• Juliet •

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La fin de semaine est vite arrivée , pour faire comprendre à mon ami son comportement inapproprié lors de notre soirée, je l'ai ignoré quelques jours. Ses nombreuses excuses, ont fini par me faire céder. Il est vrai que je ne sais absolument rien de la vie des Banks, surtout, je ne veux pas y être mêlé.

Ça, il l'a enfin compris.

Je ne compte pas être entre les deux à chaque fois. Jérémy m'est un allié de taille, j'apprécie sa compagnie alors je ne veux pas que nos rapports se détériorent pour une querelle dont les circonstances m'échappent.

Je clos mes révisions de la journée. Avec l'année qui s'achève, je n'ai pu me rendre à mes sessions de bénévolat, ni même apporter le gâteau que j'avais préparé et je dois admettre que les pensionnaires me manquent un peu. J'ai hâte de les retrouver, passer mes journées seules ici commencent à me peser. Je me plains alors que j'ai des hectares de forêt et un magnifique lac comme compagnie, le social me manque tout de même.

Mes bouquins rangés, je descends jusqu'à la cuisine où je croise Hugo, les yeux focalisés sur ce qui semble un compte-rendu :

- Il te reste une heure pour te préparer, je t'ai apporté deux tenues qui sont...plus ouvertes ou moins couvertes tout dépend du point de vue...

J'attrape le semblant de tissu dont il parle et le détaille pour me faire ma propre idée et oui, il ne plaisantait pas.

- C'est uniquement pour...cette rencontre, ajoute-t-il face à mon air blasée.

Je n'ai guère le choix, je suis payée pour ça. Les deux robes dans les mains, mes pas me guident vers la salle de bain, avant que je ne ferme la porte, je l'entends me dire :

- Je vais chercher le vin, je reviens.
- Ok.

L'analyse faite sur le choix que je souhaite porter, qui inspirera le moins de vulgarité possible, je saute sous la douche, je n'ai plus une minute à perdre. La première soirée où je dois figurer, la pression est à son comble.

Allons-nous devoir être tactile ? Nous n'avons pas accordé les violons encore. Il faut que je lui pose la question pour que notre comportement ne paraisse pas suspect. Je cherche ma serviette en tâtant à l'aveugle, puis en ouvrant les yeux, elle reste introuvable. « Merde, je l'ai oublié en haut. »

Une mauvaise manie que j'ai prise à cause de ces hostilités de notre début. Bon, tant pis, je me résous à monter dans la chambre en prenant les robes avec moi. L'avantage d'être seule au milieu de nulle part, tu peux te balader à poil, seuls les animaux de la forêt pourraient te voir.

Je prends soin de ne pas glisser avec mes pieds humides, arrivé au bas de l'escalier, je pose ma main sur la rampe par précaution lorsqu'un fracas me fait sursauter, les vêtements m'échappent des mains. Je virevolte par réflexe vers la source de ce vacarme.

Hugo planté dans l'entrée, la porte grande ouverte. Mon regard descend jusqu'au sol où je vois la fameuse bouteille de vin explosé dont le liquide se diffuse sur le sol. Son attention dévie vers la même chose que moi, je l'entends jurer, un magnifique « Putain ! ». Il se hâte de ramasser les débris alors que moi je reprends mes vêtements en courant dans les escaliers. Je n'en manque pas une, c'est vraiment pas de bol ! Le temps s'est écoulé, je suis donc obligé d'accélérer ma mise en beauté.

Une fois présentable, surtout habillé, je le rejoins au rez-de-chaussée, les joues toujours enflammées. Lui, il n'ose même pas m'affronter. Au moins, nous sommes deux mal à l'aise.
- Je suis prête..., dis-je faiblement.
- On y va.
- Autant crever l'abcès, je suis morte de honte, on peut juste oublier...ça ?

Il hoche trop vigoureusement la tête pour que cette histoire soit effacé en une phrase, je pense vraiment qu'il est perturbé.
- Je pensais être seule, tu m'as dit que tu allais chercher du vin et...
- Dans la cave à vin.

Je serre les lèvres en hochant la tête, il y a donc une cave à vin, ça me parait évident maintenant. Pour dissiper cette gêne, je tente un peu d'humour :
- J'espère qu'elle ne coutait pas un bras celle-là.
- Non, elle en coutait deux.
- Ah...
- J'en ai une autre...enfin bref...on y va ?

La demeure est splendide, côtoyer des riches ça vend littéralement du rêve. Hugo vient m'ouvrir la portière, à la sortie, je défroisse ma robe en attendant son approbation. Avec cette histoire de serviette, je ne sais toujours pas comment nous devons nous comporter l'un envers l'autre pour les apparences, l'anxiété commence à me nouer l'estomac.
- Tu es magnifique...enfin, la tenue est magnifique.
J'arque mon sourcil, perplexe.
- Toi aussi...enfin...c'est pas ce que je veux dire ! Tu as choisi la bonne...enfin bref on s'en fou, on y va !

Je retiens un fou rire, c'est moi qui étais complètement nue devant lui et c'est lui qui se sent le plus mal. Lui ferais-je perdre ses moyens ? Intéressant. Par fierté, je dirais que c'est le cas. Peu importe la soirée qui nous attend, je suis satisfaite de lui avoir clouer le bec.

Nous sommes accueillis comme des princes, plateau de champagne, amuse-bouche qui sont absolument délicieux.

Une coupe à la main j'arbore une pose sereine, je me laisse guidé par Hugo, sa main dans le bas de mon dos. Il tente de me prodiguer des conseils, les choses à savoir.

- Hugo !

La voix de baryton de Mill's nous parvient de derrière, il lui serre la main avec un sourire radieux qui s'élargit davantage lorsque ses yeux bleus croisent les miens. Parfait gentleman, il se courbe pour me saisir la main où il dépose ses lèvres en son dos. Je ne suis pas habitué à ce genre de galanterie, encore moins avec un personnage comme mon faux mari.

- Veuillez m'excusez mais je dois vous emprunter votre époux. Soyez à votre aise ma chère.

Hugo se joint au groupe d'homme qui accompagne notre hôte, il me dédie un dernier regard pour me rassurer, j'apprécie son geste.

Les fêtes mondaines sont loin d'être mon élément mais je m'y fonds comme je le peux. Souriante comme une parfaite hypocrite, consommant du champagne, admirant les œuvres disposés un peu partout dans la villa.

J'aperçois d'ailleurs une magnifique fresque qui m'intrigue dans le couloir en haut des escaliers.
Je monte les marches pour y accéder, décodant le message laissé par le peintre sur ce travail hors pair. De cette position, j'arrive à entendre quelques brides de phrases. Les voix de Hugo et de Mill's sont distinctes.
Curieuse, je jette un œil aux environs pour n'avoir aucun témoin de cette intrusion de ma part puis m'approche de la porte.

- Elle est hystérique, hautaine et frigide. Elle est sans intérêt.
- Ce n'est pas ce que j'appelle glorifier sa femme. J'aime me faire mon propre avis.

C'est de moi dont ils parlent ?! Ecœurée par ce que j'ai entendu, je recule avant de rejoindre la foule. Hors de question que j'agisse de manière puérile devant la haute société, bien que je n'aie qu'une envie c'est de me tirer d'ici et dire à cet abruti de mettre son engagement profondément dans son cul.

« Hystérique, hautaine, frigide » ces mots résonnent encore dans ma tête quand ils descendent quelques minutes plus tard. Sa présence à mes côtés me file la nausée. Quand sa main essaie d'atteindre le bas de mon dos, je fais un pas de côté.
Il n'insiste pas, il n'est pas si con que ça. Il m'a bien berné, moi qui pensais sérieusement que nous étions partis sur une bonne base et qu'il m'appréciait, une vraie imbécile.

Tu vas savoir ce que cela signifie être hystérique, espèce de connard égocentrique.

BAD H.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant