CHAPITRE 59

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ATMOSPHÈRE : « Monster vs Angel, WDL »

Après le souper, j'avais rejoint ma chambre comme à mon habitude. À ma plus grande surprise, cette nuit-là, ma colocataire flippante n'était pas là. Elle avait dû se montrer menaçante une nouvelle fois et être transférée dans l'annexe des pièces blanches. Je n'y avait mis les pieds qu'une seule fois au début de mon séjour ici.

Un soir, j'avais cauchemardé comme je le faisait souvent. Sauf que cette fois, lorsque je m'était réveillée, j'étais belle et bien seule dans la noirceur de la nuit, couchée au sol dans un endroit que je ne connaissais pas, dans lequel on m'avait enfermé de force. Alors j'avais fait l'une de mes crises incontrôlable. Les médecin croyait que j'étais dangereuse pour eux, alors ils m'avaient enfermé durant une semaine entière dans cette pièce de l'enfer. Il n'y avait rien, ni lit, ni bruit et la lumière qui restait sans cesse allumée était une vraie torture. Elle était censée m'apaisée, mais depuis que j'y avait été, je n'avais plus jamais été la même. Ma colocataire de chambre y passait des mois entiers parfois, alors, je comprenais pourquoi elle faisait peur à tout le monde. La folie pouvait vite s'emparer de nous lorsque nous nous retrouvions face à nous même.

C'est Riley, qui m'avait sauvée en faisant son arrivée. Sans elle, je ne sais pas dans quel état je serais à l'heure d'aujourd'hui.

J'eus un sourire que je ne pus empêcher l'espace d'un instant. J'attacha ensuite mes cheveux en chignon défait avant de me prostrée à la fenêtre. J'aimais y rester des heures, regarder les étoiles, la lune éclairer le ciel.

Malgré les barreaux devant celle-ci obligatoires afin d'éviter les suicides, je pouvais apercevoir distinctement le paysage, mais surtout la barrière. Chaque soir, je savais que je n'étais pas seule et Riley avait confirmé cet espoir. Je n'étais pas la seule à l'avoir remarqué. La seule différence, c'était qu'elle avait eu la chance de le voir. Cela faisait un an, un an que toutes les nuits je rêvais de ce visage. De son visage.

Je pris appui sur l'appui de fenêtre et me mis à observer le champ devant moi. Plus je regardais, plus j'avais l'impression que les feuillages bougeaient. Les nuits étaient très douces ici et le vent ne soufflait presque jamais même en cette période hivernale. Les buissons restaient donc la plupart du temps immobiles, sauf aujourd'hui.

Je fronce les sourcils, essayant d'approcher mon visage de la fenêtre afin de pouvoir mieux observer. Ils bougeaient, bel et bien. Je ne rêvais pas.

J'ouvris grand les yeux, tandis que mon cœur battait la chamade. Je priais pour voir ne serait-ce qu'une ombre, une silhouette.

Mais quand j'étais à deux doigts de l'apercevoir, une infirmière déboula à toute vitesse dans ma chambre, ce qui me força à détourner les yeux.

A bout de souffle, elle haleta :

— Mademoiselle Blake, pouvez-vous me suivre ?

J'haussai un sourcil, décontenancée par la scène qui se déroulait sous mes yeux. Une fois le couvre-feu appliqué, nous avions interdiction formelle de quitter nos chambres. Qui plus est, l'intimité était respectée ici, ils prenaient au moins la peine de toquer avant d'entrer.

Elle m'implorait du regard, presque comme si elle avait été forcée, comme si sa vie dépendait de ma réponse. Alors, je me suis levée pour la rejoindre en me disant que, peut-être, mon intuition était bonne.

Après un long moment de silence à traverser les couloirs sombres de l'asile, elle s'arrêta enfin devant l'infirmerie.

— Qu'est-ce que je fais ici ?

— Je.. Il faut que nous entrions à l'intérieur.

— Il faut ?

Elle me regarda une nouvelle fois avec ce regard peureux. Cette infirmière était nouvelle, je ne l'avais aperçue que quelques fois, elle ne devait donc pas savoir que montrer sa faiblesse devant les internes était dangereux pour elle.

LA VERITÉ MENT TOME1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant