Des souvenirs

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Après le déjeuner, Vanité échappa à la vigilance d'Avarice pour se rendre à la cave. Elle alluma la lumière et descendit prudemment en contemplant la pièce. Pour la première fois, elle la voyait de l'extérieur, comme si elle n'y avait pas vécu pendant des mois. Elle regarda le matelas posé à même le sol, n'osant pas vraiment s'en approcher. Elle avait dormi là, par terre. Cela lui semblait à la fois indécent parce qu'on l'avait considéré comme un animal et parfaitement normal. Elle jeta un œil à la petite table sur laquelle elle avait prit son petit déjeuner le matin même. En regardant mieux, elle vit que tout était propre et rangé. Elle vit un vase qui avait contenu des fleurs, des roses rouges la plupart du temps qui avaient soigneusement été dépouillées de leurs épines. Elle regarda le cendrier de verre briller comme s'il était neuf et se rappela Avarice qui y déposait ses cendres lorsqu'elle venait fumer près d'elle. Elle se rappela ses petites attentions et sa tendresse. Elle aimait Avarice, profondément. Elle entendit qu'on descendait et avant qu'elle puisse se retourner, Avarice passa les bras autour de sa taille et posa le menton sur son épaule

- Pourquoi es-tu redescendue ici ? demanda-t-elle doucement.

- Je ne sais pas. Je pensais que j'aurais des choses à monter dans ma nouvelle chambre.

- Il n'y a rien à toi ici, chérie.

- Je n'ai donc rien emporté quand je suis venue vivre ici ?

- Tu avais un sac à main et des vêtements.

- Est-ce que tu m'as enlevée ?

- Non, tu m'as suivie. Tu es venue chez moi et tu m'as dit que tu voulais m'épouser. Tu as appelé ta mère et tu lui as dit que tu allais te marier. Tu n'étais ni saoul ni droguée.

- Depuis combien de temps je vis chez toi ?

- Un peu plus d'un an.

Vanité resta muette. Elle avait oublié le temps passé et beaucoup d'autres choses aussi, elle en était sure.

- J'aimerai qu'on se préparer à sortir.

- Dehors ?

Vanité n'était pas sortie de la maison depuis plus d'un an, autant dire une éternité. Il y avait bien une fenêtre dans la cave, qu'on ouvrait régulièrement mais jamais en entier. L'air y passait, la lumière aussi bien que tamisée par un film opaque. Comment était-ce à l'extérieur ? Allait-on la juger ? Allait-on l'interroger sur sa présence ? Allait-elle être acceptée par la communauté ?

Pendant qu'elle se posait toutes ces questions, elle montait les escaliers à la suite d'Avarice sans vraiment voir où elle allait.

- Je croyais qu'on sortait ? murmura-t-elle en se rendant compte qu'elles étaient dans une chambre.

- J'aimerai que tu te maquilles. Comme avant.

- Je me maquillais toujours, n'est-ce pas ?

- En effet.

Avarice avait déposé devant elle un nécessaire de maquillage qui lui était familier. Vanité pensa qu'il avait dut lui appartenir, avant qu'elle n'habite avec les Martin. Elle effleura les pinceaux, les crayons et les palettes de couleur. En souriant, elle rougit ses lèvres, rosit ses pommettes et noircit ses yeux. Luxure, Envie et Gourmandise étaient à la porte et Avarice s'approcha d'elles. Elle murmura :

- Elle est superbe, vous ne trouvez pas ?

- Elle est vraiment très belle, avoua Envie. On dirait qu'elle revit.

- Nous sortons mesdames. Préparez-vous.

Lorsqu'elles furent toutes prêtes, les femmes Martin attendirent devant la porte d'entrée. Vanité les approcha, devançant leur épouse, resplendissante. Avarice regarda sévèrement Gourmandise qui la regarda à son tour avant de baisser les yeux. Elle se rendit à la cuisine et revint avec les publicités reçues la veille. Elle les roula et les tendit à son épouse avant de tendre sa main droite devant elle.

Vous ne pouvez pas forcer une personne à vous aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant