Les Chroniques du Toman sur WhatsApp

Dur dur, la vie

Shibuya
20h02

Nerveuse, Mikki se hâta d'ouvrir à ses amies qui avaient toutes répondu à son invitation. L'organisation du mariage l'épuisait, elle avait bien besoin d'une pause avec ses copines.

- J'ai rapporté une bouteille de vin ! Et de la grenadine pour Nana, fit Ambre en se débarrassant de ses chaussures et de son manteau.

- Qu'est-ce qu'on se les caille, grelota Ingrid.

- Tu as trouvé quelqu'un pour garder les garçons ? demanda Mikki.

- Oui, je les ai confiés à Aïna, elle a bien voulu venir dormir à la maison.

Les jeunes femmes allèrent s'installer directement dans la chambre de Mikki. Ambre s'étonna de ne pas voir arriver Hanaé. En l'attendant, elles enfilèrent leurs pyjamas pilou-pilou et commencèrent à grignoter et papoter de tout et de rien.

Au bout d'une sacré demi-heure, la future maman daigna enfin débarquer.

- Qu'est-ce que tu fichais ? Tu répondais pas au téléphone ! l'apostropha Ambre.

- J'ai eu un petit contretemps... Désolée.

La jeune femme alla directement dans la salle de bain se changer. Ambre resta plantée dans le couloir, étonnée par l'attitude de sa meilleure amie.

- Je voulais pas te vexer, hein, s'excusa-t-elle au travers du battant de la porte.

- Hmhm, répondit Hanaé.

Ambre l'attendit et elles allèrent rejoindre les autres. L'Anglaise avisa la mine pâle de son amie, et se promit de lui tirer les vers du nez.

Finalement, Mikki put amorcer le sujet de la soirée.

- On a commencé à préparer les faire-parts, avec Chifuyu. Mais le truc, c'est que je sais pas si je devrais en envoyer un à ma sœur, expliqua la future mariée, un nœud dans la gorge.

Les filles se regardèrent, peinées, même Ingrid qui ne comprenait pas bien la situation.

- Tu en as envie, toi ? Ou pas du tout ? interrogea Hanaé.

- Je sais pas... J'ai peur.

Un silence de plomb s'abattit dans la pièce.

Ingrid osa poser la question qui lui brûlait les lèvres.

- Que s'est-il passé, avec ta sœur ?

Mikki lui répondit par un regard tourmenté.

Asakusa*

Depuis au moins deux heures, Haruchiyo et la belle inconnue parlaient sur le perron de sa maison aux murs blancs. La jeune femme avait acceptée de répondre aux questions insistantes du boulanger le long du chemin, et en fin de compte, ils avaient continué de parler même une fois arrivés à destination. Il apprit que sa nouvelle amie avait toujours été passionnée par le Japon, et qu'elle avait quitté l'Irlande pour venir étudier chez sa sœur désormais décédée. Elle le questionna sur sa vie et pourquoi il avait été au bar ce soir-là.

- Si tu n'avais jamais renversé ces verres, on ne se serait pas rencontré, lui signala-t-elle.

- C'est vrai. Mais et toi, que faisais-tu au Yopparai** ?

Elle fit la moue.

- Je maudissais un quelconque brigand du coin, mentit-elle en souriant.

Haruchiyo rit doucement.

- Et en vrai ?

- J'attendais quelqu'un.

Un poids tomba dans la poitrine du jeune homme.