Entre les mailles du voile

6. Culotté

@sofiane.abbas : beau voile !

Je restais confuse face à son message. Je ne pensais pas qu'il allait m'écrire, en tout cas pas de si tôt. J'avoue que son message m'esquisse un petit sourire mais je me remet vite en place face aux mots de mon père. Lorsque je tournai la tête, je vois que Sofiane me regardais, pour éviter de lui répondre, je lui fait un petit sourire que j'arrête directement lorsque la sonnerie retenti et qu'on a cours de maths.

Quelques minutes après la pause :

Le prof m'appelle au tableau, car il voulait voir ce qu'on se rappelait de l'année précédente. De une, je suis vraiment claquée en maths et de deux, j'ai même pas suivi ce qu'il a dit donc je suis dans le merde.

C'est à ce moment même que je me rappelle pourquoi mon père m'a parlé l'autre jour et que vraiment, les garçons sont une distraction. Et je ne compte pas louper mon bac.

- Alors, Nour, peux-tu nous rappeler la formule de Viète ? Demande le prof.

- Hum... je réfléchis un moment, puis commence à écrire au tableau.

Lorsque j'ai fini, je dépose la craie au bord du tableau et retourne gentiment à ma place.

- Ce n'est pas tout à fait ça, tu as oublié le moins devant la racine et de mettre le deuxième 'b' au carré. Mais bon c'est la reprise bravo quand même. Dit-il en corrigeant ma faute.

Aussitôt, mon amie Clara se tourne face à moi et me chuchote :

- C'est pas tout à fait ça, tu as oublié le moins devant la racine. Dit-elle en imitant sa voix pour se moquer de lui.

Face à ses mots, on se regarde et on pouffe de rire.

- Un problème mesdemoiselles ? Demande le professeur.

- Non. Dit-on en synchronisation.

Aussitôt, je me retourne et dit à mon tour à Clara :

- Un problème mesdemoiselles ?!

- Tu sais que ça serait vraiment dommage qu'on soit séparé dès le premier jour ? Ajoute-elle.

- Je le sais, mais il est trop problématique ce prof. Ajoutais-je. Tu te souviens de la fois où il a parlé de tous les non-français. Il avait dit que c'était pas normal et qu'il y avait trop de population. Sous-entendu qu'ils devaient retourner dans leur pays.

- Je le sais Nour, c'est vraiment pas juste. Mais c'est notre dernière année et on sait ce qu'on vaux. Dit-elle pour me rassurer.

En réalité, Clara n'est pas française, elle est espagnole et son père est marocain. Soit, aussi une réfugiée aux yeux du professeur. Ce prof est vraiment un gros raciste misogyne. C'est le genre de personne qui pense que la tenue justifie le viol et que les femmes ne peuvent pas s'habiller comme elles le veulent. D'ailleurs en parlant de ça, les abayas sont interdites dans mon école et je sais que lui, ne va pas hésiter à contrôler toutes les filles.

Les cours passent jusqu'à la pause de midi :

- Nour, je vais manger à la cantine moi... Me dit Clara.

- Oh merde... J'avais oublié ce détail. Dis-je un peu déçue.

- On se rejoint après, sous le grand chêne ?

- Bon appétit ! Lui dis-je.

Je me dirige pour manger sous le grand chêne, car il y a de l'ombre et de l'air frais. Rien de mieux. Je décide de lire un peu en même temps que je mange.

Soudainement, j'entends des pas s'approcher de moi. Je me dis que ce ne sont que des lycéens. J'espère juste qu'ils ne viennent pas me déranger pendant ma lecture. De plus, je déteste manger autour de personne. Petit à petit, je sens une silhouette derrière moi. Assez imposante.

- Alors, tu lis quoi ? Me demande une voix assez familière.

Je me retourne et, sans grande surprise, c'est Sofiane. Décidément...

- Euh... de la romance. Dis-je intimidé face à son compliment de ce matin.

- Tu rêves du prince charmant princesse ? Me demande il.

Princesse ? Mes joues virent aussitôt au rouge. Attends mais il perd pas de temps lui. Il est complètement fou.

- Oui. Écoutes Sofiane, tu es très gentil comme garçon, mais tu le sais autant bien que moi on est musul... J'ai à peine le temps de finir ma phrase qu'il me coupe.

- Je le sais on est musulman. Mais je suis jamais sortie avec une fille et c'est bien la première fois qu'une fille me fait de l'effet.

Pourquoi mon ventre s'agite-il comme ça ? Ce sont ça les papillons ? Que quelqu'un me sorte de cette situation sinon je vais finir par devenir rouge tomate et pire encore.

- Tu es déjà rouge princesse. Ajoute Sofiane.

De plus il lit dans mes pensées ? Au secours sérieusement Clara sauve moi purée.

- Je vais te laisser, mais saches qu'on se mariera toi et moi.

- Dans tes rêves oui. Ajoutais-je.

- On pari. Tu me doit 10 paquets de takis. 5 bleus et 5 rouges.

Je rêve, il est vraiment culotté lui. De plus, je le connais a peine. Il a vraiment déconner ce type.

Je crois qu'il comprend pas très bien que c'est haram de se parler. De plus, il sait tout aussi bien que moi que l'amitié fille-garçon est également haram. Je crois qu'il a oublié quelques trucs lui. Devrais-je lui faire un rappel ? Je n'en sait rien. Il va encore se faire des idées si je lui écrit. Mais c'est aussi mon devoir en tant que musulmane de reprendre mes frères et sœurs musulmans qui ne respectent pas les règles...

- BOUH !

Je sursaute.

- Alors tu as bien manger ? Me demande Clara.

- Tu m'as fait trop peur t'es folle ! Dis-je en lui donnant un coup d'épaule.

- Oh du poulet curry ! Je veux trop. On a manger du boudin de porc avec des endives, je crois que je vais vomir. Me dit-elle.

- Oh ça me dégoûte. Déjà leur cuisine bancale en plus même pas épicée c'est vraiment degeulasse. Dis-je dégoûtée. Il font que de la merde à bouffer on dirait qu'on est de chiens. D'où je ne mange plus à la cantine.

Je lui tend alors mon Tupperware.

- J'ai plus faim tout de façon. Dis-je.

- Oh vraiment ? Merci Nour tu me sauve. Mais t'es sûre hein ? Me demande Clara.

- Mais oui mange ! Dis-je contente qu'elle apprécie les plats de ma mère tout autant que moi.

- T'es vraiment la meilleure ! Dit-elle la bouche pleine.

Je ne peux pas m'empêcher de rire en la voyant gober tout le plat que moins de 10 minutes. Elle était vraiment affamée.

- Ding.

Clara s'empresse de retourner son téléphone.

- OH PUTAIN ! Crie-t-elle.

- Qu'est-ce qu'il se passe ??? Dis-je inquiète.

- C'EST LE MEC DE LA GRÈCE ! IL M'ÉCRIT ENFIN !!!

- Attends tu m'as fait peur pour ça ? Alors il dit quoi ? Demandais-je aussi enthousiaste qu'elle.

- Il va venir en France pour un voyage scolaire. À Paris ! Elle saute de joie.

- Mais nan ?! Trop bien ! J'étais tellement heureuse pour elle. C'est bien la première fois que je l'a vois aussi attachée à un garçon.