Chapitre 2 - Hallucination, rêve ou souvenirs ? CORRIGÉ

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Point de vue de Joyce :

Allongé à plat ventre sur un cheval blanc, je me réveille. Autour de mes jambes et de mes poignets, des cordes m'empêchent d'effectuer le moindre mouvement. J'aimerais hurler à la mort ma détresse, mais à quoi bon ? Pour recevoir un nouveau coup sur la tête et être inconsciente ? Ça ne m'avancerait à rien. Pourtant, je refuse de me laisser enlever avec tant de facilités sans même tenter de me défendre. Ces tueurs m'emmènent je ne sais où. Avec ma chance, je me trouve peut-être déjà dans un autre pays.

Une multitude de questions me terrifie. L'idée qu'ils me réservent le même sort qu'à ma grand-mère, me donne la chair de poule. Pourquoi supprimer la vie de Jeanne ? Je suppose que puisque je les ai vus sur la scène du crime, ils souhaitent me retirer du jeu. Je représente leur seul témoin.

Questionner mon agresseur se révèle inutile dans mon cas. Même s'il accepte de me répondre, je ne possède pas la capacité d'entendre ses réponses. Fichue surdité de merde ! Une fois de plus, je demeure faible.

Je repense à la voix dans mes appareils auditifs. La fameuse hallucination. Cette voix sortie de nulle part me prévenait que je courais un danger. La femme me parlait-elle de ça, de ses assassins ? Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une coïncidence. Comment est-ce possible ? Depuis mes 16 ans, je ne perçois aucun son. Je me trouvais seule sur la terrasse, sans personne. Pourquoi cette voix me prévenait-elle ? Qui était-elle ?

Il s'agissait d'une vraie mise en garde. Je renifle tandis que des larmes coulent. Je regrette de ne pas l'avoir prise au sérieux. J'aurais, avec un peu de chance, pu sauver ma grand-mère. La seule personne qui me restait, la seule que j'aimais et qui m'aimait en retour.

Elle représentait mon seul repère. Celle pour qui je m'efforçais à sourire, à vivre. Pourquoi la tuer, elle. Une femme hippie de 82 ans qui n'a jamais tapé une mouche ? Tout ceci me semble illogique. Elle ne sortait jamais de la maison. Elle ne possédait ni ennemis ni amis. Elle respectait toujours les lois, payer à temps son loyer et se montrer cordiale avec les voisins. Jeanne était une simple couturière à la retraite.

Après plusieurs battements de cils, mes yeux s'habituent à la lumière du jour. Mon Dieu, la lumière du jour. Mais depuis quand m'a-t-on enlevé ? Mon dernier souvenir date de cet homme aux yeux noisette juste avant mon coup à la tête. Je me rappelle que je revenais des courses. Le soleil se couchait. Pourtant, l'astre du jour rayonne comme en pleine après-midi.

Ne pouvant que regarder devant moi dans cette affreuse position, j'essaie de reconnaître l'endroit. De grands chênes nous entourent de par et d'autre. De la mousse vert foncé recouvre le sol, dessus, poussent d'étranges, mais ravissantes fleurs orange. Malgré le jour levé, un vent froid, hivernal me frappe de plein fouet. Ma veste en jean est loin d'être suffisante.

Je ne reconnais pas les lieux, mais mon instinct me dit que je suis bien loin de chez moi. Je sens tout mon sang de mon corps pulsé dans ma tête. J'ai l'impression qu'elle va exploser et que mon cerveau va sortir par mes narines si je reste la tête en bas. Mes paupières, à court d'énergie, me lâchent.

« Rentrez à la maison Mhoracht. » Chuchote la même voix que la dernière fois.

Qui est-elle, d'où vient-elle ? Suis-je simplement en train de perdre la tête ? Je sens mon corps ligoté glissé ainsi que des mains fermes m'agrippant. À peine mes pieds ont-ils touché le sol que les revoilà en l'air avec ma tête une nouvelle fois à l'envers.

L'homme me transporte sur son épaule comme un sac à patate. Il me porte comme si je ne pesais rien avec une telle facilitée et rapidité que cela en devient étrange. En prenant une grande bouffée d'air, un parfum sauvage de gingembre aux notes délicates de vanilles me chatouille les narines. Lorsque cette fois-ci, j'ouvre les yeux, je peux mieux distinguer ce qui m'entoure.

Nous ne nous trouvons plus dans une forêt, mais dans un village. Je suis convaincu de ne jamais avoir mis un pied ici. Pourtant, ce lieu ne me paraît pas inconnu. La forme de ces maisons toutes en poutres accompagnée de verdure sur les murs me parlent. Ces ruelles en pavés éclairées par de grandes torches me semble familière. Découragée de ne pas reconnaître ce village, je baisse la tête.

Je remarque pour la première fois que d'autres individus nous accompagne. À ma droite, un homme armé d'une épée rangée et accrochée à sa ceinture. Son arme ainsi que son visage fermé et marqué ne me rassure en rien !

Quant à ma gauche, un, un loup ? Depuis quand les loups se baladent en villes aussi près de l'Homme ? Cela ne parais choquée que moi. Je suis entouré de tueurs accompagnés d'une créature sortie tout droit d'un cauchemar !

Je détourne mon regard d'eux et me focalise sur moi. La température ne s'améliore pas. Cependant, le dos sur lequel mon corps repose, m'offre une étrange chaleur. Elle m'évite de tomber en hypothermie.

Nous passons sur ce qui me paraît être une place. En son centre, un puits se dessine. Soudain, mes yeux se voilent d'un brouillard épais. De manière instinctive, mes paupières se ferment. Plongée à présent dans ma propre obscurité, des images m'apparaissent.

Je me visualise dans le corps d'une femme debout sur cette place. Devant elle, une meute entière de loups sauvages se tient assise, les têtes vers le sol. Mes bras se lèvent en leur direction. Mes poings s'ouvrent ensuite, la paume tournée vers le ciel. Sans m'y attendre, des secousses me sortent de ce drôle de rêve. Je ré-ouvre alors mes yeux sous l'effet de panique.

Mon ravisseur descend à la hâte des escaliers. Je crois reconnaître les vestiges d'une tour. Plus il descend, plus je peux deviner l'odeur de renfermé mélanger à celle de l'humidité.

Arrivé à destination, l'homme me dépose au sol sans la moindre délicatesse. Mon dos râpe sur le sol caillouteux. L'homme me renferme aussitôt dans cette cellule identique à celles des prisons dans les films.

La pénombre emplit la pièce. Seuls quelques filets lumineux éclairent le lieu. Assis par terre, je tente de reprendre mes esprits afin de trouver une quelconque explication logique à ses événements. Les deux individus ainsi que leur loup de compagnie me dévisage. On dirait qu'ils attendent une réaction de ma part. La luminosité ne me permet pas de distinguer si leurs lèvres bougent. Sans doute me parlent-ils et réclament une réponse.

Je me concentre sur celui qui se trouvait dans ma cuisine, celui-là même qui m'a kidnappée. Je remarque à peine ses cheveux mi-long en bataille. À la différence de ses yeux couleurs noisette qui percent la noirceur de ses lieux.

Après ce qui me paraît une éternité, ils partent me laissant seule avec les champignons sur les murs. Merde, où est-ce que je suis ? Je ne comprends rien à ce qui se passe. Le corps de ma grand-mère se vidant de son sang passe en boucle dans ma tête. C'est lui. Lui et ses foutus yeux noisette qui l'a tué. Il tenait encore son arme quand je l'ai surpris. Il inspectait sa lame encore tacher de rouge. Pourquoi elle ? Pourquoi ?

Après une bonne crise de larmes que je ne pouvais plus retenir, je tente de me déplacer. Les frottements des cordes me brûle la peau. Se mouvoir avec les membres bâillonnaient ne relève en rien de la facilité. Je manque à deux reprises de m'écraser la tête contre le sol. Ce n'est pas eux qui vont me tuer, mais moi avec ma maladresse. Je finis par trouver une position convenable, le dos contre le mur du fond

Je n'ai plus la notion du temps. Je ne peux dire depuis combien de temps, je me trouve ici. Ils ne sont toujours pas revenus me voir. Sans doute, projette-t-ils de me laisser moisir ici.

Une sensation de creux dans l'estomac grandit à mesure que les minutes défilent. Mes muscles si contractés en deviennent douloureux. Ainsi la famine, la douleur, la peur et la fatigue m'entraîne dans un semblant de sommeil.

Je suis encore debout sur cette place, les mêmes loups me font toujours face. Mes bras sont tendus, mes paumes sont tournées vers le ciel. Ma tête, quant à elle, bascule en arrière. Une lumière blanche jaillit de mes mains. Elle se dirige vers les têtes de loups créant une sorte de liens entre eux et moi.

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Elzengarde TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant