11. L'arme fatale

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— Qu'est-ce que... ?

Hank tourna la tête vers Connor. Ce dernier avait l'expression d'une personne à qui on venait de mettre une gifle. Yeux écarquillés, le souffle coupé - pour autant que c'était possible - sa lèvre s'était mise à trembler de manière incontrôlée.

Interloquée, Lindsay avait reporté son attention sur le RK900 :

— Le pentagone et cyberlife ? Quel est le rapport ?

Hank fronça les sourcils, se remémorant les infimes différences qu'il avait notifiées entre le nouveau et l'ancien modèle de Connor : plus rapide, plus athlétique, des capacités de hack plus élevées... L'armement de ce nouveau RK était aussi plus conséquent.

— Tu es un androïde militaire ? Il demanda, avec une voix plus blessée que ce qu'il aurait voulu.

Connor baissa les yeux sur ses mains tremblantes, les observant comme s'il s'agissait d'armes mortelles.

— Je... je ne sais pas lieutenant. Je sais que ce corps est bien plus capable que le précédent. Mais je ne comprends pas pourquoi Cyberlife déploierait tant de moyens pour une simple cellule d'enquête.

— Tu n'es pas le seul modèle militaire, intervint Lindsay, l'air grave. L'androïde que nous avons arrêté hier est lui aussi taillé pour le combat.

Hank eut un soupir si profond qu'il aurait pu faire trembler les vitres du commissariat. Frottant ses paupières gonflées, il se laissa tomber sur la chaise qu'avait occupée Job. Il avait l'impression d'être face aux révélations d'une vidéo complotiste montée sur la musique de Requiem for a Dream.

— Qu'est-ce qui se putain de passe avec Cyberlife ?

Lindsay, tout aussi incrédule, dévisageait Job et Connor, bras croisés :

— C'est la suite logique. Si nous robotisons nos conflits, les hommes n'auront pas à partir à la guerre. Nous sauverons une partie de la population...

— Mais en face, ça sera bien des humains qui mourront sous le feu de ces foutus androïdes militaires. Grogna Hank. Seul Cyberlife a suffisamment industrialisé les androïdes pour pouvoir se permettre de proposer une gamme d'armement.

Son regard clair glissa sur Connor. A la lueur des révélations de Job, il ne savait plus sur quel pied danser :

— Ils vendront au plus offrant... si demain la Chine propose plus que les Etats-unis, Cyberlife vendra à la Chine. Si demain la Russie propose plus, ils vendront au Russes. Si un opposant politique souhaite faire foutu un coup d'État, il n'aura qu'à allonger la somme que désire Cyberlife sur la table. Ils ont des putains d'androïdes de combat, ils font ce qu'ils veulent !

— C'est pour ça que les responsables de la régulation des androïdes ont été assassinés. Les mises en scène, c'était un message ! Couina Lindsay pour conclure, les poings serrés.

Face à face, humains et androïdes se dévisageaient. Job s'était rapproché de Connor qui ne quittait pas son expression peinée, de grosses larmes bleutées dévalant ses joues.

Les épaules lasses, Hank se redressa, passant une main dans ses cheveux grisonnants. Il ne pouvait pas laisser Connor aux mains de Cyberlife, ni aucun autre androïde. S'il avait à passer une scannette de supermarché sur tous les androïdes de Détroit pour s'assurer qu'ils soient déviants et ne partent jamais au combat, il le ferait.

Les lèvres pincées, il grogna :

— On va aller récupérer l'autre androïde de combat et s'assurer que jamais ces foutus protocoles militaires ne puissent être mis en œuvre. Si la dernière chose que je dois faire avant de crever c'est ça, je le ferai.

Detroit : Love, Death and Robots (Hank x Connor)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant