CHAPITRE 42

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ATMOSPHÈRE : « Cut, Plumb »  ♪

Une semaine...Deux semaines...Un mois. Un mois que j'étais enfermée entre ses quatre murs. Un mois qu'Enzo me torturait aussi bien mentalement que physiquement. Il s'attaquait surtout à mon visage, car il le détestait. « Tu ne lui ressembleras plus », crachait-il souvent. La douleur était devenue ma principale compagnie dans cette cellule. Comme un hurlement silencieux qui résonnait dans chaque fibre de mon être. Mon corps était un champ de bataille, marqué par les coups, les brulures de mégots et les cicatrices invisibles faites à mon âme. J'avais perdu la notion du temps, chaque jour se fondant dans le suivant. Enzo avait une haine viscérale pour moi. Il répétait sans cesse que plus jamais je ne lui ressemblerais. À elle, à sa sœur. Une beauté apparemment angélique qu'il avait perdue tragiquement. Mais au lieu de me laisser en paix, il avait décidé de me défigurer. Mon visage était l'endroit sur lequel il prenait le plus son pied. Plus le sang se répandait sur le béton de la cave, plus son sourire s'élargissait. Il n'y avait pas de miroirs ici et heureusement, car je crois que je serais incapable de reconnaître mon propre reflet. Mais surtout, parce que je l'aurais certainement détesté, moi aussi. Je la détestais sans même la connaitre parce que c'était à cause d'elle que je subissais tout ça.

À cause d'elle, que son frère me haïssait. Je pouvais voir mes poignets s'amincir au fil du temps.

Mes os commençaient à ressortir tandis que mes doigts frêles peinaient à tenir une vulgaire fourchette dans mes mains. Après plus de trente jours passés ici, une sorte de routine s'était installée. Il quittait la maison tôt le matin, prétextant aller travailler en me laissant seule la majeure partie du temps avant de revenir tard le soir. Je ne savais pas quelle heure il était, mais la fine lumière passant entre les barreaux m'indiquait au moins à quel moment de la journée nous étions. C'était la seule chose ici qui me permettait de ne pas perdre la tête.

D'abord, il me frappait, jusqu'à ce que je crache du sang et que je ne puisse plus me débattre. Jusqu'à ce que je n'ai plus la force de crier. Ensuite, un autre homme appelé John me rejoignait. Il me déshabillait et me violait, encore et encore. Enzo ne bougeait pas, il restait là à regarder. Prétextant qu'il ne pouvait pas le faire lui-même, car je cite : « L'inceste n'était pas son truc ».

Quand il décidait que j'avais eu ma dose pour la soirée, il me ligotait à une chaise, essayant de m'extirper des informations que je n'avais pas. Pour me motivée, il avait toujours une cigarette à sa disposition et moi, j'étais devenue son cendrier. Si la conversation allait en son sens, je pouvais manger. Si en revanche je ne répondais pas comme il le souhaitait, je jeûnais.

C'était Sébastian qui m'apportait mes repas. Il était devenu muet, comme si à force de me voir mourir peu à peu il ressentait enfin de la culpabilité. Il entrait, me déposait mon plateau et puis repartait sans un mot de plus.

Un mois que je baignais dans mes propres excréments, entouré de mon propre sang sécher au sol. Parfois, il me laissait une loque pour nettoyer et, ce jour-là, j'étais la plus heureuse du monde.

Au départ, je cherchais encore à m'enfuir. J'essayais de me battre contre lui, mais doucement, je n'en avais plus la force. Je n'avais plus aucune raison de me battre, personne ne m'attendait, personne ne viendrait me chercher. Je resterais son esclave pour le restant de ma vie alors à quoi bon ? Je priais pour qu'un jour il se lasse, qu'il en ai marre de moi. Ce jour-là, il me tuerait probablement et ce serait pour moi la plus belle des délivrances.

Un soir, après m'avoir passé à tabac, je m'étais roulée en boule comme d'habitude sur cette fine couverture, attendant que ma deuxième source de souffrance arrive. Mais je n'ai pas vu John arriver. Il aimait me faire attendre parfois, voir que la peur s'emparait de moi, que mes muscles tremblaient dans l'attente de son arrivée l'excitait. Ce soir-là, j'attendais qu'il ouvre cette foutue porte, mais rien. Il n'était jamais venu.

LA VERITÉ MENT TOME1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant