Ta Vie Pour La Mienne

21 - Nous allons bien

Dans la tête de Louis

Cette garde était bien trop longue... Pour une reprise, j'aurais voulu avoir plus d'interventions pour éviter de tourner et virer dans l'un des lits de la caserne. À la maison, les enfants me tiennent suffisamment occupé pour que mes pensées s'éloignent. Mais, au travail... Je n'avais rien pour me faire oublier le fiasco qu'a été l'anniversaire des jumeaux... Rien pour sortir le baby-sitter et ses bras rassurants de ma tête.

Dire que je m'en veux est un euphémisme. Jusqu'à la veille, je me faisais une joie de leur organiser une petite fête pour nous réjouir de leur présence dans nos vies. Mais, quand ma mère et mes sœurs sont arrivées, quand nous avons commencé à installer la décoration... Je n'ai plus réussi à rester heureux. À chaque ballon supplémentaire que j'installais, j'entendais la voix d'Aaron râler parce que c'était bien trop d'efforts pour des bébés d'à peine un an. Et, bien sûr, celle de Rose venait toujours le contrer parce que... Rien n'est jamais trop pour ces enfants. En cet instant, j'ai ressenti le manque si fortement que je me suis écroulé...

Lorsque les petits se sont réveillés de leur sieste, à quelques minutes d'intervalles l'un de l'autre, j'ai cru que leur présence pourrait me faire oublier l'absence de leurs parents. Mais, c'est tout le contraire qui s'est produit... Dès l'instant où mes sœurs sont revenues avec Louise et William, une forte pression a commencé à grandir dans mon estomac. Des picotements désagréables ont parcouru ma peau. Je ne suis même pas parvenu à prendre Will dans mes bras, comme il semblait le vouloir... Les larmes aux yeux – de douleur et de culpabilité –, je me suis rendu dans ma chambre.

Recroquevillé dans mon lit, j'ai tenté de m'apaiser pour pouvoir faire bonne figure auprès des invités. Mais, lorsque Liam et Zayn sont arrivés, je me suis d'autant plus étouffé avec mes pleurs silencieux. Parce que je gâchais tout. Parce que je ne suis pas parvenu à être fort pour mes bébés. Parce que tous les autres, malgré leur peine certaine, étaient quand même là pour eux...

Je crois que Zayn a voulu me rejoindre, à un moment donné... Mais, Liam l'a retenu. Et, si je n'étais pas supposé l'entendre, ce qu'il a dit à mon ami m'a fait d'autant plus mal. Non, Chéri, s'il te plaît... Tu as assez souffert en tentant de repousser ses démons. Laisse-le affronter sa douleur, il viendra quand il se sentira prêt...

Je ne me suis jamais senti prêt.

Toute la journée, je suis resté dans mon lit à maudire ce chauffard qui nous les a enlevés. Pendant des heures, je me suis fait ensevelir sous le poids de ma culpabilité. Puis, Harry m'a rejoint... Dès l'instant où sa voix m'est parvenue, elle s'est infiltrée jusque dans mon cœur pour m'aider à reconstruire des barrières servant à le protéger. Et je me fiche complètement d'avoir été aussi égoïste, en le retenant à mes côtés. Parce que je réalise que sans lui, il m'aurait fallu beaucoup plus que 24 h pour repousser ma douleur, ma colère et ma peine.

Le bouclé a passé chaque minute avec moi, sans poser la moindre question. Il était simplement présent. Là, pour moi... Par moment, Will et Loulou se sont joints à nous et, si moi je ne parvenais pas à apaiser ces petits amours, les bras de Harry ont su faire le nécessaire. Au moment d'aller dormir, ils n'ont même pas cherché à protester. Ma mère les a mis au lit aux alentours de 20 h et, après être venue s'assurer qu'elle pouvait me laisser, elle et mes sœurs sont parties.

Il n'était pas loin de minuit quand la fatigue s'est fait ressentir. Comme plus tôt dans la journée, je me suis endormi tout contre Harry. Malgré ce jour difficile, nos doigts entrelacés et sa main dans mes cheveux m'ont poussé à plonger dans un sommeil apaisé et reposant. Quand j'ai rouvert les yeux, le lendemain matin, il était près de 7h30 et Haz n'était plus avec moi. À la place qu'il occupait, j'ai retrouvé la caméra du baby phone ainsi qu'une feuille pliée en deux.