5. De la poussière sous le tapis

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- Tu as quoi ?!

Connor était assis face à Hank dans leur salon, la tête baissée, les épaules lasses.

Ils étaient rentrés de Santa Francesca après avoir passé un peu plus de deux heures sur place en compagnie de Lindsay et de l'équipe Alpha, qui avaient pris soin de passer la scène au peigne fin – si on oubliait la crypte.

Ils étaient rentrés après avoir passé un peu plus de deux heures sur place en compagnie de leur nouveau suspect, une copie carbone de Job – la mâchoire en moins. Hank, n'avait rien dit en voyant que le captif n'était pas le jeune androïde qu'ils avaient repéré plus tôt.

Mais à présent, les sourcils froncés, le visage rouge et les yeux noircis de colère, le jeune policier sentait qu'il aurait dû s'exprimer plus tôt.

- Il y en avait trente Connor ! Trente putains de témoins ! Je ne sais pas c'qui m'empêche de te faire suspendre !

Hank se sentait trahi. Trahi par son collègue, son ami, son amant. Les membres tremblants, il posa une main sur le dossier qui contenait les maigres pièces liées à l'affaire.

- Tu es conscient j'espère que si quiconque découvre ça, ma tête saute avec la tienne ?! Connor merde ! Tu m'écoutes ?!

Le brun releva timidement la tête, les lèvres tremblantes. Il savait que son geste n'avait pas été rationnel. Mais il ne pouvait simplement pas. Il avait déjà trop de sang sur les mains avec tous les déviants qu'il avait condamné à mort.

- Lieutenant... je ne pouvais pas. Ils veulent juste être vivants...

- Vivants ?! Ce sont des machines Connor ! On doit boucler cette enquête, pas sauver des androïdes de mes deux !

Le RK800 écarquilla les yeux ; il lui semblait que son cœur venait de s'enrayer. Ses grands yeux bruns s'emplirent de larmes à la teinte bleutée.

- Des machines... c'est comme cela que vous me voyez aussi ? Comme une machine ?

Hank se mordit la lèvre, sentant qu'il était allé trop loin.

- Connor je...

- Je ne suis qu'une machine alors. Je devrais envoyer à l'abattoir mes semblables et y aller également, puisque je suis déviant moi aussi. Parce que je suis une machine !

Le RK800 avait crié ses derniers mots, en se levant, laissant de grosses larmes couler le long de ses joues. Ses premières larmes.

- Attends... c'est pas ce que je voulais dire...

Hank saisit son bras, tentant de le ramener vers lui. Connor le rejeta sèchement, le faisant retomber sur le canapé.

- Ne me touchez pas.

Il tourna les talons, essuyant son visage d'un revers de la main.

Hank Anderson n'avait jamais évolué. Il détestait toujours autant les androïdes et leur vie lui importait peu. Il avait fait une exception pour lui, mais il ne changerait jamais vraiment, au fond.

Les jambes faibles et le cœur brisé en pièces, le brun se laissa glisser le long de leur lit. Leur lit. Il ramassa distraitement l'une des chemises du lieutenant de police, qui avait dû échapper à sa vigilance, la ramenant contre lui. Elle était hideuse, comme tout ce que portait Hank, mais il l'adorait.

Un nouveau sanglot parcourut sa poitrine devenue douloureuse.

- Hé... Connor...

La porte s'ouvrit doucement, laissant entrer Hank, qui semblait tout penaud. Il avait quitté sa veste de police et déposé son arme. D'un pas qui se voulait doux – mais qui restait maladroit – il s'approcha de son amant.

Detroit : Love, Death and Robots (Hank x Connor)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant