CHAPITRE 60

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ATMOSPHÈRE : « 1995, Emmit Fenn »

JJe m'élançai à travers le champ, courant comme si ma vie en dépendait, pour franchir ce grillage.

Me voilà en train de rire aux éclats, l'adrénaline ayant pris possession de mon corps. De toute ma vie, il me semblaiy que je n'avais jamais ressenti une joie aussi grande à l'intérieur de moi.

Je me laissai porter par le vent franchissant enfin ce grillage. Je venais de le franchir, de retrouver ma liberté. Ce grillage était symbolique. Comme un premier obstacle que je venais de passer. Il m'en restait beaucoup d'autres et je comptais bien, eux aussi, les franchir.

J'étais libre, complètement libre.

Konor et Riley m'attendaient un peu plus loin dans le champ. Tandis que Riley était déjà en train de faire gronder le moteur de la moto, Konor me regardait les bras croisés en faisant la moue.

— Tout va bien, princesse ?

J'hoche la tête doucement, le prenant dans mes bras.

— Je ne t'aurais jamais cru aussi intelligent pour mettre en place une évasion.

— Disons que ce n'était pas moi le cerveau, j'y ai juste contribué.

Je fronce les sourcils, relevant la tête vers lui.

— Comment ça ?

— Monte, tu comprendras vite.

J'acquiesce et prit le casque qu'il me tendait.

— Je peux conduire ? l'implorai-je

Il rit, me lançant les clefs avant de monter sur la deuxième moto accompagné de Riley. Je jeta un dernier regard en arrière, décidant que c'était ici que tout prend fin, mais aussi ici que tout commençait. Konor démarra en premier en me montrant le chemin et je ne me fis pas prier pour faire gronder le moteur à mon tour.

Riley se mit à étendre ses bras comme l'avait fait Lou il y a quelques années. Cette scène me rappela cette fameuse journée où tout avait commencé, ma première mission, mes premières vérités. Quand j'étais monté sur la moto de Trasher et que j'avais réalisé à quel point il avait de l'impact sur moi.

Les souvenirs restent, mais le reste s'efface. Efface-le, efface-les.

Malgré qu'ils avaient tous deux décidé de m'abandonner et de me laisser seule, je ne pouvais pas m'empêcher de penser à eux. Je ne pouvais pas m'empêcher de les aimer. Konor m'avait libéré et je comptais bien faire quelque chose de ma vie. Je rêvais d'une vie normale et pour l'avoir je devais d'abord retrouver Alaric. Je devais retrouver mon père et le tuer.

Soudain, l'écran de ma moto s'alluma, ce qui me fit sursauter. Je m'attendais à voir un tracker, mais Konor avait même pensé à introduire un gps avec la localisation d'où nous devions aller.

— Bien plus intelligent que ce que je pensais.., murmurai-je.

J'eus l'envie d'hurler à pleins poumons et c'est ce que j'ai fait. À travers mon casque, personne ne saurait m'entendre et bordel, qu'est-ce que ça faisait du bien.

Je me penchai, faisant accélérer la moto et, comme à travers un diaporama, ma vie entière se mit à défiler devant moi.

J'avais perdu ma mère, mon frère. Mon vrai père n'avait jamais réellement existé et ma seconde famille avait péri une nouvelle fois à cause de lui. Mon père adoptif avait succombé aux blessures que lui avait infligées James tandis que ma mère, elle était morte dans l'incendie qu'avait causé mon propre père. La mort me suivait de près depuis ma plus tendre enfance pourtant, je n'avais qu'une envie actuellement. Celle de vivre enfin et pleinement.

LA VERITÉ MENT TOME1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant