"Never Forget - Draco Malfoy"

#6 || "Tu-Sais-Qui."

Voldemort.

Ce nom qui fait frémir.
Ce nom meurtrier.
Ce nom sans fin.

Ce n'est pourtant qu'un simple nom, une simple appellation mais lorsqu'elle est prononcée le silence s'abat ou les crient fusent. Un nom qui a le pouvoir de tout faire.

Quand je n'étais qu'une enfant, qu'une simple petite fille, je ne savais pas qui était cet homme. Personne ne m'avait parlé de lui, jusqu'à ce qu'il fasse apparition lors de cette nuit maudite, dans mon salon. Non, personne ne m'avait parlé de lui.

Du moins, je ne comprenais encore que le "Tu-Sais-Qui" que prononçait ma mère le soir à l'attention de mon père, ou encore le "Seigneur des Ténèbres" que chuchota un jour mon père à son bras droit lorsqu'il quittait le manoir, étaient des mots moins "risqués" pour indiquer Voldemort.

Je ne comprenais pas non plus lorsque ma mère, affolée, me tirait dans sa chambre la nuit et m'indiquait le silence.
Quand ses yeux étaient teintés de cernes et que ses doigts tenant mon poigné tremblaient, qu'elle me chuchotait "Ne fais aucun bruit, Amber. C'est comme un jeu, d'accord ?" Je savais au fond de moi que c'était plus qu'un jeu. Car dans un jeu, on rit et s'amuse, mais ma mère n'était pour le moment que le reflet de la peur et de l'appréhension. Je ne savais rien.

Non, je ne comprenais pas à quel point cet homme était lié à ma famille. Que lorsque mon père sortait bien trop tard la nuit, le bar n'était pas le seul endroit qu'il fréquentait. Que lorsque ma mère baissait rapidement sa manche quand j'étais là, ce n'était pas une brûlure qu'elle voulait cacher à mes yeux. J'aurais dû comprendre que les sorciers peuvent guérir de toutes blessures, même à cet âge là.

Mais non, je ne comprenais définitivement pas.

J'ai toujours tout fait pour garder mes secrets enfouis au plus profond de mon être, là où même moi n'arrive plus à les distinguer. J'ai toujours tout fait pour que personne ne puisse se servir de moi, pour que personne n'ai quoique ce soit contre moi.

Pour que personne ne sache.

Vous pouvez dire que je suis paranoïaque. Que je me fais des idées, mais vous n'en savez rien. Strictement rien. Être liée à ce sorcier d'une manière où d'une autre, de près ou de loin, est une véritable malédiction. L'impression qu'il te hante, te colle à la peau, inonde les moindres recoins de ta tête. Le haïr incommensurablement et l'appréhender à la fois. Se demander pourquoi ne pas être morte ce soir là, aussi.
La peur d'être retrouvée d'un instant à l'autre. Que tout bascule une nouvelle fois.

Alors quand cet élève que je connais à peine, ce blondinet arrogant et hautain prononce à mon oreille ces mots, je crois un instant rêver. Je crois un instant avoir mal compris.

Pourtant, j'ai très bien entendu. Et ça ne fait qu'accentuer la boule d'angoisse qui se formait au creux de mon estomac.

Lorsqu'il recule, je rencontre une nouvelle fois ses pupilles emplies de malice. Ses yeux que je me surprend à vouloir arracher, là maintenant. Il prend tant de plaisir à m'infliger ça et je ne saurais jamais pourquoi tant d'acharnement de sa part.

Mes pensées s'embrouillent.
Tout ce qui fuse dans ma tête est :

Comment est ce qu'il sait ?
Comment est ce qu'il sait ? Comment est ce qu'il sait ?

La réponse à cette question est peut-être évidente, mais je n'ose même pas l'imaginer. Car s'il s'avère que j'ai raison, la haine déjà bien trop grande que je voue à cette personne ne fera que s'accentuer.

Lucius.

Aurait-il eu l'audace de raconter cette funeste histoire à son fils ?
J'ai le sentiment nauséabond que cet homme avide en est tout à fait capable.