Chapitre III ~ Lya ~

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Ballotée de droite à gauche, et de gauche à droite comme un vulgaire sac de patates, Lya ne saurait dire depuis combien de temps elle est dans ce véhicule, qui semble rouler à vive allure. L'esprit très embrumé, et les paupières lourdes de sommeil, ce n'est qu'après un moment encore, qu'elle comprend qu'elle est pieds et poings liés et que sa vue est masquée par un sac en toile. De temps à autre elle capte quelques brides de conversation, mais leurs propos n'ont ni queue ni tête. "Livraison en route", "colis chargé", "repère".

De quoi peuvent-ils bien parler ? "Colis chargé", ils ne parlent pas d'elle tout de même si ?

Une goute, puis une autre, et encore une... Ploc, ploc, ploc...

Lya en avait marre de les entendre tomber depuis le petit plafond de sa cellule jusqu'au sol. C'est pendu par les poignets au milieu de sa geôle qu'elle n'a d'autre choix que d'écouter les gouttes tomber depuis un nombre d'heures qui lui paraissent être des années. Et attendre, attendre encore et toujours. Quand se présentera-t-il à nouveau à la porte de sa nouvelle demeure ?

Cela doit faire un moment qu'elle est là. Son ventre commence à gargouiller. A quand remonte son dernier vrai repas ? Ses bras sont ankylosés et engourdis à force d'être maintenus dans une position si peu naturelle.

La cellule ne doit pas faire plus de quelques mètres carrés. 2 ou 3 à vue de nez. Le genre de cellule que l'on s'est tous imaginé. Petite, froide, humide, puante de l'odeur putride de la mort, quelques fétus de paille en guise de couche. Des chaînes sont suspendues de ci de là au mur derrière elle et celles par lesquelles Lya est accrochée au plafond. La pointe de ses orteils touche tout juste le sol si elle se tend un peu...

Ses épaules sont tellement douloureuses qu'elle a l'impression de se les disloquer. Ses poignets ne sont pas en reste. Ces enfoirés ont sûrement ajouté un produit chimique et enduis les chaines avec, car si Lya relève suffisamment la tête pour regarder, une espèce de substance verdâtre mélangée à son sang coagulant et en parti séché sur ses poignets, chuintent des deux bracelets la retenant prisonnière. D'autres bracelets imbibés du même mélange chimique, ont été ajoutés à ses chevilles depuis son dernier réveil, et elles commencent à être dans le même état que ses poignets. Des ploc réguliers se font entendre, un nouveau liquide s'égoutte au sol, s'ajoutant à celui déjà présent, des gouttes s'écoulant du plafond. Sauf que celui-là n'est nullement de l'eau, non. C'est son propre sang qui tapisse désormais le sol sous ses pieds.

La fatigue finie par l'emporter cette fois encore. Lorsque Lya se réveille à nouveau après un sommeil agité, l'homme est devant elle. Encore lui. Adossé au mur derrière lui, les mains dans les poches de son jean noir, et vêtu d'un simple t-shirt gris et de baskets, il ne fait rien d'autre que de la regarder. Encore. Comme la dernière fois. Cela ne serait pas déjà suffisamment gênant et humiliant, qu'elle ne porte actuellement aucun vêtement.

En effet, passée la surprise au premier réveil de se trouver dans cet endroit, attachée qui plus est, un léger courant d'air l'a fait frissonner. C'est en baissant les yeux sur son corps, et après quelques longues secondes que son cerveau endormi enregistre cette nouvelle information : elle est totalement nue. Comme un nouveau-né lors de son premier jour.

Lya vit ensuite une ombre sortir de la pénombre, pour être dans la lumière seule, de l'unique lanterne de l'endroit. Et quelle ombre ! Si elle n'était pas dans cette situation à cet endroit précis et qu'elle l'avait rencontré dans la rue, elle aurait très volontairement accepté de faire de lui son quatre-heure. Celui qui s'avança au-devant d'elle était grand, à n'en pas douter, sûrement un bon 1.85m. Des cheveux noir corbeau légèrement bouclés, des yeux en amande noirs également, des pommettes saillantes, et des lèvres fermes mais qui semblaient être douces à la fois. Tout de noir vêtu, un simple t-shirt, un jean et des chaussures de ville, réhaussaient parfaitement l'angle carré de sa mâchoire, un menton fier, et une pomme d'Adam volontaire.

Il la regardait. C'était tout. Il n'a jamais parlé malgré ses demandes, n'a jamais fait un geste envers elle non plus. Que ce soit en bien ou en mal. Il reste simplement là, immobile, à la fixer.

Cette fois encore, ne fait pas exception. Nonchalant, le pied remonté et appuyé contre le mur derrière, il reste juste là, à l'observer.

Elle est l'Alpha Mais ne le sait pas encore...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant