La raison de se battre

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La pluie s'abat doucement sur les vitres, offrant une quiétude timide à Lazul, qui se tient là, les jambes recroquevillées contre sa poitrine. Le battement lent de son cœur se confond avec les tapotements doux des gouttes, qui dessine alors une mélodie presque mélancolique. Ses yeux contemplent l'horizon, comme pour échapper à la réalité sombre qui reste omniprésente à ses côtés. Il trace tranquillement des formes indescriptibles sur les carreaux avec ses doigts, entièrement perdu dans ses pensées.

Un toc à sa porte le retire soudainement de ses songes alors qu'il se lève à moitié, gardant tout de même sa posture au-devant de la fenêtre.

« Qui est-ce ? » demande Lazul dans un soupir.

« C'est Peter. Je peux rentrer ? » répond Peter, presque chuchotant.

« Oui, bien-sûr Peter. Entre. »

Le grincement sourd de la porte se fait entendre et laisse apparaître le visage de Peter, qui avance vers son ami. On pourrait presque croire que Peter savait que le jeune homme ne parvenait pas à partir pour le monde des rêves.

« Du mal à dormir ? » demande l'homme araignée.

Lazul hoche la tête et reprend sa contemplation. Peter s'approche doucement, s'installant aux côtés de Lazul tout en restant silencieux.

Peter ne savait pourquoi, mais l'idée que Lazul ne soit pas dans un bon état lui prenait au cœur. Il préférait le voir sourire et faire des taquineries. Il ne reconnaissait pas son ami avec cet air maussade, empli d'une tristesse dont il ne savait pas l'origine.

« Peter. »

La voix de Lazul envahissant la pièce et neutralisant le silence fait sursauter Peter, qui se reprend vite.

« Oui, Lazul ? »

« Je suis terrifié. »

Les mots de Lazul donnent l'effet d'un bain glacé pour Peter. Mais il laisse Lazul finir.

« Je suis terrifié par tout. J'ai peur de mes pouvoirs, que je peine jours et nuits à contrôler. Je suis effrayé à l'idée que mes pouvoirs puissent vous faire du mal, qu'ils me consument au fil du temps. J'ai peur de qui je suis, de mon passé, mes origines. Je ne connais pas mes parents, ma famille. Personne. Tout est resté figé dans le passé, c'est une pomme trop haute pour que je puisse l'atteindre de mes mains nues. J'ai peur de cette solitude. Même si je ressens votre chaleur, votre sympathie, mon cœur ne peut s'empêcher de se mutiler dans le froid. Chaque nuit apporte ses cauchemars. Pas de réponses. Pas de révélations. Pas d'explications. Seuls la peur, le doute, la solitude, la mort. Pire encore, mon âme ne peut s'empêcher de s'imaginer être plongé de nouveau dans cet abîme. De tout oublier une seconde fois. En supposant que je l'aurais fait qu'une fois. J'ai peur d'oublier vos sourires. Vos visages. J'ai peur d'oublier la lumière. »

Le silence reprend sa place, une profonde respiration se libérant de Lazul. Peter se tourne vers Lazul, tenant sa main dans la sienne avec tendresse et compassion.

« Tout le monde est sous le joug de la peur, tu sais ? De se perdre en chemin, d'échouer à ses devoirs... »

Peter prend une grande inspiration avant de poursuivre.

« Mais cette peur peut te catalyser, comme un réceptacle qui te maintient. Qui te permet de ne rien oublier. De garder la lumière en vue. Comme pour tous ici, la peur est différente et semblable à la fois. Elle nous permet de consacrer nos forces pour ce que l'on juge bien pour le monde, tout en gardant en tête de ne pas la laisser nous ronger de l'intérieur. Ta peur est entièrement louable, Lazul. Mais ne la laisse pas consumer ton âme. »

La lumière pâleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant