La mère de Gourmandise

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Le premier Noël de Vanité dans sa nouvelle famille se passa à merveille. Elle rencontra les parents de Luxure et Envie qu'elle trouva très sympathiques. Mais la personne avec qui elle préféra passer du temps fut la mère de Gourmandise. C'était une vieille femme qui aurait pu être sa grand-mère d'un naturel jovial et doux. Sa chevelure blanche ressemblait à la toison d'un mouton et d'après Envie, elle sentait perpétuellement la tarte aux pommes à la cannelle. La réception se termina tard dans la nuit et les femmes Martin se couchèrent sans rien débarrasser.

A présent qu'il y avait quatre salaires fixes, la famille Martin fit quelques aménagements supplémentaires dans la maison : on isola l'extérieur et on refit la toiture. On aménagea aussi le grenier en une suite nuptiale pour Avarice qui céda sa salle de bain et son ancienne chambre à ses épouses. Elles n'en parlèrent pas mais elles savaient toutes que la maitresse de maison ne s'arrêterai pas après Vanité qui appréhendait, craignant qu'Avarice ne l'aime plus. Luxure ronchonnait à chaque fois qu'elles sortaient ensemble même si elle savait qu'elle ne pourrait jamais aller contre la nature de sa femme.

Quelques mois après la nouvelle année, Gourmandise commença à avoir un comportement étrange. Son éternelle bienveillance laissa place à de l'irritabilité, son sourire ternit et elle perdit l'appétit. Avarice voulut parler avec elle, savoir ce qui n'allait pas mais sa femme refusait se livrer. Elle refusait beaucoup de choses d'ailleurs : essayer de nouvelles recettes, par exemple ou faire l'amour. Même Vanité n'avait pas su lui faire dire ce qui n'allait pas. La maitresse de maison mit cela sur la crise de la quarantaine dans laquelle elles entraient toutes progressivement – sauf la dernière venue bien sûr.

Un après midi, Avarice particulièrement mécontente, réunit ses épouses dans la salle à manger. Elle leur présenta une facture téléphonique au total bien trop élevé – c'était elle qui les payait avec toutes les autres factures de la maisonnée. Elle ne leur dit d'abord rien, les laissant lire et se rendre compte de ce qu'elles voyaient. Presqu'une heure passa sans qu'elles ne se parlent et Avarice se décida à prendre à les interroger :

- Puis-je savoir qui fait un hors forfait aussi monumental ?

On ne lui répondit pas.

- Je vous en prie, s'énerva-t-elle. Ne faites pas comme si vous ne saviez pas. Je vois bien a vos têtes que vous êtes toutes les quatre au courant. Et que vous n'avez rien voulu me dire !

- Ne t'énerve pas, s'il te plait, dit enfin Luxure.

- Toi tu la ferme, ordonna Avarice. Je sais que c'est pas toi.

- Ne crie pas, bredouilla Vanité au bord des larmes.

Avarice ferma un instant les yeux pour contenir sa colère. Que ses femmes lui cache des choses ne la dérangeait pas mais ce qu'elles avaient fait là, c'était différent. Elles étaient toutes au courant que l'une d'entre elles passait des appels outrageusement longs et elles se protégeaient mutuellement.

- Je vais m'énerver. Je le sens, je vais m'énerver si vous ne me répondez pas rapidement. Je veux savoir qui est responsable et pour quelle raison je dois vous payer presque 40 balles de hors forfait chacune.

Gourmandise fondit en larmes. Avarice se leva doucement, consciente de la peur qu'elle leur inspirait quand elle se mettait en colère. Elle prit sa chaise pour s'installer auprès de sa troisième épouse et la tourner vers elle :

- Gourmandise. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Gourmandise secoua la tête de gauche à droite, le visage dans ses mains. Avarice la prit contre elle sans comprendre ce qu'il lui arrivait. Elle se tourna vers Luxure et elle ordonna durement :

Vous ne pouvez pas forcer une personne à vous aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant