Chapitre 4 (4) - Sira

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Madéa, Atem et Rahman me suivirent du regard alors que je m'asseyais sur une chaise. Puis, prenant conscience que je ne voulais pas prendre la parole, ils poursuivirent leur conversation. Je les observai, tentant de calmer ma colère. Mes mains tremblaient et j'étais blessée de me rendre compte qu'au final j'étais la seule à ne pas être au courant de son identité. Pour une raison que j'ignore pour l'instant.

Tous les trois, debout autour d'une table, ils observaient une carte avec attention.

—Si nous voulons rester discrets, il nous faudra quitter l'île sans se faire remarquer. Le bateau est notre meilleure option, énonça Rahman avec sévérité.

Madéa ne dit rien et se contenta de pincer les lèvres. Elle avait toujours détesté le bateau, en proie à un terrible mal de mer. Je la comprenais, moi-même étant mal à l'aise sur l'eau. Ce qui m'étonnait était son absence de commentaire.

—Où veux-tu que l'on se procure un bateau ? Et pour aller où ?, gronda mon oncle.

L'homme réfléchit un instant, puis lança, désinvolte :

—On en volera un !

Je me carrai dans ma chaise. Voler une bateau ? Donc pour fuir des criminels, il fallait en devenir aussi ? Je n'en revenais pas. Mais ce qui me surprit le plus fut la réponse de ma tante.

—J'ai une idée de comment procéder, dit-elle ;

Atem lui lança le même regard que moi.

—Ne me dis pas que tu es d'accord avec ce plan, Mad !, s'étonna-t-il avec choc.

—Écoute, si on veut partir d'ici le plus rapidement possible, ce n'est certainement pas par avion. Un avion est plus repérable, sans compter qu'il est difficile à voler. Or qu'un bateau..., argumenta-t-elle.

—Tu te rends compte de ce que tu dis ?! Un parle d'un vol ! Un VOL !, la coupa-t-il en haussant le ton, indigné.

—Et on parle d'assassins à nos trousses ! Tu préfères partir par tous les moyens ou bien attendre sagement qu'on vienne te tuer dans ton lit ?!, vociféra Madéa, désabusée.

Un long silence s'ensuivit, puis, il marmonna un accord vague dans sa barbe, de mauvaise grâce. Un vol pour une vie, c'était pas cher payé après tout. Mes épaules s'affaissèrent, relâchant une pression dont je n'avais pas conscience. Ma main se mit à jouer avec un des poignards à ma taille. Je ne parvenais pas à décolérer. Les paroles d'Assane m'avaient bien plus blessée que je ne le pensais. Fermant les paupières, je laissai prendre ma tête contre le dossier. Un éclair de lucidité me traversa.

—Attendez. L'OMS ne pourrait pas nous aider ? Dis-je en me relevant.

Rahman secoua la tête et souffla.

—L'objectif est de passer inaperçus. Si nous y allons, ce serait à la fois mettre mes collègues en danger, mais, aussi être une cible visible.

—Mais, ils sont là pour nous protéger, persistai-je.

—JE suis là pour vous protéger ! C'est moi que votre père à envoyé il est hors de question que d'autres s'en mêlent.

Je me relevai furibonde.

—Ce n'est pas de votre fierté dont il est question ! Le C.R.A.G. m'a retrouvée et veux se débarrasser de moi ! M'emportai-je en plaquant mes paumes sur la table.

Ses yeux lançaient des éclairs. Les miens déchaînaient la foudre. Ma survie n'allait pas se jouer sur l'égo d'un soldat sorti de nulle part.

—Avec tout le respect que je vous dois, princesse. Vous faîtes erreur. Ce n'est pas le Centre l'auteur de cette attaque.

—Mais bien-sûr...

Il tiqua et crispa sa mâchoire. Je sentais son humeur piquer chaque pore de ma peau.

—Je sais reconnaître un scientifique quand j'en vois un et eux n'en faisaient pas partie. Ils étaient entraînés tels des soldats. Que je sache, le C.R.A.G. n'est pas un centre de combattants.

—Ils ont des soldats dans leurs rang, relevai-je.

Atem me saisit par les épaules et me força à me rasseoir. Je voulus le repousser, mais, il exerça plus de force.

—Pour une fois, ne te mêle pas de cette conversation Sira.

—Mais écoute-le, Atem ! On sait pertinemment de qui il s'agit ! Ça ne peut être qu'eux ! Insistai-je, excédée.

—Sira ! Tonna Madéa.

Je fermai ma bouche et baissai les yeux. Pour une obscure raison, ils voulaient l'écouter. Soit ! Je ne l'ouvrirais plus ! Restait plus qu'à espérer qu'ils aient raison.

—Rahman est un bounka. Il est le plus capable d'entre-nous, décréta mon oncle en me relâchant.

Un soldat d'élite de l'armée malienne. Les bounkas étaient réputés pour leur talents hors du commun et la plupart étaient des mutants. Mon père avait monté ce groupe d'exception pour des missions d'espionnage et d'urgence. Si Rahman en était un, alors il devait avoir beaucoup d'expérience. Il avait raison.

Et moi, tort.

Laamateeri T1 - L'exiléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant