Ce que nous vivons en ce moment est terrible. Nous sommes déjà à la fin du mois de septembre et Paul Deschanel vient officiellement de quitter l'Élysée. C'est difficile pour les français de faire face à trois présidents dans la même année, surtout pour Harry.
Depuis son agression, j'ai refusé qu'il reparte chez lui. J'ai trop peur qu'ils le retrouvent et que cette fois-ci, ils ne lui laissent aucune chance. Alors depuis un mois, il se cache à l'étage, dans ma maison, au-dessus de la pharmacie. Ça n'a pas été si compliqué que ça de mentir à Madeleine, c'était en revanche plus compliqué lorsqu'Harry faisait du bruit et qu'elle a commencé à se poser des questions. J'ai prétexté une invasion de rats derrière les murs et ça a fonctionné.
Ce n'est pas comme ça que j'imaginais vivre avec Harry mais je m'en contente pour l'instant. Les premières nuits avec lui ont été compliquées. D'abord parce que dormir avec un homme était plus étrange pour moi que pour lui, et j'ai longuement hésité avant de le rejoindre sous les draps. Et puis ensuite, parce qu'il souffrait le martyr. Il guérissait bien, mais les antidouleurs ne faisaient bientôt plus effet et j'ai été forcé d'augmenter les doses. Nous passions des nuits agitées, entre les terreurs nocturnes qui le mettaient au plus mal, sa douleur, et moi mon angoisse que l'on vienne le retrouver jusqu'ici. Et puis tout s'est calmé au bout de plusieurs jours, et une nuit, on a décidé que nous devions profiter de cette chance qui nous était accordée. On a commencé à s'embrasser, à se caresser à travers nos vêtements, et finalement nous n'avons pas dormi de la nuit. J'ai été incapable de cacher ma fatigue à Madeleine et encore moins mes lèvres rouges d'avoir embrassé Harry toute la nuit. J'ai encore une fois dû lui donner un mensonge qu'elle n'a pas remis en doute. Et toutes les nuits d'après, nous avons instauré un rituel qui consistait à s'embrasser une bonne partie de la nuit et à s'endormir dans les bras l'un de l'autre la deuxième partie . Et je n'avais rien connu de plus agréable que ça.
Il se remettait doucement de sa blessure et j'étais ravi, sauf lorsqu'il m'a expliqué qu'il fallait qu'il prouve son innocence désormais. Il a commencé par retourner voir certains de ses amis qui apparemment pouvaient tâter le terrain. À chaque fois qu'il partait tôt le matin, j'avais peur qu'il ne rentre pas le soir. Je priais intérieurement pour qu'il ne lui arrive rien. Et quand il revenait par la porte arrière, j'étais à la fois soulagé mais aussi apeuré à l'idée que Madeleine pouvait le voir.
Parce qu'il y avait ce problème aussi, je ne me sentais pas capable de laisser tomber Madeleine parce que je n'avais aucune raison valable. J'avais peur de m'attirer les foudres de ses parents et de ses amis, j'avais peur qu'on se doute de quelque chose. J'imaginais toujours des choses plus folles les unes que les autres. Alors elle continuait de venir tous les jours pour m'aider, et je continuais à l'embrasser pour la saluer comme si je n'avais pas goûté à des lèvres plus sucrées toute la nuit précédente. J'étais mentalement faible et atteint par les événements actuels et pourtant je m'efforçais d'adopter une allure aussi neutre que possible. Mais parfois, je voyais encore le corps d'Harry au sol, le poignard aiguisant lui trouant l'estomac, je faisais des dizaines de cauchemars dans lesquels on venait le chercher pour terminer leur travail. Et ça me rendait malade. Je crois que je n'avais pas du tout prévu que ma vie avec Harry allait être aussi chaotique et qu'elle ne faisait que commencer.
"C'est le bon moment pour que je rentre."
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Le bal du Lancaster
FanfictionL'histoire est terminée. Vous pouvez acheter la version papier ici : https://www.lulu.com/shop/adeline-ruczynski/le-bal-du-lancaster/paperback/product-e7e8gw8.html?q=Le+bal+du+Lancaster&page=1&pageSize=4