— Tu es arrivée, annonça le petit ami mensuel de ma génitrice.— Ce n'est pas trop tôt, rétorquai-je en n'oubliant pas de rouler des yeux.
Je retirai sa main baladeuse de ma cuisse et descendis de la voiture. Quelle plaie, pensai-je. Je fermai la portière en la claquant pour montrer mon mécontentement, je ne portais pas cet homme dans mon cœur et je fis le souhait que ma mère s'en lasse vite. Aussi vite que son rôle de mère, si possible. Depuis la séparation avec mon père, elle enchaînait les conquêtes sans qu'elles n'aboutissent. Cependant, cet Alonso était le premier à me faire du rentre-dedans. Il avait dû saisir que ma mère ne souhaitait pas de relation stable et qu'elle le voyait comme un jouet avec lequel assouvir ses désirs les plus fous pendant un temps... Jusqu'au prochain. Alors il tentait sa chance avec plus jeune que lui.
J'avais envie de vomir.
Ma mère était de retour après une énième crise existentielle et je n'avais pas cherché à comprendre car j'avais pris conscience qu'il ne me restait plus qu'elle. J'étais rentrée un soir et je l'avais retrouvée assise à table à m'attendre pour dîner. Même si j'avais ressenti une boule douloureuse dans la gorge en la voyant, je m'étais assise en face d'elle sans broncher, il m'arrivait de mettre ma fierté de côté même si elle ne disparaissait jamais réellement. Elle m'avait contée sa dernière conquête aussi folle qu'excitante comme une fille de mon âge aurait pu s'égosiller et j'avais fait de mon mieux pour ne pas lui sauter au cou, folle de rage. Je détestais la voir boire autant.
Les écouteurs dans les oreilles étant donné que ma mère avait retrouvé mon téléphone portable après des jours de recherche, je marchai lentement en direction de l'enfer sur Terre. J'avais omis le fait que j'avais rempli l'évier d'eau et que je l'avais laissé se noyer des jours durant, les messages de détresse de la part de Rahim m'avaient visiblement fait perdre la tête. Pourvu que je la retrouve... Bien évidemment inutilisable, ma très chère mère m'avait donc cédé son ancien portable qui possédait d'ailleurs un joli fond d'écran de mon frère aîné, mon frère cadet et moi-même. Heureusement que les photographies existaient car j'avais oublié à quel point nous avions pu être proches tous les trois. Tout était parti en fumée et ce bien avant l'incident macabre.
En pénétrant dans l'enceinte du lycée, je sentis immédiatement que l'atmosphère n'était pas comme à son habitude, elle semblait encore plus pesante. J'augmentai le son de mes écouteurs de ce fait, je détestais ce genre d'ambiance déprimante qui me donnait envie de me tirer une balle dans la tête. Je n'étais pas curieuse, les nouvelles viendraient à moi sans que je n'aie à les chercher. Je m'étais dirigée machinalement vers les toilettes des filles qui étaient devenus mon quartier général sans m'en rendre compte et y retrouvai Arabella qui se maquillait les yeux à l'aide d'un crayon khôl.
VOUS LISEZ
A FLEUR DE PEAU
RomancePris au piège par la routine suffocante de l'adolescence, Rafaela et Mason, livrés à eux-mêmes, cherchent leur place dans le monde. Ils rêvent d'ailleurs ainsi que de liberté. L'alcool, les drogues et le sexe bernent le vide de leur être. Ils se che...