Histoire de ma vie

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- Hanako... Qu'est ce que c'est que ces brûlures ?

- C'est rien...

- Hanako ! Dis-moi la vérité !

- Et pourquoi ? ripostai-je d'un ton vif.

Il soupira longuement.

- Parce que tu as dit que mon meilleur ami était un problème, et juste après, tu te mets à frotter des brûlures anciennes. Donc, je dois le savoir.

Je soupirai à mon tour :

- Pas ici.

- Pourquoi ?

- Parce qu'il pourrait nous écouter.

- T'es vraiment paranoïaque, ricana-t-il.

- J'ai des raisons, répliquai-je. Allons plutôt chez moi.

******************

Dès que j'ouvris la porte, je fus accueillie par une odeur de chocolat,de crêpe et par la voix chaleureuse de ma grand-mère :

- Tu rentres tard, Hanako. Tu as de la chance que ta mère ne soit pas là.

- Elle s'inquiète toujours pour rien, grommelai-je en déposant mon sac dans l'entrée, Aaron sur les talons.

Ma grand-mère surgit devant moi, une cuillère en bois maculée de pâte à la main :

- Tu es asthmatique, Hanako et...

Elle s'interrompit soudain, les sourcils froncés.

- Ma chérie... Qui est ce garçon ?

- Ah oui, mamie, je te présente Aaron c'est euh... un ami ? Bref, une connaissance. Il est venu... pour m'aider sur mes devoirs d'histoire !

- Mais bien sûr ! ironisa Mamie.

- Mais c'est vrai ! protestai-je.

- Hanako, tu ne fréquentes personne depuis trois ans. Et tu es très forte en histoire. Je sais ce que tu vas lui dire. Tes dessins sont dans la commode... ajouta-t-elle avec un soupir triste.

Je secouai la tête et montai rapidement les escaliers, Aaron sur mes talons. Je pris une liasse de feuilles dans la commode et refermais le tiroir un plus vivement que nécessaire. Nous entrâmes dans ma chambre et je le vis hausser un sourcil face à la décoration de la chambre.

- C'est très... spartiate, commenta-t-il.

Ah... ouais. C'est vrai qu'à part mon lit, mon bureau et mon armoire, il n'y a rien d'autre.

- Je ne t'ai pas amené pour juger la déco, rappelai-je.

- Ah oui, tu dois me raconter le problème Cléan.

- Ça va être une longue histoire, le prévint-je.

- Je sais.

Je m'assis par terre et m'appuyai sur le lit tandis qu'il m'imitait.

- Bon, commençai-je. On va commencer avec l'histoire d'une petite fille tout à fait normale. Cette petite fille, elle est toujours joyeuse et pleine de vie, elle a de bonnes notes en cours et elle adore la vie. Elle est en CE2. Puis, à la fin de l'année, elle doit dire au revoir à tous ses amis. Elle déménage. Le début de l'année se passe plutôt bien, malgré le fait qu'elle ne réussisse pas à se faire d'amis. Mais après les vacances de février, elle devient la cible d'un petit groupe. Coups, insultes, brimades... Elle n'ose pas en parler à ses parents. Elle craignait particulièrement le leader, John Claes. Il pouvait changer sa voix, elle reconnaîtrait toujours sa manie de l'appeler "petite fille". Elle n'ose plus aller à l'école. Les semaines passent, puis les mois. Elle n'est toujours pas retournée à l'école. Mais un jour, une fille de sa classe vient lui parler chez elle : "Je m'appelle Juliette !" disait-elle. "Pourquoi tu ne viens pas à l'école ?" La petite fille ne veut pas répondre, alors Juliette dit : "C'est à cause de ceux qui m'embêtent ? Je peux régler le problème si tu veux !" La petite fille nie vivement alors Juliette part. Mais elle revient le jour d'après. Et aussi le jour suivant. Ce manège dure pendant deux semaines jusqu'à ce que la petite fille accepte enfin d'aller à l'école. Dès qu'elle fait un geste ça ne loupe pas, les moqueries et les insultes fusent. Puis au moment où John allait la frapper une fois de plus dans la cour, Juliette s'est interposée : "Si tu frappes mon amie, je te ferais du mal." Il plisse les yeux, guère impressionné par cette menace. Il dit à Juliette de reculer mais elle n'obtempère pas. Il balance son poing, qu'elle bloque avec sa petite main. Puis, d'une simple poussée, l'envoie choir au fond de la cour. "Si tu frappes mon amie, je te tue." déclare-t-elle simplement. À partir de ce jour, elles devinrent inséparables. La petite fille s'entendait également très bien avec le jumeau de Juliette, Cléan.

- Cléan ? s'exclama Aaron.

- Tais-toi, le réprimandai-je. Je continue. Toute sa vie, la petite fille ne s'était jamais sentie vraiment à l'aise avec ses pairs. Avec Cléan et Juliette, elle avait l'impression d'être enfin entière. Et un jour elle sut enfin pourquoi. Sous ses yeux, Juliette fit apparaître une flamme dans sa main. Avant de l'éteindre sous les hurlements de la petite fille. Elle lui expliqua qu'elle avait toujours été comme ça, et que Cléan pouvait également le faire. C'est là qu'elle révéla à la petite fille qu'elle en était aussi capable. Alors la petite fille apprit à manipuler ce que Juliette appelait la "pyrokinésie". Les années passèrent, entrecoupées par les expériences magiques des trois amis. Jusqu'à leur été de troisième, avant la seconde. Cléan disait avoir inventé une poudre pouvant protéger des flammes. Juliette proposa de tester cette poudre. N'y voyant aucune objection, Cléan lui a versé la poudre dessus, avant de projeter une toute petite flamme sur l'avant-bras de Juliette. L'idée était que si la poudre ne marchait pas, il arrêterait tout de suite la flamme et sa sœur s'en sortirait au pire avec une brûlure sur le bras. Mais ça ne s'est pas du tout passé comme ça. Au lieu d'être absorbée par la poudre, la flamme s'est propagée à tout le corps de Juliette. La jeune fille se précipita pour éteindre les flammes, mais le garçon l'attrapa par les poignets pour l'en empêcher. Il ne s'était pas rendu compte qu'il avait oublié d'éteindre son pouvoir. Mais, trop effrayée par les flammes qui formaient un cocon autour de son amie, la jeune fille ne s'en rendit pas compte. Juliette la rassura, lui disant que la poudre marchait et que ça lui faisait comme une couverture chaude. Au moment où la jeune fille commençait à se détendre, les flammes s'élevèrent en tourbillon jusqu'au plafond, enrobant toujours Juliette. Cette dernière ouvrit subitement les yeux, tomba à genoux et se mit à hurler. S'arrachant à la poigne de Cléan, la jeune fille se précipita vers les flammes, essayant de les invoquer, de les stopper. "Cléan, arrête les flammes !" hurla-t-elle. Mais il ne réussit pas. Quand le feu commença à se propager dans la chambre, il tira la jeune fille hors de la pièce, hurlant pour évacuer la maison. Quelques minutes plus tard, ils étaient tous en train de contempler la maison dévorée par les flammes. Et Juliette était toujours dedans.

Quand j'eus terminé mon récit, les larmes coulaient sur mon visage.

- La petite fille... C'est toi ? murmura Aaron.

Je hochai la tête, pleurant toujours à chaudes larmes. Me rappeler tous ses souvenirs ne m'avait pas fait du bien, au contraire. Je sentis une trace de chaleur sur ma main et baissai les yeux pour voir que Aaron me tenait la main. Je laissai échapper un nouveau sanglot.

- Va prendre la petite malle violette... Dans mon armoire... murmurai-je.

Il se leva et sortit une petite boîte violette.

- Regarde ce qu'il y a dedans.

Il s'exécuta et sortit les tableaux, les photos et les petits objets fabriqués main.

- Pour notre Lila ? releva-t-il.

Il tenait à la main un tableau me représentant entre Juliette et Cléan.

- C'est un surnom... éludai-je.

- Mais Lila ça ne ressemble pas à Hanako ! protesta-t-il.

Je soupirai profondément et décidai de dire toute la vérité.

- Eh bah... Je ne m'appelle pas Hanako.

Voilà le chapitre 2 de ce livre ! Je publierai un autre chapitre des Nouraïs la semaine prochaine ! 

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Ruby

Feu, cendres et fuméeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant