I Love You Too

Un cœur apaisé

James

J'ouvris les yeux et je vis devant moi la femme que je n'avais jamais cessé d'aimer, malgré la tristesse.

Je la regardais dormir, son visage m'avait manqué.
Cette douceur et cette sensation d'être apaisé, je ne pensais pas les retrouver un jour.

Elle ouvrit doucement les yeux et me regarda sans me dire un mot.

Je décide donc, de rompre ce silence entre nous, ce silence que je ne supporte plus.

- Salut.

- Salut.

J'avais envie de lui dire tout un tas de choses, mais je ne savais pas comment m'y prendre, ni par où commencer. Elle avait ses torts et j'avais les miens.

Mais notre peine était la même, aussi douloureuse soit elle.

Je voulais que l'on essaie de réparer nos cicatrices, mais comment si prendre ?

- Tu veux manger quelque chose ?

- Oui je veux bien.

Je me lève et part dans la cuisine pour préparer un petit déjeuner.

Quand j'y pense, nous n'avons jamais mangé ensemble le matin dans le lit, à l'époque où notre amour était intact.

Tarim était dans la cuisine. Il me regarda avec interrogation.
Je ne lui dis rien, je pris quelques affaires et les emporta dans la chambre d'Emmy.

Elle me fait un tendre sourire.
Je lui ai répondu par ce même sourire.

On mange tous les deux sans se dire un mot. On se regarde constamment, ne sachant pas comment briser ce nouveau silence.

Comment pouvais-je lui en vouloir de m'avoir encore une fois sauver la vie ? Mais à quel prix ?
Je voulais tout oublier, tout de suite, mais la douleur était encore trop forte et trop profonde, pour elle comme pour moi.

Je savais que ça prendrait un peu de temps,
mais il était hors de question que je la laisse une nouvelle fois s'éloigner de moi.

Peut-être que je me trompais. Peut-être que je ne retrouverai pas cette passion que j'avais à l'époque pour elle.
Ou peut-être était-elle toujours là, mais il fallait aller la chercher, bien cachée au fond de mon cœur.

Nos mains étaient proches, je n'osais pas faire le moindre mouvement, comme tétanisé par la peur.

Emmy pris ma main et la caressa du bout des doigts.

Je ressens instantanément des picotements qui se propagent sur tout mon corps.
Je ferme les yeux et je savoure cette sensation, comme si ma vie en dépendait.

Emmy

J'avais peur qu'il enlève sa main, lorsque j'ai posé mes doigts dessus.
Je me suis rendu compte que son visage était serein. Il venait de fermer les yeux.
Je le trouve encore plus beau et plus sombre qu'avant.

J'ai peur, peur qu'il ne me pardonne pas, peur qu'il ne comprenne pas mes choix passés, peur de le perdre à jamais.

Je n'ose pas lui parler, je ne sais pas par où commencer, ni quoi lui dire exactement. Je ne sais pas ce que Peter lui a réellement raconter...

Il est resté à mes côté toute la nuit. Il m'a consolé lorsque j'ai fait ce cauchemar. Alors qu'il me haïssait il y a encore quelques heures.

Je suis bien trop maladroite dans ce genre de situation. J'aimerais qu'il lise dans mes pensées et pouvoir lire dans les siennes...
Tout serait tellement plus simple.

Sans vraiment réfléchir par où commencer, je lui dit d'une voix peu sûre et un peu fébrile :

- Je ne trouve pas les mots pour te parler...pour te dire ce que j'ai envie de te dire depuis trois ans... j'ai peut-être fait les mauvais choix, mais... j'avais peur et je ne savais pas quoi faire, ni comment faire...je suis tellement désolée...je ne pensais pas quand voulant te protéger, je t'aurais fait tant de mal. Je n'ai pas réfléchi aux conséquences de mes actes par rapport à nos sentiments... j'ai été impulsive et j'ai foncé tête baissé, pensant que ça serait la meilleure solution...je ne te demande pas de comprendre, ou de me pardonner. Tu aurais du savoir la vérité bien avant...je n'avais pas le droit de te cacher ça. Tu as raison, je suis lâche...je me déteste tellement pour ça.

J'ai envie de pleurer, mais je ne veux pas craquer devant lui, pas maintenant.

Il ne répond rien. Ses yeux ne lâchent pas les miens. Son regard est moins sombre et plus tendre.

Son silence me compresse les entrailles. J'ai l'impression d'étouffer.
Je lui lâche la main. Je viens lamentablement d'échouer.

Je baisse les yeux. Je me lève et je me dirige vers la fenêtre pour regarder le paysage enneigé. Le soleil essaie, en vain, de réchauffer mon visage.

Je sens sa présence derrière moi, il s'approche au plus près.
Nos corps se frôlent, comme génés par tant de proximité.
La paume de sa main rentre en contact avec la mienne. Des frissons parcours mon corps, je ne connaissais plus cette sensation. J'avais oublié l'effet que cela me faisait.

Je me retourne pour lui faire face.

Il a son regard d'enfant. Un enfant triste, qui a besoin de retrouver le réconfort et l'amour dont il a besoin. Mais cet enfant ne sait pas comment le demander. Il ne sait pas comment s'exprimer.

Il pose son front contre mon front.

- Emmy... j'ai besoin de savoir...de tout savoir... j'ai besoin de connaître la vérité... j'ai besoin que tu me dises ce qu'il sait passé.

- D'accord.

On a passé la journée dans ma chambre.

Il fallait que l'on prenne le temps de se parler. Le temps de réapprendre à maîtriser nos émotions l'un envers l'autre.

Je lui ai tout raconté. Du moment où il a été emmené à l'hôpital après avoir reçu une balle, jusqu'au jour où l'on sait croisé pour notre rendez-vous avec Catherine Jones.

Je lui ai décrit mes sentiments, mon état d'esprit pendant ces trois longues années.

Et bien sûr, je lui ai dit tout ce qu'il s'était passé avec Andrieu.

Dès que je parlais de lui, je voyais le visage de James se tendre et son regard devenir meurtrier.

Il me posa tout un tas de questions.

- Il ne t'a pas fait de mal ? Il ne t'a pas touché ? Comment se comportait il avec toi ? Il t'a laissé partir facilement ? A-t-il repris contact avec toi depuis ?

- Non...il n'a pas été violent, il ne m'a pas touché. Oui il m'a laissé partir et je n'ai plus jamais entendu parler de lui. James, je suis tellement désolée... pardonne moi de t'avoir fait tant de mal...je ne me le serais jamais pardonné s'il t'était arrivé quelques choses à cause de moi...

On est assis sur mon lit. Tout le long de notre conversation, il ne m'a pas lâché la main. Il s'est également confié à moi. Il m'a raconté sa peine, sa douleur, puis certaines aventures avec mon frère.

J'ai ressenti un soulagement et un poid immense venait de me lâcher le corps et l'esprit.

Je pouvais de nouveau respirer normalement. Je me sentais plus légère, même si la douleur était toujours présente.

James me serrait un peu plus fort la main. Il avait les yeux baissés et je vis une larme couler le long de sa joue.

Je lui pose une main sur son visage. D'autres larmes se mirent à couler.

Je le pris dans mes bras. Il posa sa tête sur mon épaule et l'enfouie dans le creux de mon cou.
C'est alors qu'il pleura. Il me serra plus fort et plus intensément. Il me dit d'une voix faible :

- Pardonne-moi... pardonne-moi de ne pas avoir été là pour toi...de ne pas avoir essayé de te chercher... pardonne-moi pour toutes ses paroles horribles que j'ai pu te dire...

Trois ans, ce n'est rien dans une vie.
Mais, en trois ans, il s'en passe des choses, surtout lorsque notre cœur a été brisé.