CHAPITRE 20 | ROUGE BONBON

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RAFAELA GAMBINO

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RAFAELA GAMBINO


Mes journées étaient toutes les mêmes et cette routine monotone n'était pas prête de changer. J'errais tel un fantôme dans les couloirs du lycée, Raquel à mes côtés. J'avais picoré sans grand appétit dans le déjeuner que sa mère lui avait préparé, je voyais bien qu'elle mangeait plus aisément lorsque je l'aidais. Elle tentait de se réconcilier avec la nourriture afin que ses parents la laissent partir à la capitale le cœur léger, c'était la seule condition pour qu'elle puisse accéder aux études de ses rêves. Nous partagions mes écouteurs tandis qu'une musique choisie au hasard accompagnait notre conversation. Pour tout vous dire, j'hésitais à retourner en cours cet après-midi... Je me sentais particulièrement faible à cause de mon premier jour de règles, j'étais d'une humeur massacrante. C'était une excuse de plus. Ma mauvaise humeur n'était jamais bien loin : nous étions pour ainsi dire inséparables et vouées à nous retrouver.

— J'ai hâte de quitter cette ville pourrie et de ne plus jamais y remettre les pieds, geignit mon amie en regardant fixement devant elle.

— Tu arrives à t'imaginer ailleurs ?

— Un peu que j'y arrive, c'est ce qui me maintient en vie !

— J'ai du mal à imaginer que la vie est plus supportable ailleurs...

— Ce n'est pas quelque chose que tu peux anticiper, tu dois partir pour le découvrir.

— Je crois que je suis coincée ici à tout jamais, conclus-je en souriant bêtement.

En y réfléchissant bien, « ici » pouvait faire référence à de nombreuses choses. La ville dans laquelle je vivais, la situation dans laquelle je me trouvais ou alors tout simplement mon cerveau qui me gardait prisonnière. Comment lui échapper ? J'étais à sa merci depuis le début.

— Tu vois ? Je t'avais bien dit qu'il était revenu, exposa mon amie en pointant quelqu'un du doigt par la fenêtre.

Je m'accoudai au rebord de la fenêtre et soutins mon visage à l'aide de ma main. Mason était de retour au lycée et semblait plus seul que jamais. Il était assis sur un banc et fumait à l'abri des regards indiscrets. Du moins, c'était ce qu'il croyait puisque je le voyais plutôt bien de là où je me trouvais... J'avais tout le loisir de l'observer sans me retenir et sans crainte qu'il ne me surprenne. Mes sens étaient en émoi malgré la distance qui nous séparait.

Reprends-toi, Rafaela.

— C'est rare de le voir tout seul... songeai-je.

— Notre classe marche sur des œufs, ils l'ont tellement attendu qu'ils n'ont pas su quoi lui dire à son retour, expliqua-t-elle en ne le quittant pas des yeux. Tu aurais dû voir le silence de mort qui s'est abattu dans la pièce quand il a ouvert la porte... Il s'est assis à sa place sans un mot. Tu imagines, toi ? La star de la classe qui fait vœu de silence... C'est la fin d'une ère.

A FLEUR DE PEAUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant