ANAGRAM

01- Juste une rencontre

Aéroport international de San Francisco.
Madelyne

Le vol de New-York à San Francisco m'a donné un choc. Une fois arrivée, le contraste avec Manhattan est saisissant même depuis le hall de l'aéroport et ses grandes verrières de plafond qui frappent de suite mon attention.

La différence est hallucinante.

L'air me paraît plus doux, le ciel est bizarrement différent, d'un bleu profond qui pourrait presque être en mesure de faire ressortir les émotions enfouies au plus profond de mon âme. Je quitte l'aéroport en commandant un Uber qui pourra me conduire directement vers mon nouveau chez moi, loin des quartiers huppés auxquels j'ai toujours été habituée à Park Avenue.

Je me réveille brusquement dans le véhicule, chassant la fatigue qui m'envahit d'un soupir.
Ce quartier me met mal à l'aise, je suis à des lustres des gratte-ciel et des penthouses.

Mais c'est pour ma nouvelle vie et mon bien-être, très loin de lui.

Je ne dis pas que tout ceci va me rendre nostalgique, bien au contraire.

Une fois arrivée au pied du bâtiment, le coup de massue est violent. Cet immeuble est miteux, ses murs sont écaillés, sa façade est décrépite. Je déteste.
Après avoir passé cinq minutes à reluquer cette bâtisse, je me décide à entrer et m'empresse de gravir les marches deux par deux. Les escaliers grinçants irritent mon audition mais pour atteindre mon studio au dernier étage, il faut tant bien que mal serrer les dents.

Je maudis de plus en plus mon choix de logement au fur et à mesure de mes pas.

Quelle idée... Il existe peut-être et même sûrement des studios un peu plus attirants ailleurs dans San Francisco, mais pour l'instant financièrement c'est chose impossible, pas grave, allez on respire un grand coup...

En poussant la porte de mon nouveau chez-moi, je laisse échapper un soupir de désillusion.
C'est très petit.

C'est un studio... Amplement suffisant pour une seule personne : moi-même.

C'est sombre et une odeur désagréable flotte dans l'air.

— Le renfermé évidemment. Dis-je en m'adressant à moi-même

Je me force à prendre une grande respiration tout prenant soin d'ouvrir les fenêtres et les volets pour faire disparaître l'odeur. J'essaie de me convaincre que c'est le début d'une nouvelle vie.

L'indépendance.

La fatigue est écrasante, je dois me rafraîchir. Je prends une douche revigorante, tentant de me convaincre que je suis réellement prête pour ce nouveau départ.

En me couvrant d'une serviette, je me fixe dans le miroir et inspecte minutieusement chaque angle de la silhouette que je vois face à moi. Je remarque clairement tous les tatouages sur mon corps, mais surtout les cicatrices et les hématomes presque effacés. Ensuite, je commence à refaire chaque scène pour voir les traces qu'il a pu laisser sur mon corps.

Je chasse ces pensées de mon esprit et décide de me reprendre.
Je suis déterminée à faire de cette nouvelle vie un succès, de ne plus vivre dans le passé même si cela doit signifier faire semblant tous les jours.