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La petite fille était seule, parce qu'elle avait perdu son père ; il était censé protéger le pays, mais il avait sans doute été tué.
Elle était seule, parce qu'elle avait perdu sa mère ; elles étaient censées quitter le pays, mais elles ont été séparées.
De toute façon ça faisait longtemps qu'elle avait compris qu'elle ne l'aimait plus. Sa mère avait changé depuis le début de la guerre. Elle était devenue froide et distante, et la petite fille espérait qu'elle meure.

***

Jour 5

Assis en tailleur sur son canapé, ordinateur sur les genoux, Dazai parcourait internet sans relâche. Il n'avait pas bougé d'un pouce depuis que Chuuya était parti avec Lucy en ville sur ce qui ressemblait beaucoup à un coup de tête.

Il continuait son occupation de ces derniers jours, consistant à taper des pages et des pages de documents word et faire des dizaines de diapositives, qui rassemblaient tout ce qu'il pouvait trouver sur la catastrophe qui touchait l'humanité.

Même si les centaines d'articles qu'il avait lus pouvaient finalement être résumés en quelques points :

- cinq jours auparavant, en milieu d'après-midi, le monde entier avait ressenti un profond sentiment de malaise commun pendant dix secondes.

- depuis cet exact moment, chaque personne consommant quelque produit alimentaire que ce soit décédait dans les heures suivantes.

- cependant, il n'était plus possible de mourir d'autre chose, à part de la faim.

- les êtres vivants non-humains n'étaient pas touchés par ce phénomène.

Mais Dazai n'était pas satisfait.

Il voulait plus d'informations, plus, beaucoup plus, pouvoir les relier entre elles et vraiment comprendre ce qui n'allait pas.

Depuis toujours, Dazai avait été un maniaque du contrôle. Il était plus qu'intelligent, on l'appelait surdoué, et les situations dans lesquelles il s'était retrouvé dépassé se comptaient sur les doigts d'une main.

Celle-ci en était clairement une.

Au début, il avait même un peu paniqué, mais il s'était plutôt rapidement ressaisi.

Ce n'est pas comme s'il avait jamais eu peur de la mort. Il avait même essayé de la provoquer plusieurs fois.

L'incertitude et le manque total de contrôle l'avaient toujours beaucoup plus effrayé.

Même si ce serait quand même dommage de devoir mourir maintenant qu'il vivait avec Chuuya.

Cependant, il ne devrait pas se plaindre : ils avaient eu quatre ans de vie commune sans violence ni mafia. C'était sans doute beaucoup plus qu'ils ne le méritaient.

D'ailleurs, à propos de Chuuya, il allait vraiment falloir qu'ils aient une conversation. Le rouquin avait réussi à éviter le sujet pendant cinq jours ! Il ne se renseignait même pas sur les actualités !

Il ne faisait que suivre Lucy dans ses pitreries de chimie amatrice, et Dazai soupçonnait fortement que ce soit plus pour se changer les idées que dans un réel espoir de découvrir quoi que ce soit.

Dazai ne se souvenait même pas de la dernière fois qu'ils avaient laissé traîner autant de non-dits entre eux. Cela remontait probablement à avant qu'ils emménagent en France, du temps de la mafia.

Mais cette réaction leur ressemblait bien, en réalité. Dazai rencontrait un problème, il faisait tourner son cerveau à cent à l'heure, réfléchissant et analysant sans relâche. Chuuya enfermait ses inquiétudes en lui, les couvait en attendant que quelqu'un lui offre une solution qui lui permette de régler le problème avec ses pieds et ses poings.

𝐬𝐨𝐮𝐤𝐨𝐤𝐮 | seules les étoiles ont le droit de volerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant