Chapitre 6 - Toi, mon rayon de soleil

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— 3 Février 2020 —

Matthew

Le café coulait généreusement dans ma tasse, aux bords irréguliers et aux multiples couleurs pastelles. Des initiales y étaient subtilement gravées juste dessous.

A.K & M.S

Je les effleuraient de l'index sachant instinctivement où elles se trouvaient. Pour moi, le café était bien meilleur dans cette tasse que n'importe quelle autre. Bien qu'amer, elle avait cette touche de sucrée inexplicable et qui ne se justifiait pas par un morceau de sucre. Je trempais seulement mes lèvres dans le liquide, tout en me demandant quand allait-elle se réveiller. Il était à peine huit heure du matin et le soleil était tout juste en train de se montrer. Je voyais à travers la baie vitrée, un rideau de neige se transformer en couverture immaculée. Il y en avait à perte de vu, dans ce coin de campagne aux allures de rêves. Le bois crépitait dans le poêle et créaient une ambiance chaleureuse.

Je bois une dernière gorgée de mon café et pars préparer le chocolat chaud qu'elle préférait en ces temps hivernaux. À l'instant où je saupoudrais le cacao sur le lait qui diffusait de la vapeur, j'entendis une porte grincer. Je relève la tête et la vois sortir de la chambre. Vêtue d'une longue chemise de nuit blanche et d'un cardigan bleu marine, elle avait rabattu ses cheveux blonds sur le côté, coiffés d'une tresses. Attendri lorsqu'elle se frottait mollement les yeux, je me mis en quête de la rejoindre et de l'enlacer tendrement. Mes bras entourait son buste et je sentis ses mains chercher un chemin dans mon dos. Je l'entendis expirer de satisfaction et se blottir davantage contre moi. Mes doigts se perdaient dans ses mèches de cheveux parfois ondulées, parfois bouclées.

Je m'écarte doucement d'elle et souri en voyant son visage bouffis.

Bien dormi ? je lui demande en signant.

Elle hoche simplement la tête, les yeux à peine ouverts. Je savais qu'elle n'était pas du matin et pourtant, elle essayait toujours de se lever tôt pour me voir partir au travail. Je ne sais plus le nombre de fois où je lui ai dis qu'elle pouvait se reposer et que nous nous retrouverons le soir. Mais, elle s'est toujours évertuée à sortir de sa zone de confort.

Je pensais que tu étais déjà parti.

Non, je suis là.

Je m'empare de sa main et la guide jusqu'au comptoir, là où son chocolat l'attendait encore. Elle s'éveille un peu plus en le voyant fumant au siège qui lui était dédié.

Tu l'as encore préparé ?

Oui, je voulais que tu évites de répandre du cacao partout, je réponds avec moquerie.

Je pense que je pouvais m'en sortir mais merci.

Je l'observe piétiner jusqu'au comptoir et s'installer en saisissant avec bonheur la tasse. Elle s'y accroche comme pour s'y réchauffer et boit une première gorgée. Elle se tourne vers moi et lève un pouce en l'air. Je ri jusqu'à ce qu'on mon téléphone sonne. Je la regarde et sais qu'elle ne peut pas l'entendre. Discrètement, je pars répondre dans la chambre.

— Oui ? je chuchote en allant me caler à la fenêtre.

— Matthew, tu es dans le coin ? On aurait besoin de toi.

— Adam, bon sang. Tu sais bien que j'ai arrêté tout ça. J'ai enfin un train de vie tranquille, un job décent. Tu ne peux pas me demander de revenir.

— Je sais, je sais. Mais, personne n'est aussi bon que toi. On est en train de perdre le contrôle. Ils prennent le dessus sur nous.

— Ce n'est plus mes affaires. Comprends le. J'ai des gens à protéger.

— Qui tu entends par gens ? Ta mère ? Amaryllis ? J'ai aussi une famille à protéger Matthew. J'ai un fils de huit mois, nom de Dieu.

— Fais chier !

Je souffle lourdement, passant nerveusement une main dans mes cheveux, tournant en rond dans la pièce tel un fauve. Moi qui pensais être loin de ce cauchemar. Finalement, j'étais encore en plein dedans. Mon portable était toujours porté à l'oreille mais je ne parviens à rien dire. Les mots étaient trop lourds de sens, trop douloureux, juste trop. Je ne voulais pas replonger dedans et revivre ce qui me tuait. Mon cœur refusait d'accepter, cependant, je savais que je ne pourrai pas fuir plus longtemps. Je ne veux pas mettre Amaryllis en danger pourtant je risquerai gros en continuant à me cacher ainsi. On se servirait d'elle comme de ma faiblesse. Je ne veux pas qu'elle sache et encore moins qu'elle soit mêlée à tout ça. Il n'y a qu'en lui mentant que je peux la protéger.

— D'accord, je fini par répondre en me laissant tomber sur le lit.

— Merci Matthew. Je te revaudrai ça.

— Non, la seule et unique chose que je veux, c'est la sécurité de mes proches.

— Je te le garantis.

Il y a de nouveau un moment de silence, je le comble aussitôt.

— Adam, tu sais dans quoi on met les pieds. On risque gros.

— Si j'avais eu le choix, j'aurais fait autrement. Et tu le sais. Une fois qu'on est dedans, ça presque miraculeux d'en sortir. On ne nous rendra jamais notre liberté. Accepte le.

Mon ami raccroche et je fixe le vide, un gros poids sur les épaules de retour. Comment faire ? Comment faire pour l'éloigner de tout ça ? Si elle venait à l'apprendre, elle partirait. Et je ne souhaite pas l'avoir loin de moi. Je l'ai toujours gardé dans l'ignorance, de tout ça, de la vie passée. Mais si je viens à remettre le pieds dans le plat, je risque nos vies. Et son amour.

Sans m'y attendre, j'entends la porte s'ouvrir. Amaryllis vient me rejoindre, les lèvres joliment arquées.

Tout va bien ? Tu as l'air tendu ?

Mon cœur se serre et j'ai subitement l'impression de ne plus pouvoir respirer. J'enroule mon bras autour du sien et entrecroise nos doigts.

— Je vais bien, mon amour.

Qui t'a appelé ?

Je suis surpris par sa question mais remarque qu'elle avait les yeux baissés vers le téléphone dans mon autre main. Je le rangement rapidement dans ma poche et essaye de rester le plus naturel possible.

— Le travail. Je dois faire des heures supplémentaires.

Tu vas rentrer tard ?

Oui, ne m'attends pas ce soir. Ne te couche pas tard, je lui dis en lâchant sa main pour signer.

Elle perd rapidement son sourire et mon angoisse ne fait que s'accentuer.

Tu seras là ce week-end ?

À l'époque où je travaillais encore avec mes hommes, il m'arrivait de disparaître des jours entiers avant de revenir comme si rien n'était. Je n'avais rien trouvé d'autre que de dire qu'il s'agissait de mon travail. Et dans un sens, ce n'était pas vraiment un mensonge. Ma relation avec Amaryllis était encore récente et elle ne savait pas encore tout de ma vie et moi de la sienne, alors elle ne se posait pas plus de questions sur mes départs différés. Néanmoins, elle finira par se douter de quelque chose.

Oui, je t'ai promis de t'emmener à la mer.

Elle retrouve un peu de son sourire et vient se blottir affectueusement. Elle m'emporte avec elle sur le lit tiré à quatre épingles. Allongés l'un à côté de l'autre, mes yeux parcourent son visage. Je voyais tout. Ses longs cils bruns, ses yeux verts à la pigmentation irrégulière, ses cheveux comparables à des filaments d'or, ses petits tâches de rousseurs qui parsemaient subtilement ses traits. Je lève une main, et dessine de l'index ses lèvres rosées. Je frissonne, elle également, je vois nos poils se hérisser.

Je la vois.

Elle.

Toi, mon rayon de soleil.

𝐋𝐘𝐈𝐍𝐆 𝐅𝐎𝐑 𝐘𝐎𝐔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant