Ôde aux sentiments

26 3 8
                                    

Peter fait tourner ses pâtes maintenant froides dans son assiette. Cela fait maintenant quelques heures qu'il est parti du Q.G en attendant que Lazul se remette des évènements récents. Tony lui a bien fait comprendre qu'il faut le laisser seul pour un moment. Tante May regarde Peter avec un soupir.

« Tu ne peux pas rester dans cet état, Peter. Si Lazul a besoin de toi, tu dois rester fort pour lui quand il ne l'est pas. Je sais que ce n'est pas évident, mais prends sur toi mon chéri. »

« Oui je sais Tante May, ne t'en fais pas ça va aller. »

Un long silence envahit la pièce alors que May laisse Peter laver ses couverts et son assiette. Entendre tout ce que Lazul a subi pendant ces derniers jours, la menace de ce mage malin envahissant son esprit torture Peter au plus haut point.

Alors que le jeune homme combat pour ne pas se morfondre, son téléphone portable vibre frénétiquement dans sa poche de devant.

« Allo, c'est Wanda. Lazul va mieux et il demande si tu veux nous rejoindre. Je suis en train de manger avec lui. »

« Ah bonjour Wanda ! Oui avec plaisir je viens aussi vite que je peux. »

« Super. A tout à l'heure. »

Peter raccroche d'un geste vif, s'empare de son manteau à capuche noir et se dirige vers la sortie, prévenant par la même occasion May de son départ.

---------------------

Peter ouvrit la porte d'entrée avec hâte. Il se sent plus qu'impatient à l'idée de voir Lazul, se demandant s'il s'est remis des émotions de la veille. Il se dirige alors vers la cuisine, et une délicate odeur semble en sortir, comme si quelqu'un venait tout juste de cuisiner un met des plus raffinés. Désormais plus attentif, il reconnaît les rires de Wanda et Lazul résonner dans la pièce. Il s'approche davantage et aperçoit Lazul en train de déguster un gâteau qui avait l'air particulièrement ragoûtant. Les contours soigneusement travaillés, semblables à de fragiles pétales de roses, épousent parfaitement le centre de la pâtisserie à la légèreté nuageuse. Au sommet trônent quelques fraises fraîchement coupées, contrastant avec l'immaculée et aérienne blancheur du gâteau.

« La vache ! Tu avais raison quand tu disais que c'était trop bon ! Faut absolument que j'en refasse ! ça s'appelle comment déjà ? » demande Lazul, un regard pétillant de gourmandise en observant le gâteau et se resservant une part.

« C'est une spécialité que l'on mangeait beaucoup avec ma famille, du vatrouchka. Ma mère nous en faisait souvent pour mon frère et moi. » répond Wanda, un regard évadé sur le visage.

Lazul pose sa main sur celle de Wanda, un sourire triste aux lèvres. Lazul ne semble pas trouver le besoin de parler pour soutenir Wanda. Être là est alors amplement suffisant. Wanda répond au sourire de Lazul avant de reprendre une part de gâteau timidement, tout en fondant de plaisir en avalant une partie. De son côté, Peter sert les poings. Voir la main douce de Lazul sur celle de Wanda ne le met pas à l'aise. Ses émotions sont troubles. Pourquoi ce pincement si désagréable ? Il s'imagine à la place de Wanda, tenant la main de Lazul de la sienne, comme pour la protéger d'une menace invisible. Le fait que Wanda et Lazul soient proches ne devrait pas le rendre si frustré. Si vulnérable. Alors pourquoi ?

Peter sent qu'il doit mettre ces idées au clair, que les évènements récents doivent le troubler plus qu'il ne le pense. Alors qu'il s'apprête à partir, Lazul reprend la parole, faisant danser lentement la part de gâteau dans son assiette à l'aide de la cuillère en argent fermement tenue dans sa main.

« Faut vraiment que tu me donnes la recette, on en fera pour Peter quand il viendra je suis sûr qu'il va adorer. » Dit Lazul en souriant.

Avant que Peter ne puisse ajouter quelque chose, Wanda rit silencieusement et fixe Lazul d'un regard maternelle.

La lumière pâleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant