Chapitre 34 - l'Oral

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Musique : "DADJU - Tout ou rien du tout ft. Ocevne"


Madrid, Espagne

PDV DARIA :

Bien, Mesdames, Messieurs. Premièrement, je vous prie de replonger dans les souvenirs de votre tendre jeunesse pour comprendre mon récit. Rappelez-vous de vos 20 ans : l'insouciance, la nonchalance, et parfois même, pour certains d'entre vous, sûrement un brin d'insolence.

Je débute mon oral, j'essaie d'embarquer avec moi les gens présents dans la salle, mais j'ai complètement oublié... mon texte... mon discours. Je n'ai plus rien en tête. Je regarde inlassablement les portes de l'amphithéâtre pour voir si elle est là, mais en vain... Je comble le vide, espérant la voir arriver. J'ai besoin de la voir. Si elle ne vient pas, je ne serai sûrement incapable de terminer... Passé cette putain de porte... Je ne vais pas pouvoir continuer à improviser comme ça longtemps...

Je suppose que pour la majorité, vous avez tous fait des études, n'est-ce pas ? Et je pense qu'un point commun unit tous les étudiants, ce sont les professeurs, des professeurs tous différents les uns des autres. Pour tout vous dire, la majorité des miens ne me porte pas vraiment dans leur cœur. Bonjour, Monsieur Delgado !

J'entends quelques rires dans la salle, évidemment pas celui de Delgado, qui me fusille du regard... Mais je commence doucement à intéresser quelques personnes présentes. Espérons que les jurys en fassent partie. Maintenant, je vais croiser les doigts pour continuer à avoir de l'inspiration...

Vous savez, je pense que nous sommes tous formés différemment et sensibles à différentes personnes. C'est pour cela que je divise autant mes professeurs, et inversement. Dans ma vision des choses, ils sont aussi divisés. Forcément, si une personne vous inspire, vous aurez nettement plus de facilité à vous intéresser à ce qu'elle vous raconte et à vous investir quand il s'agira de travailler pour elle.

Rentrons dans le vif du sujet. Dans cet établissement, j'ai eu la chance de rencontrer une professeure, mais pas que, j'ai aussi eu l'opportunité de connaître la femme, la femme d'affaires évidemment. J'ai commencé à étudier à l'université de Madrid après mes camarades, je n'ai donc pas eu la chance de commencer mon année d'étude ici. Mon premier cours était un désastre, pour tout vous dire. Premièrement, je suis arrivée en retard, et deuxièmement, je n'étais pas vraiment prête à m'investir pleinement dans mes études. Et alors que je pensais une nouvelle fois que j'allais rater une année, elle a changé la donne. Ma professeure d'analyse comportementale. J'ai nommé Madame...

Il faut que tu viennes, maintenant j'ai besoin de toi...

Mademoiselle Vargas, tout va bien ?

Ces oraux sont filmés en direct, et le seul truc que je trouve à faire, c'est de me perdre dans mes pensées. Je sens les caméras braquées sur moi, et plus aucun mot ne passe la barrière de mes lèvres. Je suis tétanisée.

Soudainement, les portes de l'amphithéâtre s'ouvrent à toute vitesse. En éclat, les gens se tournent tous vers l'entrée, et je suis rassurée de voir que tout ce monde a arrêté de me fixer le temps d'une seconde... Je finis par regarder dans la même direction qu'eux et...

Évidemment, Mademoiselle Vargas va très bien. Je vais finir sa phrase, car il me semble qu'elle m'attendait pour continuer son oral. Elle allait donc vous dire : "J'ai nommé Madame Catalina Aguilar."

Elle est venue... Putain, elle est venue.

L'entièreté de la salle se retourne à nouveau vers moi. Ils attendent sûrement avec impatience que je délivre la suite. Je reste le temps de quelques secondes fixée dans ses yeux, tandis que je souris sans pouvoir m'arrêter. Je cherche le courage dont j'ai besoin pour continuer, je le cherche dans ses yeux. Et comme par habitude, elle me glisse quelques mots que je peux lire sur ses lèvres. "Regarde-moi, oublie les." Il ne m'en faudra pas plus pour finir tout le discours sans aucun problème.

CatalinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant