Chimères

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« Lazul ! Attends-moi ! » crie la petite fille, sa peluche ourson préférée dans sa main.

« Mila je t'ai déjà dit de ne pas me suivre quand je vais en ville ! Mère m'a demandé d'y faire les courses, pas te faire faire une balade. C'est dangereux d'accord? Tu sais que les mages ne sont pas les bienvenus en ville. » soupire Lazul qui se retourne vers sa sœur.

La petite fille prend les doigts de son frère dans sa main libre. Elle le dévisage avec des yeux de chien battu.

« Mais maman et papa veulent pas jouer avec moi !! »

« Tu as demandé à Max ? »

« Il veut lire tranquille... »

« Et pourquoi pas Maëlis ? Et Lucy ? »

« Lucy dort encore et Maëlis aime pas jouer à la poupée... S'il te plaît Lazul !!!! »

Lazul porte sa sœur délicatement dans ses bras, un sourire doux et protecteur se dessinant lentement sur son visage.

« D'accord, je t'emmène mais tu dois promettre de ne rien dire à Mère et être silencieuse, c'est compris sœurette ? »

Les larmes de crocodile de la jeune fille laisse place à un rire étincelant.

« Oui Lazul ! Promis ! »

Lazul la rejoint dans son rire et pose son front contre le sien.

« Tête de linotte va... Allons-y.»

« Hihi ! Merci frérot ! Tu es le meilleur! Je t'aime »

« Moi aussi Mila. Moi aussi. »

Le vent caresse leurs cheveux maintenant en pagaille, laissant le soleil les baigner dans son halo de joie. La ville s'étale à l'horizon, imposante et pourtant chaleureuse. Les odeurs du marché se diffusent dans le nez de Lazul qui ferme les yeux un instant, profitant de la paix intérieure qui bat en lui. Des oiseaux planent au-dessus d'eux, en formation de migration et avançant vers le lointain par leur vol délicat. Ils s'éloignent, dans le ciel de braises...

Empli de poussières. L'air est suffoquant. Irrespirable. Lazul s'écroule à terre, ses poumons en feu. Les maisons se consument une à une. Lazul se retourne et voit une homme à capuche prendre sa sœur violemment dans les bras.

« LAZUL !!!!! NOOOOOOOON !!! »

« MILAAAAAAAAAAA ! »

La gorge de Lazul se serre si fort qu'elle lui en briserait ses cordes vocales. Ses yeux sont embués tandis qu'il ne voit plus qu'une maigre silhouette emportant sa sœur.

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Le réveil est douloureux, en particulier dans le dos et ses mains. Il les soulève dans le vide, les observant par la même occasion. Les deux cicatrices lui rappelle son affrontement cruel avec Malos, son visage d'outre-tombe et son rire démoniaque. Des frissons parcourent vilement ses entrailles. Il sent ses poumons manquer d'air, son cœur battre frénétiquement.

Il balaie la salle des yeux et reconnaît sa chambre. Son pouls se détend alors qu'un chiffon chaud et humide est posé délicatement sur son front. Wanda le regarde tendrement, mais qui trahit une tristesse timide.

« Comment te sens-tu ? » demande-t-elle en remettant une mèche derrière son oreille gauche.

« J'ai mal, je sens pas mes mains. »

Le silence règne dans la pièce. Wanda pose sa main sur celle de Lazul, caressant de son pouce la plaie.

« Je suis désolée Lazul, nous aurions dû être là. »

La lumière pâleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant