ʀᴇᴠᴇ

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Je crois qu'à force de rester dans mon lit, il a prit la marque de mon corps. Vous savez, comme ces trucs souvenirs-de-forme, ou que sais-je. Moi, j'l'ai eu gratos en restant trois jours dans mon lit. Si je me suis levé ? Impossible. Je suis bien trop accro. Ouais, tellement accro que j'me suis fait dessus. Dormir est devenu si puissant, si important. Ca a commencé avec ce rêve, celui là où je l'ai rencontré. Ma moitié, mon amour, l'unique personne qui comptera le reste de mon existence. Ca été terrible de me réveiller sans lui. J'ai été envahi par une profonde tristesse qui a ébranlé tout mon âme. Alors je n'ai pas eu le choix, j'ai dû ignoré les appels de mon travail et je me rendormi. Ainsi, j'ai pu le revoir. Lui est son sourire éclatant. Il fait battre mon cœur avec tant de puissance. Je lui ai promis de ne plus jamais nous quitter. Alors il m'a étreint si fort. Je sens encore la pressions de son corps lorsque je me réveille.

Cette foutu réalité. Je déteste ouvrir les yeux et découvrir qu'il n'est plus là. J'me suis mis à me gaver de ces somnifères qui trainaient depuis plus d'un an. Et j'me suis gavé, encore et encore. C'était tellement bon de m'effondrer pour le retrouver. Oh mon amour, je pourrais vivre dans le monde des rêves toute l'éternité s'il le fallait. Je pourrais aller n'importe où, si tu me permets de toucher à nouveau ta délicate peau. Ne cesse pas de me regarder avec tes yeux d'azur.

Vous savez, je suis conscients que j'en suis accro. J'sais aussi que j'suis en train d'me tuer à pas manger. Mais là, franchement... il vaut tous les sacrifices du monde.

Une semaine plus tard, j'ai entendu une ambulance dans la rue. Les pompiers sont monté à mon étage. J'étais terrifié, j'ai cru qu'il venait pour moi. Mais finalement, ils n'ont défoncé que la porte d'à côté. J'étais soulagé quand ils sont parti, j'ai pu me rendormir pour le retrouver. Je le devais, mais ce jour-là, mon cœur s'est brisé. Je l'ai cherché, tant cherché. Mais il n'était plus. J'ai hurlé si fort son nom dans mes rêves que ma voix s'en est retrouvée abimer. Mon amour. Mon si bel amour. Comment as-tu pu me laisser tomber ? Comment ? Je souffre de ta disparition. Si tu ne me reviens pas, je me laisserais mourir. La vie est bien trop fade sans ton sourire.

Je l'ai attendu.

Un jour. Deux jours. Trois jours de plus.

Ma vie s'en allait doucement de mon corps. Je n'avais plus de somnifère pour m'en aller. Et les couloirs de mon immeuble était tellement animé. J'ai entendu quelqu'un m'appeler, tambouriner à ma porte. Ce n'était pas sa voix, alors pourquoi répondre ? Laissez-moi mourir, enfin !

Une heure s'était écoulé avant que je n'entende encore l'arrivé des pompiers. Cette fois, j'en suis sûr, ils sont venu pour moi. Je les entend frapper ma porte. Je les entends traverser mon appartement. Je les entend m'appeler.

- Encore un ?

- Même état. Eh, monsieur ? C'est les pompiers, vous nous entendez ?

Pourquoi répondre ? Laissez-moi mourir, pitié. Pourquoi vivre sans lui ?

Je les entend fouiller dans mes papiers.

- Dîtes, les gars. C'est pas le même prénom que murmurait son voisin, celui qui a fini dans l'même état.

- T'as raison. Eh, monsieur, votre ami vous attend à l'hôpital. Vous entendez ?

Mensonge. Mensonge. Mensonge !

Je sens mon corps s'en aller. Je les entends m'appeler plus fort, mais ils sont bien loin maintenant. Voilà que je meurs. Ai-je des regrets ? Peut-être. Celui qui de ne pas l'avoir enlacé assez fort. 

INKTOBER 2023Où les histoires vivent. Découvrez maintenant