C'était un soir d'été lorsque la cadette était allée voir son père. Elle avait besoin de lui parler en privé alors elle l'avait rejoint sur la terrasse. Elle s'était assise près de lui et il lui avait tendu la cigarette qu'il venait d'allumer. L'adolescente ne fumait que si son père lui donnait du tabac, ce n'était donc pas fréquent. Ce soir-là, l'air était lourd et orageux et elle ne refusa pas.
- Père. J'ai besoin de vous parler.
- Je t'écoute ma fille.
- On me courtise, Père. Des hommes de mon âge et des hommes plus vieux.
- J'espère que tu ne te laisses pas faire, déclara-t-il en crachant la fumée de sa propre cigarette.
- Non, je ne me laisse pas faire. Comme vous me l'avez ordonné. Mais j'ai une question.
- Parle-moi. Dis-moi ce qui te tracasse.
- Pourquoi avez-vous laissé mes sœurs se marier alors que vous refusez de me laisser partir ?
Il soupira et la jeune fille craignit l'avoir froissé.
- Pardonnez-moi, Père. Je ne devrais pas vous interroger. Vous agissez pour le bien de notre famille.
- On dit toujours que le dernier enfant est celui auquel on tient le plus. Tu es ma dernière fille.
- Mes frères sont presque en âge de se marier. Je serais la risée de la Communauté si je ne suis pas partie de la maison avant eux.
- Ma chérie, si tu savais. Si tu savais dans quel monde nous vivons tu ne réclamerais pas un époux.
- Expliquez moi père, je veux comprendre.
Il soupira encore avant de reprendre à voix basse.
- Cela fait des générations que nous vivons ici en autarcie. Cela fait des décennies que nous ne nous sommes pas mêlés aux gens de l'extérieur.
- Je ne comprends pas.
- J'ai grandi avec une de tes mères. Nous avons bu le même lait, nous partageons le même sang.
La jeune fille manqua de s'étouffer avec la fumée de sa cigarette.
- Vous... Votre sœur ? Pourquoi ? Comment ?
- C'est ainsi. Ce sont nos traditions. Les hommes prennent plusieurs épouses et ils leur font de nombreux enfants. Ces enfants ne peuvent que se marier entre eux, ils sont si nombreux. Nous sommes si nombreux.
- Je... je ne comprends pas pourquoi vous refusez que je perpétue nos traditions. Si c'est mon destin de... de...
L'idée la fit frissonner et elle prit une nouvelle cigarette.
- Ton destin est d'être libre, ma fille. Je ne laisserai personne t'enfermer. Tu es la seule de mes enfants qui soit saine d'esprit.
Cette nuit-là,la jeune fille réfléchit aux paroles de son père. Elle n'arrivait pas savoir s'ill'aimait un peu trop où si elle avait de la chance. Elle ne savait pas de quoiserait fait son avenir.
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Vous ne pouvez pas forcer une personne à vous aimer
Mystery / ThrillerNon, c'est vrai. Vous ne pouvez pas forcer une personne à vous aimer. Cependant vous pouvez l'enfermer dans votre cave et attendre qu'elle développe le syndrome de Stockholm. Ce sera long, bruyant et fastidieux, mais c'est possible. Ceci n'est pas...