¨Souffrance Amoureuse¨ || LGDC

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GRIFFE DU SOLEIL S'ÉTIRA dans son nid, peu désireuse de se lever. L'aube pointait le bout de son museau et l'air froid de la mauvaise saison s'était un peu adoucit. Sa litière, au bord du buisson, était très exposée aux vents froids. Elle était guerrière depuis douze lunes, certes, mais sa fourrure longue et épaisse la protégeait bien plus du mauvais temps que ses camarades.

Elle se leva avec un soupir exagéré et comprit qu'elle était une des seules à ne pas s'être réveillée. L'imposante chatte crème se dépêcha de sortir de la tanière des guerriers. Écaille Ocrée, la lieutenante et accessoirement sa mère, avait visiblement déjà terminé de distribuer les patrouilles. Se mordant la joue intérieure, elle s'élança à la rencontre de la lieutenante, frustrée de ne pas s'être levée plus tôt.

« Écaille Ocrée ! Désolée, j'ai mis beaucoup trop de temps à me réveiller !

— Griffe du Soleil qui s'excuse ?! », ronronna la seconde. « Quelle bêtise as-tu encore fait ? Enfin bref... », reprit-elle avec plus de sérieux, « je n'ai pas demandé à qu'on te réveille, puisqu'Étoile de l'Espadon voulait te voir.

— Étoile de l'Espadon ? Rien que ça ! Je pensais pourtant m'être tenue au carreau durant cette lune... »

La guerrière crème était réputée pour son caractère de chaton à jouer des tours à tout le monde. Il arrivait très souvent qu'un guerrier se réveillait avec un scarabée dans son nid, Courant Paisible le premier puisqu'il avait été son mentor.

« Ce n'est pas forcément mauvais qu'il t'a convoqué, tu sais », fit la lieutenante, pensive. « Il veut peut-être te demander quelque chose, ou te faire part de problèmes concernant le clan...

— Moi ! Tu veux rire ?! Je suis la dernière personne à qui il voudrait dire ça ! Je suis le chaton qui n'a jamais grandi, pas franchement le genre à qui on demande son avis, si tu vois ce que je veux dire », ronronna-t-elle, amusée. « En tout cas... merci de m'avoir averti !

— Pas de problème. Bonne chance ! »

Griffe du Soleil agita les oreilles en signe de compréhension tandis qu'elle marchait vers la tanière de roseau du chef. Je me demande quelle bêtise a décidé Étoile de l'Espadon à me convoquer, songea-t-elle. Il m'a déjà fait une longue morale il y a trois lunes. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter un autre discours ennuyant ?

« Je suis là », miaula-t-elle devant le nid du chef. « Je rentre ?

— Oui, s'il-te-plaît. »

Elle s'exécuta et se retrouva devant le vieux chef gris. Il s'était campé dans son nid, ses yeux jaunes brillant dans le noir.

« Mets-toi à l'aise. »

La guerrière crème obéit, rassurée par le ton chaleureux d'Étoile de l'Espadon. S'il avait voulu lui faire la leçon, il prendrait sa voix moralisatrice. Le fait était que, comme sa mère était la sœur du chef, ce dernier était son oncle. Il avait remplacé son père absent et ils avaient construits une relation père-fille. Il se sentait donc obligé de la replacer à chaque fois qu'elle faisait le moindre faux pas, et cela l'énervait profondément.

« Arrête de prendre cet air effrayé », ronronna Étoile de l'Espadon. « Je ne vais pas te manger.

— Hum... tu es sûr ? », fit-elle avec un air faussement étonné. « Je croyais pourtant que le terrible Étoile de l'Espadon mangeait les chatons dans leur sommeil !

— Tu as le même sens d'humour douteux que ta mère... Enfin bref. Ce n'est pas de ça dont je voulais parler. Griffe du Soleil, tu sais que Vague Irisée a mit bas il y a deux levers de soleil ?