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La petite fille avait peur.
Elle aurait aimé que sa mère soit là pour elle.
Elle aurait souhaité que sa mère ait encore cette aura qui, petite, la faisait toujours se sentir en sécurité.
Maintenant, elle ne savait plus vraiment si c'était sa mère en tant que personne qui dégageait cette présence rassurante, ou si c'était le concept de mère.
Parce que quand on est une petite fille qui découvre le monde, c'est facile de se raccrocher à la personne qui est là depuis toujours. C'est une personne grande, constante, qui semble tout savoir et pouvoir te protéger de tout.
Mais maintenant, la petite fille se rendait compte que sa mère n'était peut-être pas vraiment cette personne-là. Et elle lui en voulait, un peu. Même si c'était mal.
Et puis, dans l'aura protectrice de sa mère, il y avait aussi eu cette trace d'amour, qui peut-être était la cause de toute l'impression de sécurité qu'elle dégageait.
Et alors, maintenant que la petite fille savait que sa mère n'était pas aussi sûre d'elle et constante qu'elle lui avait toujours semblé l'être, le doute sur l'amour venait avec.
Sa mère l'aimait-elle vraiment ?
Et avec cette question et tout ce qu'elle impliquait, en venait une autre, encore plus terrible.
La petite fille aimait-elle vraiment sa mère ?

* * *

2ème jour.

Yosano marchait le long de la mer, tenant fermement contre sa poitrine sa mallette de médecin et jurant pour elle-même à voix basse.

Elle avançait malgré les puissantes rafales de vent qui faisaient voler ses cheveux et sa jupe et lui envoyaient en pleine figure un nuage de sable ininterrompu. Elle marchait depuis plusieurs heures, essayant de passer par des chemins pas trop empruntés. Inutilement, peut-être : la région semblait comme inhabitée. Elle n'avait croisé personne depuis qu'elle avait laissé son chauffeur de taxi, qui l'avait conduite depuis l'aéroport dans ce coin paumé de Bretagne où elle était censée retrouver quelqu'un.

Depuis le début, elle n'avait cessé de se cramponner à sa mallette - mallette qui ne contenait d'ailleurs pas que d'innocents produits médicaux. En outre, il est possible que quelques instruments pouvant presque -avec un peu d'imagination- s'apparenter à des armes s'y soient glissés.

(Et alors quoi ? Il faut bien avoir de quoi se défendre, dans ce monde, quand on est une femme qui voyage seule. Surtout en ce moment.)

Et elle se cramponnait à cette mallette comme on se cramponne à son unique moyen de survie, sachant qu'en plus de ces quelques instruments se trouvait également ce qui faisait toute sa vie.

Sans le contenu de cette mallette, elle était condamnée ; et peut-être le serait également toute l'humanité.

Alors elle la serrait toujours plus fort contre sa poitrine, avançant malgré son épuisement, sa faim et le sable qui l'aveuglait à moitié.

Elle avait quelqu'un à retrouver.

《- T'as intérêt à en valoir le coup, crétin, marmonna-t-elle pour elle-même. Mais ne t'en fais pas, je vais finir par te trouver. Dazai Osamu.

* * *

Dazai n'y comprenait rien.

Mais alors, vraiment, rien de rien.

Les pensées se bousculaient dans sa tête, sa respiration était plus lourde que d'habitude, un étau semblait lui compresser la poitrine. Il avait l'impression que son esprit était à la fois en ébullition et complètement anesthésié, il n'arrivait pas vraiment à traiter les informations qui lui parvenaient ; il n'y comprenait rien.

𝐬𝐨𝐮𝐤𝐨𝐤𝐮 | seules les étoiles ont le droit de volerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant