son oreiller alors que son bras était enroulé autour de la taille de Bakugo.

Le plus vieux le regarda s'endormir, il sentit son souffle devenir plus lent et régulier. Bakugo posa sa tête sur l'autre oreiller, détaillant le visage de son colocataire. Ses boucles qui lui tombaient devant les yeux, ses taches de rousseurs sur le nez et les joues. Le blond sourit et son regard s'arrêta ensuite sur sa bouche qu'il détailla de longues secondes. Elle était pulpeuse. Fermant les yeux deux secondes, Bakugo s'imagina tourner une scène avec Midoriya qui le dominait à la place des acteurs qui lui donnaient la nausée.
Il sentit ses joues devenir rouges alors que son corps réagissait déjà à ses simples pensées. Il se gifla mentalement, il ne pouvait penser à de telles choses.

-Deku est un type bien, un type bien qui continuera sur la bonne voie. Je ne suis que de passage dans sa vie. Il ne faut pas s'attacher aux gens.

Mais le petit jeune continuait de regarder son colocataire endormi.

-Ne pas s'attacher....



Le lendemain, Bakugo fut réveillé en sursaut par une sonnerie stridente dont il ne connaissait pas la provenance. Il essaya d'ouvrir les yeux mais il y avait bien trop de lumière dans la pièce. Il les referma de suite, tendant les mains en face de lui pour tenter de se lever. Seulement il se heurta contre une masse et c'est à ce moment-là qu'il se rappela qu'il était dans le lit de son colocataire.
Il entendit alors un grognement avant de sentir la masse bouger contre lui et le bruit prit fin. Mettant une main devant ses yeux pour se protéger de la lumière, il les ouvrit doucement.

-Deku....C'quoi ce réveil sérieux, il m'a détruit les tympans.

Il tomba sur le visage tiré de Midoriya, il peinait à garder les yeux ouverts. Ce dernier fixait Bakugo et se mit à froncer les sourcils.

-Tu squattes mon lit ?
-Je te signale que c'est toi qui me tiens, t'as pas voulu me lâcher depuis hier.

Le plus jeune lâcha un faible « oh » avant de relâcher la taille de Katsuki qu'il tenait depuis la veille au soir. Le blond en profita pour s'étirer de tout son long avant de se lever du lit. Il passa une main dans ses cheveux avant de regarder son colocataire qui se bataillait avec ses draps pour en sortir.

-Toi t'as pas encore décuvé.
-J'dois aller bosser.
-Dans cet état ?
-Pas envie de me faire virer.

Midoriya vacilla alors qu'il essayait de sortir de sa chambre, le tout sous le regard réprobateur de Bakugo qui ne le quittait pas des yeux.

-Si je viens pas, ils vont être pire avec moi.
-C'est sûr que dans cet état, ils vont être cléments.
-La ferme.

Izuku s'en voulu tout de suite d'avoir été aussi brusque mais il avait déjà beaucoup de mal avec son boulot, il ne se pouvait de commettre d'autre fautes.
Il se dirigea comme il put vers la salle de bain, il avait une sale tête. Soupirant, il se passa la tête sous l'eau et se lava rapidement. Là, il sortit de la salle de bain, croisa Katsuki qui était en train de manger dans la cuisine et se dirigea vers sa chambre pour se changer. Il mit le même costume que la veille, il n'avait pas le courage de chercher des vêtements neufs dans son armoire. Il passa un coup de peigne dans ses cheveux, ses boucles en profitèrent pour exprimer leur créativité et prirent un volume fou.
Il prit sa mallette et sortit de sa chambre.

-Et donc tu crois qu'ils vont t'apprécier car tu nous fais un remake des années disco ?

Izuku lui lança un regard noir avant de sortir de l'appartement. Il prit sa voiture et se rendit à son bureau. Comme d'habitude il arriva avant tout le monde mais une pile de dossiers trainait déjà sur son petit bureau. S'installant, il sortit de sa mallette les dossiers qu'il avait déjà finit et alla les remettre sur le bureau de son patron. Quand il regagna son propre bureau, il vit ses collègues qui arrivaient.

-Bah alors Midoriya, t'as pas dormi cette nuit ?
-Si.
-T'as l'air crevé, tu devrais rentrer chez toi, je suis sûr qu'on te remplacerait facilement.

Il s'assit à sa chaise, faisant mine de ne pas entendre les remarques. Il commença à consulter le manuscrit qu'on lui avait assigné pour la journée.
Mais ce fut sans compter sur son collègue. Ce dernier s'approcha de son bureau avec un grand sourire. Il posa sa main sur la pile de dossiers. Midoriya le sentait mal, mais avant qu'il n'ait pu faire quoique ce soit, son collègue avait fait tomber la pile.

-Oups...Si tu m'avais répondu, peut être que j'aurais été plus adroit, vas savoir.

Et ce dernier repartit sans un mot. Midoriya regarda les feuilles au sol avec tristesse. Se levant de sa chaise, il se baissa pour les ramasser. Il entendit des rires féminins, en se retournant, il vit un groupe de trois femmes qui se moquait de lui. Il détestait vraiment ce job mais il en avait besoin.
Finissant de tout ramasser, il mit le tout sur son bureau.

-Concentre toi, il y a pire que toi...

Il ne put s'empêcher de penser à son colocataire, la veille, il avait senti son ventre se tordre quand ce dernier lui avait raconté toute son histoire. Horrible. Il était obligé de vendre son corps pour subvenir à ses besoins. Midoriya devait se rendre compte que même s'il subissait des brimades, la situation de Bakugo était bien pire que la sienne.

Colocataires [BakuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant