BAD H.

• Hugo •

Après une soirée pareille, la nuit à été épouvantable. Ça m'a donné l'occasion de mettre mes idées aux claires.

J'ai demandé à Marc de m'envoyer les papiers pour la succession, je dois voir mon père aujourd'hui pour obtenir coute que coute sa signature. Il est grand temps que je prenne les rênes.

J'attends son appel qui ne tarde pas en décrochant à la première sonnerie :

- Je t'ai tout envoyé.
- Ok, je vais aller voir Jérémiah.
- Tu es sûr de toi ?
- Je suis marié, j'ai obtenu un contrat qui m'apportera plus lorsque j'aurais Mill's à terre, je respecte les conditions.
- Comment se passe ton nouveau quotidien ?
- Ca me conforte dans le choix de ne pas me marier par la suite.

Marc rit de bon cœur avant de répondre :

- C'est toi qui a voulu te lancer là-dedans...
- Oui, je voulais que Donovan paie et elle aussi.

« Finalement c'est moi qui paie. »

- Je ne pense pas que c'était la meilleure des façons de l'atteindre.
- Crois moi que si, il doit être recroquevillé dans son lit en bouffant de la glace ce connard. Lui péter la gueule, je l'ai fait plein de fois, il a trop l'habitude. L'aspect psychologique, il n'y a que ça qui fonctionne sur lui. Bon, c'est pas tout ça, j'ai mon cher père à aller voir.

Je le salue avant de raccrocher, je pivote la tête pour trouver celle de Stef qui attend mon signal :

- On va chercher notre dû.

Pour obtenir l'aval de mon paternel, j'ai choisi l'option direct. Je glisse les papiers sur la table du parloir, il le consulte un peu trop longuement à mon goût avant de lâcher un soupir de plénitude :

- Tu es marié à ce que j'ai entendu ? Qui est l'heureuse élue ?
- Une future divorcée. Aucun intérêt d'en parler puisque je ne le serais plus à ta sortie.

Un rictus malicieux souligne ses lèvres avant qu'il n'hoche la tête. Je ne compte pas lui parler de Juliet et en même temps je ne mens pas, l'échéance est déjà décrétée.

- Il te faut ma signature, c'est ça la raison de ta visite ?
Il dépose ses coudes sur la table pour se pencher vers moi, :
- Tu es prêt pour cette vie qui t'attends ? Volontaire pour devenir comme moi ?
- Je suis né pour ça. Je ne serais pas comme toi.

Les affaires sont reprises de père en fils, c'était donc dans cet intérêt que j'ai été créé non ? Un peu con sa question.

Je sais que je peux mener la barque à ma guise, je préfère le côté « homme d'affaire » que le côté « homme d'affaire souterraine » mais puisqu'il faut conjuguer les deux, qu'il en soit ainsi, je suis prêt.

A ma grande surprise, il ne s'y oppose pas et prend le stylo noir que j'avais placé à côté de la feuille pour y apposer sa signature.

Je masque mon sourire de victoire, la vraie vie commence. J'ai conscience que j'ai fait mon choix, je le respecterait. Je n'aurais pas le droit à l'erreur, ni à une vie de famille standard, ce n'est pas ce qui m'attire de toute façon.

Mon quotidien me convient. Pas d'attache, pas d'empathie, uniquement faire grossir les chiffres.
Pour partager cette satisfaction, j'opère un détour chez ma mère pour lui annoncer la nouvelle, j'ouvre la porte d'entrée et proclame :
- Applaudissez le seigneur !

Mon petit frère Sam glousse en s'approchant de moi pour me saluer quant à ma mère, son expression est partagée. Je relâche mon petit frère et la prend dans mes bras à son tour.

- Qui t'a élevé mon fils ? chuchote-t-elle à mon oreille pleine de tendresse.
- Toi, je ne l'oublierai jamais, ne t'inquiètes pas.

Cette femme m'a tout donné, c'est grâce à elle que j'ai la conviction de ne pas devenir un deuxième Jérémiah Banks.