10. Job

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Se réveiller paisiblement aux côtés de son amant, c'était un rêve que Hank n'osait plus faire. La douleur et la sensation d'avoir été piétiné par un camion-benne, c'était plutôt ce qui lui était réservé. Il se réveillait même plutôt souvent en sursaut, issue douloureuse d'un cauchemar où Connor mourrait encore dans ses bras, baignant dans son sang.

Alors ce matin-là, il eut l'impression d'être au paradis.

Les fenêtres grandes ouvertes de sa chambre laissaient percer les rayons du discret soleil printanier, venant caresser son visage avec douceur alors qu'un doux fumet caféiné parvenait à ses narines. Si l'androïde n'était pas dans ses bras, il se trouvait dans la cuisine, occupé à beurrer ses tartines avec beaucoup d'application.

Matinal, il avait déjà enfilé l'uniforme de police appartenant à son supérieur, dont le pantalon moulait à la perfection son postérieur apparemment modélisé sur celui d'un sportif de haut niveau. Voyant l'homme pénétrer dans la cuisine, il esquissa un petit sourire :

— Bonjour Lieutenant. Vous avez bien dormi ?

— Mmh. Oui. Vraiment bien, merci. Répondit Hank, surpris par son propre optimisme.

Il s'assit au comptoir, contemplant un instant Connor avant qu'une voix forte ne résonne à ses oreilles, manquant de lui faire échapper sa tasse de café.

— J'ai trouvé ! Oh salut Hank, ça gaze ?

La tête de Lindsay apparut au-dessus du comptoir, couverte de toiles d'araignées et de poussière.

— Ça gaze. Grogna le cinquantenaire en caressant Sumo qui venait de s'installer à ses côtés, la langue pendante comme à son habitude.

— Lindsay est arrivée ce matin avec de nouvelles pièces pour le dossier du tueur de Santa Francesca.

— Et il se trouve qu'on a enfin une vraie piste ! Sourit la jeune femme, une fine feuille de papier sous scellé entre les doigts.

Hank leva un sourcil. De là où il était, il s'agissait d'une convocation pour un service militaire.

— Mmh. Tu es conscrite ?

— Pas moi, Caïn Münch. Qui appelle son fils Caïn ? Bref. Avec Connor, on a remonté tout ce qui liait les victimes entre elles.

Le RK900 hocha la tête, tirant l'ordinateur de Lindsay vers lui. Sur l'écran s'étendait une cartographie complexe, véritable toile d'araignée sur laquelle certains noms étaient surlignés de violet, de vert et de bleu.

Voyant l'incompréhension dans le regard de Hank, la jeune femme sourit :

— Alors là, en violet, tu as les figures liées à la défense des Androïdes, fit la jeune femme en pointant le nom d'Albel Münch, de Pete Dawson et de Christina Corriveau. Là, en vert on a mis les militaires impliqués. Pas des célébrités comme Caïn - elle ricana - pardon, mais tu as même le prêtre de Santa Francesca, il était en mission évangélique en Irak vers 2005. Et là tu as... bim !

Sur le graphique, un fin filet bleu reliait à présent tous les points présents sur la carte :

— La tentative d'assassinat d'Elijah Kamski m'a mis le doute là dessus. Fit Connor en pointant le nom de l'androïde Chloé sur la carte. Le lien entre tous les meurtres et témoins, c'est Cyberlife et l'armée.

Dubitatif, Hank se pencha, plissant les yeux pour passer en revue tous les noms affichés :

— Ça explique le type que nous avons appréhendé. Il murmura. Tu veux dire que Caïn Münch aurait participé à une formation militaire impliquant des androïdes ? Mais pourquoi le prêtre alors ?

Detroit : Love, Death and Robots (Hank x Connor)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant