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Parfois, la petite fille entendait des histoires.
On racontait comment était le monde en dehors de la guerre.
On décrivait des pays splendides où rayonnait le bonheur, aveuglant par sa puissance ; des terres lointaines où les gens s'aimaient sans avoir à penser à la mort.
Parfois, aussi, on racontait un monde dévasté par les rêves de grandeur de nature humaine. Un monde qui courait à sa perte, avalé tout entier par la pollution et la destruction qui ne laissaient rien derrière elles.
La petite fille n'aimait pas ces histoires.
Elle aurait voulu ne pas les croire.

***

Jour 7

- Lucy, arrête de faire ta touriste et viens ici !

- Attends mais regarde, il y a la grande roue de Yokohama !

Dazai lui lança un regard meurtrier qu'elle ignora avec enthousiasme, le téléphone levé vers l'attraction pendant qu'elle prenait une tonne de photos. Chuuya n'était d'aucune aide, flânant autour d'eux, le regard perdu dans le vide.

(S'il était honnête avec lui-même, Dazai admettrait que Chuuya n'avait pas le regard dans le vide, mais bien vers les cinq immenses tour noires qui surplombaient la ville. Et ce depuis qu'ils étaient arrivés. Mais tant pis, l'honnêteté serait pour une autre fois. Il était trop occupé à essayer d'ignorer ces mêmes tours.)

- Tu l'as déjà prise sous tous les angles possibles et imaginables, la grande roue. Il faut qu'on y aille.

- Tu ne m'as toujours pas dit on allait exactement, rétorqua-t-elle, donc je ne vois pas pourquoi je devrais te suivre.

- Voir une amie, répondit-il laconiquement (comme les quatorze dernières fois qu'elle lui avait posé la question).

Lucy soupira exagérément avant de baisser son téléphone, acceptant de le suivre.

Ils déambulaient dans les rues de Yokohama depuis le début de la journée. Normalement, trouver l'adresse de cette Yosano aurait dû être relativement rapide (merci Google maps), mais c'était sans compter sur Lucy.

Elle avait semblé se rappeler soudainement qu'elle n'avait vu que deux pays de sa vie et jamais vraiment fait de tourisme, alors elle prenait absolument tout ce qu'elle voyait en photo.

Elle avait l'air d'honnêtement apprécier l'ambiance de la ville, semblant beaucoup plus joyeuse qu'elle ne l'avait été depuis que Dazai l'avait rencontrée.

Cependant, et ce n'était certainement pas quelque chose qu'une touriste comme elle pouvait percevoir, lui sentait que l'atmosphère était tendue. C'était subtil, les japonais sont connus pour camoufler leurs problèmes et vivre comme si de rien n'était.

Mais lui le voyait dans le regard des gens dans la rue, dans cette lourdeur qu'il y avait dans l'air et dans le sentiment de danger qui émanait à pleine puissance des cinq tours noires de la mafia portuaire.

Parce que bien qu'il fasse de son mieux pour l'ignorer, il sentait que la mafia était en pleine action, et son instinct lui hurlait que c'était mauvais.

Il sentait des frissons le long de sa colonne vertébrale, le genre qui disait "attention ! Mori. attention ! Mori."

Il sentait la présence noire du médecin sur toute la ville.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 28 ⏰

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𝐬𝐨𝐮𝐤𝐨𝐤𝐮 | seules les étoiles ont le droit de volerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant