Les liens de l'âme

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– Edito ? lâcha la voix de son abuela.

Eddie tenta de sortir de son brouillard.

Il avait mal à la tête et il se sentait vide. Il se trouvait allongé sur le sol de sa cuisine et ce qu'il y faisait était entouré par un épais brouillard dans son esprit. Il se souvenait parfaitement de la veille, de sa découverte sur Buck, de sa douleur, de ses larmes, de sa rage aussi.

Il avait minutieusement détruit tout ce que contenait sa cuisine lorsqu'il s'était rendu compte qu'il était bien incapable de reproduire l'une des recettes que lui avait apprise Buck. Pourtant, il se souvenait de chaque mot, de chaque encouragement prononcé par le jeune homme.

Mais sans lui à quoi cela servait-il ?

– Oh Dios, Edito ! s'exclama Abuela alors qu'il se redressait en position assise. Mais qu'est-ce qui t'es arrivé ?

Il ne pouvait pas parler et il se contenta de secouer la tête.

Les larmes envahirent ses yeux et dégringolèrent sur ses joues alors que sa grand-mère l'attirait dans ses bras. Il s'accrocha à elle aussi fort qu'il le pouvait sans lui faire du mal et il sanglota comme un enfant. Elle se contenta de le bercer en silence jusqu'à ce qu'il se calme.

Lorsque que sa respiration se régularisa elle se dégagea.

– Allez Edito, ne restons pas sur le sol. Viens !

Il la suivit dans le salon et il s'installa contre elle, la tête posée sur ses genoux. Elle lui caressa les cheveux et il profita simplement du réconfort de ce simple geste tout droit venu de son enfance.

– Parles moi, Edito. Dis-moi ce qui se passe. Abuela peut tout arranger.

– Pas cette fois, Abuela, souffla-t-il la gorge serrée.

– Tout problème à sa solution, affirma-t-elle. C'est une question d'équilibre.

Eddie secoua la tête.

Il garda le silence et sa grand-mère n'insista pas. Ils restèrent ainsi de longues minutes et Eddie souhaitait plus que tout s'endormir, peut-être ne plus jamais se réveiller mais même s'il avait sommeil, il savait qu'il n'aurait pas cette chance.

– Tu sais ? murmura-t-il. Que tu es bis-abuela maintenant ?

– Je sais, souffla-t-elle. Maître Bartold m'a contacté ce matin. Je suis venue dès qu'il a raccroché. L'as-tu rencontré ?

– Oui, il s'appelle Christopher et il vit actuellement chez mon capitaine. Il est parfait Abuela. Juste parfait.

– Et l'homme qui te l'a enlevé, c'est ton capitaine ?

– Non, tressaillit-il. Et il ne me l'a pas enlevé, il a pris soin de lui, craqua-t-il.

– Oh Edito...

– Il est parfait, le père parfait pour lui. Christopher est heureux avec lui.

– Il l'aurait également été avec toi, le rassura-t-elle.

– A quel point suis-je foiré ? lâcha-t-il désespéré. Pour intenter une action en justice contre un homme qui ne peut pas se défendre.

– Je ne comprends pas.

– Son père, il... Il est dans le coma, il... Dios, il me manque Abuela, je ne veux pas le perdre alors que je ne l'ai jamais vraiment eu. Est-ce que ça a seulement du sens ?

– Aucun Edito, tu vas devoir t'expliquer. Tu connais cet homme ?

– Non... Oui. Je ne sais plus.

– Mais qu'est-ce qui se passe ? s'inquiéta-t-elle. Pourquoi souffres-tu ainsi alors que tu devrais être heureux et combatif pour récupérer ton petit ?

– Buck, sanglota-t-il. Je ne suis pas prêt Abuela, je ne comprends rien à tout ça.

– Parles-moi Eddie, lâcha-t-elle soudain. Qui est Buck ?

– Le fils de mon capitaine, admit-il après avoir pris plusieurs respirations pour se calmer. Il a été foudroyé... il y a cinq mois. C'est lui qui a pris soin de Christopher depuis sa naissance mais aujourd'hui il est dans le coma. Cinq mois Abuela et pourtant je suis sûr de l'avoir rencontré à mes débuts au 118, il y a un peu plus d'un mois. Et je suis tombé amoureux de lui, j'étais sûr qu'il vivait ici avec moi. Est-ce que je deviens fou ?

– Non, Edito, non bien sûr que non, le rassura-t-elle. Et je suis si désolée que tu doives faire face à cette douleur. J'aurais dû mieux te préparer.

Eddie fronça les sourcils et se redressa pour regarder sa grand-mère qui semblait rongé par le remord sans qu'il ne saisisse pourquoi.

– Je ne comprends pas.

– Ton père a refusé que je t'en parle, il dit que ce sont des histoires de bonnes femmes mais Eddie tu as rencontré ton âme-sœur.

– Abuela..., soupira-t-il.

– C'est sérieux Eddie. Si ce Buck est dans le coma mais que tu peux parler avec lui, le toucher... C'est grâce aux liens de l'âme. Vos deux âmes sont destinées l'une à l'autre, elles sont liées. Quand l'une des âmes est sur le point de mourir, elle part à la recherche de son âme-sœur afin de lui faire ses adieux.

– Comment savoir si je ne suis pas simplement devenu fou ?

– Parce que je l'ai vécu, admit-elle. C'était bien avant ton abuelo et j'étais une toute jeune femme à l'époque. Cela a duré quelques semaines. Il s'appelait Ramon, c'est la raison pour laquelle j'ai nommé ton père ainsi. Il a eu un grave accident et est mort des suites de ses blessures. Je croyais qu'il était simplement parti mais j'ai appris sa mort dans le journal et sa lente agonie. C'est là que ma mère m'a parlé des liens de l'âme.

– Alors... c'était réel ? demanda-t-il dévasté d'avoir chassé son âme-sœur.

– C'était réel, confirma-t-elle.

– Comment je le fais revenir ? J'étais tellement en colère, que je lui aie dit de disparaitre. Abuela, je t'en prie dis moi que j'ai encore une chance.

– Je ne sais pas, Edito. Je n'ai pas connaissance d'âmes sœurs ayant réussis à se retrouver après une telle expérience. Le blessé fini toujours par mourir.

– Non, supplia Eddie.

– Je suis si désolée pour toi, mon petit.

Eddie refusait cette fatalité de toutes ses forces.

Mais avait-il encore une chance de revoir Buck, de lui dire à quel point il était désolé, à quel point il l'aimait ? Il ne pouvait pas imaginer le perdre maintenant qu'il savait que tout était réel.

Il se redressa et quitta le canapé en enfilant sa veste.

– Il y a forcément un moyen, lâcha-t-il.

– Il n'y en a aucun, Eddie.

– J'en trouverai un. Chaque problème a sa solution, n'est-ce pas ?

– Tu dois le laisser partir, Eddie. Il est resté bloqué ici pour toi. Tu le fais souffrir inutilement en le retenant.

– Je ne suis pas prêt.

– Tu dois lui faire tes adieux. Il n'y a pas d'autres options.

– Je ne pourrai jamais me remettre de l'avoir perdu.

– Non, mais tu vivras avec, lui affirma-t-elle. Tu as un fils à élever maintenant. Tu dois penser à lui et à son bien-être.

– Justement ! Christopher ne pourra jamais être heureux sans lui. Il est le père qu'il a toujours connu. On a besoin de lui tous les deux. Il a dit qu'il essayait de se réveiller mais qu'il n'y arrivait pas. Il est dans le coma depuis cinq mois Abuela, c'est la preuve qu'il se bat pour vivre.

– Ecoute moi Edito, tu ne dois pas placer tout ton espoir dans sa guérison parce que tu pourrais en mourir de désespoir.

– Quel importance ? lâcha-t-il en haussant les épaules. C'est ce qui se passera si je le perds de toute façon.

Il sauta dans ses baskets et quitta sa maison, bien décidé à retrouver son petit ami et à tout faire pour le sauver.

Restait à trouver comment faire.

9-1-1 - Mon âme destinée - (AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant