Feu, cendres et fumée

Le GAS

      Il sourit, une lueur enjouée dans son regard, et appuya un peu plus ses mains sur ses épaules, m'arrachant une grimace de douleur. Il ouvrit la bouche, découvrant ses canines. Je sentis mes poings se crisper tandis qu'il s'approchait de mon cou, mais je ne fis rien pour l'arrêter, me répétant le marché comme un mantra.

Si tu ne résistes pas, tu es libre.

Si tu ne résistes pas, tu es libre.

Si tu ne résistes pas, tu es libre.

Je sentis les deux pointes froides se poser sur mon cou, et ma respiration s'accélérer. Puis elles s'écartèrent. Pour mieux revenir transpercer ma peau.

*************

      Je serrai les dents, déterminée à ne pas crier. Je ne crierai pas... Même si j'ai très mal... Après de douloureuses minutes, qui me parurent une éternité, il s'écarta enfin, le menton dégoulinant de sang. De MON sang. Je m'accrochai au mur, essayant de na pas tomber malgré ma vision défaillante. Je portai la main à mon cou, essayant d'appuyer pour compresser la blessure. Quelque chose me décolla du mur pour me poser par terre. J'essayai de me relever, refusant d'être vulnérable devant le vampire. Un soupir exaspéré retentit, et des mains retinrent mes épaules sur le sol.

- Arrête de t'agiter, tu continues à perdre du sang ! m'ordonna la voix de Lior.

- La faute à qui ? ripostai-je d'une voix rendue pâteuse par l'hémorragie.

- Incroyable, tu es en état de faiblesse absolue mais tu continues à riposter, grommela-t-il.

- Je ne suis pas faible, murmurai-je.

Tu es faible ! Juste une petite fille !

Non... Je ne suis pas faible... Puis tout devint noir devant mes yeux.

Flash.

- Allons, grand frère ! Tu es sûr ?

Juliette et Cléan, âgés de quatorze ans tous les deux, discutent :

- Oui, répond ce dernier.

- Mais c'est impossible ! s'exclame la jeune fille. Peu de personnes atteignent ce stade ! Alors certainement pas moi !

- Juliette, tu sais ce qui arrive à ceux qui refusent leur condition ! la prévint le jeune homme. Considère ça comme un honneur !

- Non ! Je refuse !

- Tu n'en as pas le droit ! C'est un immense privilège !

- Un immense privilège de servir ces monstres ? Plutôt mourir ! Jamais je n'entrerai au Gouvernement des Affaires Surnaturelles !

Flash.

- Mlle Ferrat... Votre cas n'est pas banal...

      En face de moi, un envoyé du GAS. Je ne vois pas son visage, dissimulé sous un long capuchon noir. Nous sommes sur le pas de la porte. Sa voix m'évoque le vent.

- On m'a dit... Que vous refusiez de servir le Gouvernement... Est-ce vrai ?

      Je sers les poings. Ma réponse va déterminer mon avenir. Je peux choisir la carte du mensonge et lui offrir mon plus beau sourire, ou bien je peux dire la vérité. Dans mon intérêt, il serait préférable que je mente... Aussitôt, le visage de Lila s'affiche dans mon esprit. C'est elle qui m'a fait redécouvrir l'honnêteté, moi la menteuse qui a toujours blessé les gens. Je ne peux pas la décevoir. Pas maintenant. Pas après tous mes efforts.